Si Loin, si Proches, Françoise Bourdin : MGBooks

Si loin si proche, Françoise Bourdin, broché, 330 pages

Ed. : Belfond (6 juin 2019)

Voici donc la "suite" de Grand Paradiso. Suite oui et non car le roman peut se lire sans problème sans avoir lu le premier : un petit récapitulatif au début permet de comprendre ce qui s'est passé précédemment. 

On retrouve Lorenzo à la tête du parc qu'il a crée de toutes pièces (les lieux à la base étant des terres en friches dont il a hérité) dont la renommée ne fait que croître que ce soit au niveau national, européen voire mondial. Il s'investit corps et âme dans son entreprise pour laquelle il doit maintenir l'équilibre comptable très fragile.

Lorenzo vise l’excellence et souhaite le bien être maximal pour ses animaux.  Pour ce faire, il travaille d'arrache-pied, ce qui lui laisse peu de temps pour sa vie personnelle. Considéré comme un bourreau de travail par ses employés il est cependant très respecté car il ne fait aucune concession en ce qui concerne ce qu’il juge purement marketing et qui serait dégradant pour les animaux ou le parc (il fait travailler les producteurs locaux, ne veut aucune "attraction" qui risquerait avilir certaines espèces présentes).

Lorenzo a vécu une histoire d'amour très forte avec Julia quand tous deux étaient jeunes étudiants mais leur histoire n'a pas tenu. Il est depuis lors seul, se noyant dans le travail. Quand Julia resurgit dans sa vie en répondant à une annonce d'emploi en tant que vétérinaire, il ne trouve pas l'occasion de lui avouer ses sentiments et rate le coche. Elle pense de son côté avoir trouvé l'amour avec un employé du site mais cela ne fonctionne pas. 

Chacun de son côté a gardé ses sentiments passés enfouis mais aucun n'arrive à l'exprimer à l'autre. Il passe leur temps à se rater, de situations confuses en malentendus. 

Après toutes ces années "perdues", parviendront-ils à se retrouver enfin ?

Un ancien camarade de classe offre la chance à Lorenzo de venir lui rendre visite au Kenya dans la fabuleuse Réserve de Samburu afin de voir comment il y travaille pour tenter de sauver les animaux sauvages de l'extinction mais aussi pour voir évoluer les espèces menacées dans leur cadre de vie naturel. Les descriptions sont magnifiques, nous nous retrouvons avec Lorenzo et son ami sur le site, au coté des rangers, face aux braconniers dans leur combat quotidien. 

L'enthousiasme de Françoise Bourdin est communicatif et nous nous laissons porter par sa plume au gré de la vie des lieux et de tous ceux qui y travaillent. Les descriptions faites du Kenya, des animaux qui s’y trouvent et de la vie des gens qui s'organisent sur place pour lutter pour la sauvegarde des espèces sont fantastiques. Nous sommes conquis et sous le charme.

Ce roman est frais, un roman pour se détendre et passer un agréable moment de lecture. Il nous plonge au coeur de la vie d’un grand parc animalier, de la vie des animaux qui s’y trouvent, des vétérinaires, soigneurs, etc.. et de tous ceux qui, petites fourmis, permettent aux visiteur de les découvrir et de s'émerveiller en leur présence. On y découvre également la vie de famille de Lorenzo pas toujours simple, face à un beau père peu compréhensif et totalement hermétique à sa passion pour les animaux.

Mais ne vous y trompez pas, sous cette apparence ludique, ce roman est également un cri d’alarme pour dénoncer la cruauté envers les animaux. Sans mièvrerie ni prise de partie, l'auteure évoque avec regrets les zoos plus commerciaux, qui perdent un peu de leur âme en la vendant au "Dieu profit". C'est aussi un hymne à l’amour, la liberté de ces majestueux animaux sauvages dont le nombre diminue chaque jour.. Une prise de conscience sur l’Homme qui menace ces espèces, aux braconniers qui abattent les animaux de façon ignobles pour leur seul profit.. C'est enfin un vibrant hommage au travail formidable de ceux qui oeuvrent sans relâche dans les refuges, les sanctuaires, afin de préserver les espèces menacées et de garantir une vie digne à ceux qui sont arrivés au bout de leur existence et à des parcs tels que celui de Lorenzo, soucieux du bien-être de ses "résidents", permettant au public de découvrir les espèces qui y vivent tout en prenant conscience de leur fragilité.