La deuxième femme, Louise Mey : MGBooks

La deuxième femme, Louise MeyPocket (28 janvier 2021) ; 352 pages
Prix sang d’encre des lycéens en 2020

J'avais beaucoup entendu parler de cette auteure, sans avoir eu l'occasion de la découvrir. C'est chose faite grâce au GangPocket que je remercie.


L'auteure nous propose un thriller psychologique extrêmement prenant et, il faut le dire assez étouffant et anxiogène. Je suis contente d'avoir tenu et passé le cap des premières pages, car une fois cela fait, je n'ai plus lâché le roman ! 


La narration se fait à la première personne, nous sommes avec Sandrine, une jeune femme qui ne s'aime pas. Se trouvant laide, grosse, insignifiante, persuadée qu'elle ne suscitera jamais l'amour chez personne, vouée à la solitude... une solitude qui la tue à petit feu. Sa vie bascule le jour où, lors du journal télévisé, elle croise le regard de Monsieur Langlois, un homme effondré, anéanti par la disparition de sa femme, qui semble perdu au milieu de la foule venue l'aider dans la recherche de celle-ci et participer à une marche blanche. Elle, Sandrine, qui se trouve monstrueuse, insipide, à la timidité maladive décide de se rendre sur place, émue jusqu'à l'âme par cet homme et son jeune fils, Mathias, et par l'étendue de sa peine qu'elle a su percevoir. Les choses vont très vite et cet homme lui fait une place dans leur vie, dans leur maison, au côté de son fils. Sandrine se fait discrète, aimante en se glissant dans cette maison qui n'est pas la sienne et fait de son mieux pour faire rejaillir la joie et le bonheur dans cette famille où ils sont de nouveau à trois. Elle se fait sa place, aime son existence et tente de trouver un petit coin dans le coeur de Mathias, sans pour autant remplacer sa "vraie" maman.


Dans cette vie dont Sandrine se persuade qu'elle est idyllique, tout s'effondre pour elle lorsque la première femme, l'épouse que l'on croyait morte resurgit. Sandrine se demande alors ce qu'il va advenir d'elle. Dans cette histoire en quasi vase clos, nous accompagnons l'héroïne dans ses moindres pensées, doutes, tiraillements. Nous la découvrons extrêmement fragile, à fleur de peau et très dure envers elle-même, persuadée qu'elle ne vaut rien. Mais est-ce bien elle qui pense cela ? Elle croyait ne jamais être aimée, et voilà qu' après avoir souffert dès sa plus tendre enfance des moqueries, des railleries de ses camarades de classe mais également du désamour de ses parents, elle a enfin trouvé son havre de paix. 


Sandrine ne veut pas  lâcher tout cela.. mais pendant qu'elle essaie d'entrevoir quel sera son avenir après le retour de la première femme, le vernis de son existence parfaite se craquelle peu à peu. Le lecteur découvre avec effroi ce qu'est en réalité son quotidien, le comportement avilissant et horrible de son compagnon qu'elle endure. Nous percevons son mal-être et tout le paradoxe de sa situation. Entre les humiliations subies et l'envie d'aimer quelqu'un et d'être aimée en retour, Sandrine se sent déchirée. Elle est entrée sans le savoir dans une spirale infernale.


L'auteure distille son suspense et des rebondissements dans l'histoire dès lors que la première épouse réapparaît. Sur le fil du rasoir, au bord de l'implosion, nous craignons pour Sandrine et ce qu'il pourrait lui arriver. Cette femme sous l'emprise totale de son homme semble prête à accepter le pire pour ne serait-ce qu'un petit gramme d'amour en retour. Et il faudra un courage immense pour peut être accepter les mains qui se tendront vers elle et s'en sortir. Louise Mey nous entraîne d'une plume redoutable et implacable à maintes reprises au bord de l'abime avec Sandrine. Et tandis que nous suivons son récit, nous récupérons les indices semés par l'auteure pour nous faire comprendre ce qu'il est réellement advenu de la première femme. Le suspense est oppressant, glaçant jusqu'à la découverte finale.


Bravo à l'auteure d'avoir choisi cette thématique et de l'avoir traitée si bien et si dignement. Faits divers souvent sordides et malheureusement vite oubliés au profit d'info jugées plus intéressantes. Par son histoire, l'auteure met en lumière la situation de beaucoup (trop) de femmes (et d'hommes) dans leur quotidien, qui souvent connaissent une fin bien tragique. Dans cette escalade de violence psychologique, ce tourbillon infernal, cette spirale insidieuse, il semble bien difficile pour ces victimes de s'en sortir, l'aide extérieure se faisant trop rare.


Accrochez-vous car vous allez être plus que secoués ! On ne ressort pas indemne de ce récit, la seule différence pour nous lecteur est que, tout s'arrête une fois le livre refermé.




Commentaires

  1. Merci Marina pour ce magnifique cadeau, j'ai eu du mal à démarrer mais une fois dedans je n'ai pas pu m'arrêter ! un livre redoutable, angoissant, et malheureusement tellement d'actualité.

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