Le bûcher des certitudes, Bernadette Pécassou : Marina
Le bûcher des certitudes, Bernadette Pécassou- Albin Michel (28 avril 2021)
- Broché : 256 pages, 19€90
Dès la lecture du 4e de couverture, j'avais senti que ce roman allait me plaire. L'époque dont je savais peu de choses et qui m'intriguait, l'ambiance, une histoire de femmes, la culture basque.. et j'avais vu juste ! J'ai été transportée par ce roman que je recommande chaudement !
De quoi s'agi-il ?
Nous sommes en plein coeur du Pays basque, en 1609. Cette contrée, encore imprégnée de rites et mythes jugés païens est vue d'un mauvais oeil par les populations avoisinantes très catholiques qui ne réalisent pas vraiment de quoi il s'agit et assimilent les traditions ancestrales à de la sorcellerie. Dans ce contexte politique très sensible de guerre de territoires entre la France et l'Espagne, un homme va se voir confier la lourde tâche par Henri IV d'éradiquer (oui, le mot est fort) purement et simplement la sorcellerie de cette région. Cet homme c'est Pierre de Lancre au passé un peu trouble qui fera de cette mission la quête de sa vie et qui, dévoré par la foi, le goût du pouvoir et son investiture qu'il juge d'ordre divin va faire de la vie des habitants un véritable enfer. Sa méthode : purifier les âmes afin de les délivrer du malin ... en les menant au bûcher !
Cet homme cruel a bel et bien existé et Bernadette Pécassou nous en dresse un portrait sans concession, homme qui, au fil de sa quête semble perdre la raison en perpétrant des crimes de plus en plus atroces au nom de la raison et de la religion. Pierre de Lancre croit dur comme fer à ce que veut son roi, à savoir un peuple, un territoire et un seul Dieu. En lui confiant cette mission personne ne pouvait se douter que cet homme est un être fanatique, cruel, qui s'est abreuvé depuis des années d'ouvrages subversifs auxquels il confère vérité et certitudes absolues.
Comme les terres sont rudes et donnent peu, cela oblige les hommes à partir en mer pour tenter de ramener de quoi subvenir aux besoins de leur famille. Dès lors ne restent sur place que les femmes, enfants et anciens, des "proies" tellement faciles pour Pierre de Lancre aveuglé par sa soif de purification. Il pense donc que sa mission sera simple.. mais c'est sans compter les 4 femmes formidables que l'auteure place sur son chemin.
Les quatre femmes dont le destin n'a de cesse de se croiser et entrecroiser tout au long du roman nous sont d'emblée attachantes (sauf une LOL) : Amalia, la guérisseuse au coeur pur, Murgui, adolescente à la beauté foudroyante dont elle voudrait faire sa disciple, Graciane, la marguillière de l'église qui attend le retour de son marin, et Lina, prête à tout pour fuir la pauvreté et le mépris. Face à toutes ces exactions et ce déploiement de haine brute et froide, nos 4 héroïnes opposent ce qu'elles ont de plus cher, à savoir leur loyauté envers la communauté, les traditions ancestrales, l'entraide et la foi en l'avenir. Cela sera-t-il suffisant face à l'envoyé du Roi qui voit le diable en chaque chose et individu ?
L'intérêt du roman réside également dans tout le contexte politique dont les fils s'entrecroisent avec les aventures de nos héroïnes. Sur fond de conspiration et d'espionnage entre la France et l'Espagne, l'auteure nous montre ce qui se trame dans le plus grand secret et distille encore plus de mystère au roman, ce qui lui confère une densité et un intérêt accrus.
Nous tremblons à chaque page pour nos personnages et nous prenons à rêver du Bien triomphant du Mal (le mal n'étant pas où Pierre de Lancre semble le penser, paradoxalement LOL). La passion et la détermination qui animent ces gens du peuple drapés dans leur fraternité, ayant foi en leur communauté nous laissent sans voix. Nous compulsons les dernières pages à toute vitesse, en retenant notre souffle, pour parvenir à un final époustouflant et émouvant !
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