Vivement la guerre qu'on se tue, Vincent Courcelle-Labrousse : YvonS



Vivement la guerre qu'on se tue, Vincent Courcelle-Labrousse 

Éditions Slatkine et Cie, 286 pages

Broché, 18€


Qu'on ne s'arrête pas au titre provocateur mais plutôt à la couverture qui est très parlante. Deux gendarmes qui bâillonnent un nord-africain. Pourquoi n'ai-je pas dit arabe ? Il vous faudra lire le livre pour comprendre. 


Vincent Courcelle-Labrousse brosse ici le portrait grinçant de la France de 1977 en pleine campagne des élections législatives où la gauche est montante, où la question de l'abolition de la peine de mort oppose violemment la droite partisane de l'ordre et de la sécurité à une gauche forcément laxiste. Or on va juger un "arabe" pour un double-meurtre, Patrick Henry vient d'échapper à la guillotine....  Le dossier est mal fagoté, un avocat incompétent succède à une juge d'instruction pire que lui... et on "balance" sur l'affaire un petit procureur dont on attend la tête de l'accusé. Est-ce une bonne idée ? 


Un roman noir sur la justice française où les luttes de pouvoir, les intérêts particuliers ou politiques font que la tête d'un homme n'a pas beaucoup d'importance. La magistrature est encore en grande partie aux mains de ceux qui se sont compromis sous Pétain, où la guerre d'Algérie n'est pas si lointaine et où OAS et gendarmes règlent leurs comptes. Sans parler des barbouzes, de la torture et du SAC. Alors ce petit procureur qui veut faire éclater une vérité qui n'arrange pas grand monde va avoir affaire à une gendarmerie sans états d'âmes, à des confrères et des supérieurs douteux... et le passé de notre justicier va lui revenir en pleine face. Le roman bascule alors dans le polar politico-judiciaire, les comptes se règlent... et pas toujours devant les tribunaux. Les apparences seront sauves, ce qui permettra au pouvoir de plastronner...


Ce n'est pas du tout à vrai dire mon univers. La politique et la justice entremêlées ne me passionnent pas plus que ça. Je ne me suis pas ennuyé même si c'est parfois un peu difficile à suivre ces tractations, manoeuvres et jeux d'influence. Alors le petit carton inséré a été bien utile....  Et la manière dont tout cela se termine est plutôt satisfaisante. Alors je n'ai pas de regrets. Merci à Slatkine pour ce service de presse...


Le procureur n'est pas blanc-bleu, ses supérieurs non plus, la gendarmerie n'en sort pas grandie, la justice non plus. Le racisme, les préjugés, les luttes d'influence, les servilités, le prestige après lequel on court, cette France de Giscard en est pétrie. Et  c'est  pas joli joli.


Mais c'était en 1977 et depuis....ça va beaucoup mieux, non ? 😉




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