Sur l'autre rive, Emmanuel Grand : YvonS

 

Sur l'autre rive, Emmanuel Grand

Éditions Albin Michel, 522 pages

Broché, 21€90


Que ça fait du bien de retrouver un livre d'Emmanuel Grand ! J'avais lu ses 3 précédents romans et j'avais gardé dans un coin de ma mémoire le souvenir de la noirceur de "Les salauds devront payer" (mon préféré)...Retrouver ici le style fluide et impeccable, la construction originale de cet auteur est un vrai plaisir.


De quoi s'agit-il ? 


D'abord,  un court prologue. Un homme seul, douloureux, désespéré, et au loin la beauté du port de St Nazaire la nuit, le panorama étoilé au-dessous de lui. Oui,  ça peut être beau un port industriel la nuit. On sent que la mort rôde et que tout cela va mal finir. 


Puis, une 1e partie : Julia brillante avocate parisienne apprend le suicide de son jeune frère Franck depuis le pont de St Nazaire. Le flic chargé de l'enquête n'est pas un inconnu, Marc est un ancien amour de lycée. Julia se précipite sur les lieux malgré les relations houleuses avec ses parents qui ont provoqué son départ brutal il y a une quinzaine d'années. Les retrouvailles ne sont ni simples ni chaleureuses. Un père handicapé alcoolique, une mère soumise, tous deux ravagés de chagrin. Marc est marié et père de famille...


Ensuite, une seconde partie, presque un roman dans le roman, un an avant le drame, on vit avec Franck sa lente et confortable glissade vers le bas, la trajectoire implacable qui va mener ce jeune homme d'une possible carrière de footballeur pro à une mort atroce.


Par une suite de flash-backs très bien construits, Emmanuel Grand nous fait vivre les moments qui ont mené les personnages vers le drame. Soirées alcoolisées, petits et gros trafics, manipulations et rancoeurs familiales. Tout cela est assez classique mais diablement efficace. Et puis... et puis je connais très très bien toute cette région autour de St Nazaire, de son pont qui est un personnage essentiel de cette histoire,  de Pornic et des petites stations balnéaires de la côte vendéenne. On visualise parfaitement lieux et trajets, villas somptueuses et petits villages endormis, chantiers navals et marais. Alors la peinture est évocatrice  des lieux, des gens et des groupes sociaux, des petits et grands arrangements avec la loi... et tout cela forme un tableau cohérent. 


Qui est tué ? Qui a tué ?  Et pourquoi ? Ne comptez pas sur moi pour vous le révéler ici. Tout ce que je peux vous dire c'est que j'avais écrit ma liste des coupables potentiels. Evidemment, je me suis trompé, sinon ça ne serait pas un bon polar.


La dernière partie est très réussie. Une sorte de déflagration qui détruit presque tout et tout le monde. Avant un apaisement inespéré et bienvenu. Je ne veux pas être trop précis. Attendez-vous à des surprises. L'amour (quel qu'il soit) peut mener très loin... Les haines recuites aussi ! 


Vous allez passer un bon moment et lorsque vous refermerez ce livre, vous aurez envie de découvrir les autres opus d'Emmanuel Grand. Et vous aurez raison... 😉




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