Les Déracinés, Catherine Bardon : YvonS

Les Déracinés,  Catherine Bardon

Éditions Pocket, 783 pages 

Édition collector : préface inédite et cahier de photos

10€50


Romanesque... un VRAI roman, dans le vrai sens du terme. Une saga historique et familiale authentique. Une sorte d'Autant en emporte le vent en République Dominicaine. Magnifique. On le termine les larmes aux yeux. 


Sur 40 ans, de 1921 à 1961, Catherine Bardon nous raconte la vie de Wil et Almah, un jeune couple de juifs autrichiens, une histoire d'amour comme on n'en fait plus dans la Vienne des années 30 entre cafés littéraires, expositions et politique. Et la tourmente se lève...


Le nazisme monte, ils se croient à l'abri, assimilés, respectés. Terrible erreur qui va coûter très cher à cette bourgeoisie qui se pensait plus autrichienne que juive. L'Anschluss (*), les persécutions qui s'aggravent, la violence de plus en plus grande, quotidienne, les arrestations arbitraires, les déportations... Il faut fuir. Le suicide ou l'exil ? La fuite précipitée... et puis la longue errance, les terribles angoisses et les refus d'asile presque universels. Le Monde n'a pas encore pris conscience de ce qui se prépare. Ils vivront l'arrachement à leur pays, la culpabilité de laisser leurs proches derrière eux. 


Et puis, Wil et Almah se réfugient en République Dominicaine sous la protection d'un autre dictateur, Trujillo, bien oublié celui-là. Paradoxe : fuir une dictature mortelle pour trouver un accueil bienveillant (mais pas sans arrière-pensée ) auprès d'un autre mégalomane. Et, à partir de rien, reconstruire dans la jungle tropicale une ville, des vies, des esprits, de nouvelles familles. Loin de la guerre. Mais pas si loin que ça quand même. 


Wil et Almah, deux personnages si forts et leur histoire d'amour parfois chaotique, les bonheurs et les douleurs de la vie. 40 années de labeur, de combats, de réussites et de regrets. De questions aussi. Et les révolutions de l'après-guerre, la création d'Israël, l'Amérique pas si accueillante que ça.  


Et le destin qui frappe. Encore.


Un premier roman mais une magnifique réussite. De quoi faire un grand film ou une série sur ce pan ignoré de l'Histoire: la colonie juive en République Dominicaine. Catherine Bardon a recueilli les souvenirs du dernier survivant de Sosuà et elle en a fait ce roman vrai. Tout est inventé mais tout a été vécu. Des héros tellement attachants que lorsqu'on les quitte on a la larme à l'oeil. 


Ne vous laissez pas effrayer par ces 783 pages, vous allez les dévorer, et vous ne les oublierez pas. Une saga pareille, ça devient un classique. Forcément. 


(*) Anschluss : annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie.










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