Les Promises, Jean-Christophe Grangé : YvonS

Les Promises, Jean-Christophe Grangé

Éditions Albin Michel, 653 pages
Broché, 23€90

Excellent ! Le premier Grangé où je ne suis pas déçu par la fin. J'en ai lu 3 ou 4 et j'avais toujours trouvé que la conclusion n'était pas à la hauteur du début. Ici, Jean-Christophe Grangé maîtrise son histoire jusqu'au bout. Pas de déception finale, même si un peu avant le dénouement qu'on attend avec impatience il y a quelques longueurs. 

Qui sont ces Promises ? Les belles dames de l'Adlon, un célébrissime hôtel du Berlin des années 30, où ces épouses des hauts dignitaires nazis forment une sorte de club très sélect. Aristocrates, grandes bourgeoises, elles sont magnifiques et raffinées, au comble de l'élégance et d'une apparente frivolité à toute épreuve. On est fin août 1939, l'Europe et l'Allemagne sont sur le point de basculer dans la guerre et une série de meurtres atroces vient ébranler ce petit milieu hyper protégé. Qui est cet Homme de Marbre qui hante leurs rêves avant de les massacrer ? Comment réussit-il à les attirer ? Et pourquoi une telle boucherie ? La guerre éclate et les meurtres continuent....
 
Jean-Christophe Grangé n'a pas choisi la facilité. Trois héros atypiques et qu'il réussit à rendre attachants. Il faut le faire. Franz Beewen, un SS "kolossal" brutal, assassin sans remords, terrifiant même en civil. Simon Kraus, psychiatre surdoué de ces dames, gigolo et maître-chanteur. Minna von Hassel, aristocratique psychiatre elle aussi, dépressive et alcoolique. Les 3 vont s'associer à contrecoeur pour résoudre l'énigme. 

Le travail de recherche sur le Berlin de 1939 est remarquable, on est fasciné et terrifié. L'atmosphère dictatoriale oppressante est parfaitement rendue. La cruauté, la perversité, la brutalité du régime et de ses séides. La possibilité d'être à chaque instant arrêté, torturé ou purement exécuté. La façade "aryenne" de santé par le sport, de toute puissance de la race supérieure cache bien son hypocrisie. 

L'enquête sera longue et dangereuse, cruelle même pour nos héros. La clé de l'énigme est à la hauteur des atrocités de ce régime mortifère. Je vous laisse la surprise de la conclusion et des dernières lignes. On navigue entre les studios de cinéma de Babelsberg et les endroits secrets de Berlin, les palaces art déco et les villas teutonnes, le champagne et les cellules de la Gestapo, l'épuration ethnique et les projets démentiels du gouvernement. Jean-Christophe Grangé fera sans doute découvrir à certains lecteurs des horreurs nazies méconnues. Il montre aussi les contradictions, même celles dans la tête de Beewen et de ses comparses. On est entre "Cabaret" et "Les Damnés", le sexe et la mort. Glaçant et parfaitement réussi. Un Grangé à ne pas rater !

Merci à Albin Michel pour ce service de presse qui m'a réconcilié avec cet auteur. Bravo !

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