Vivants, Mehdi Charef : YvonS

Vivants, Mehdi Charef

Éditions Pocket, 164 pages
6€90

Tout d'abord, merci à Pocket pour ce service de presse qui m'a touché et que je ne regrette pas d'avoir choisi. 

1962. Ahmed est arrivé d'Algérie avec sa famille. Il quitte le bidonville des Pâquerettes à Nanterre pour le "paradis" : les baraquements préfabriqués de la Cité de transit. Il y a l'eau courante, un poêle, des toilettes individuelles et des chambres, rendez-vous compte !

Mehdi Charef, romancier, cinéaste, revient à la littérature pour nous raconter la vie d'Ahmed, un petit bonhomme qui comme lui âgé d'une dizaine d'années découvre la France, l'école, la lecture, les "illustrés"... Le livre est très court, les chapitres brefs, très brefs parfois, comme des flashs, des saynètes de la vie quotidienne pas toujours facile. Le froid, la boue, le mépris des institutions mais aussi la solidarité, les traditions d'accueil, la bienveillance d'une institutrice, celle d'une bonne soeur soignante (rigolote avec sa burka bleue, je cite 😁). On découvre attendri la vie de ce gamin heureux malgré tout, la culture arabe que les mamans tentent de faire vivre, ces pères illettrés qui sont fiers de se tuer au travail pour faire de leurs enfants des écoliers malgré la pauvreté. 

J'ai connu, vu, un de ces bidonvilles qu'on apercevait depuis le HLM dans les années 60. J'ai fréquenté ce quartier des Pâquerettes à Nanterre, celui aussi des Provinces Françaises quand j'enseignais dans les années 80 pas très loin de là. Alors tout ce roman me parle...

Ni haine ni revanche à prendre, parfois de la colère ou du fatalisme. Juste le portrait d'un enfant intelligent qui se rêve riche et intégré plus tard. On devine celui que deviendra Mehdi Charef. Mais il y a aussi ceux qui échouent sur le chemin de la réussite, ceux qui ont trahi et qu'on chasse (les harkis), ceux qui sont venus seuls travailler pour envoyer de l'argent là-bas... et puis ce père qui apprend à écrire son nom, cette mère pour qui aller au marché d'Argenteuil est une parenthèse heureuse. La découverte de la télé, de la machine à laver,  de la Sécurité Sociale par ceux qui travaillent, cotisent et ne savaient pas y avoir droit, et le rêve un jour de devenir Français. (Ministre ? Non, faut pas exagérer... ça les fait rire)

Mehdi Charef nous donne ici un roman tendre, quasi autobiographique,  sans misérabilisme sur une enfance des années 60 parfois dure mais toujours riche d'humanité.  😊



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