L'ÉTOILE SOMBRE, l'égérie de la mode et du cinéma : YvonS

L'ÉTOILE SOMBRE, l'égérie de la mode et du cinéma 
Philippe Durant
Éditions La Manufacture de Livres, 266 pages
Broché,18€90

Tout d'abord, merci à La Manufacture de Livres pour ce service de presse très intéressant, la biographie d'une star oubliée du cinéma français. 

Mireille Balin a été une star, pendant une dizaine d'années entre 1932 et 1942. Mannequin vedette chez Jean Patou puis actrice en vue avant qu'une histoire d'amour ne vienne briser sa vie.

Sa beauté photogénique, sa démarche de mannequin, son tempérament sans concession et un peu de chance ont fait d'elle rapidement une figure populaire du cinéma. Ses histoires d'amour avec un boxeur, un homme politique, puis Jean Gabin et Tino Rossi l'ont propulsée dans la lumière puis sur toutes les Unes. Et puis la guerre arrive, quelques imprudences, quelques mauvaises décisions... et son histoire d'amour avec un diplomate allemand officier de la Wehrmart. Cela va l'exposer en septembre 1944 à la "justice" des FFI communistes du sud de la France. Agressée chez elle, dépouillée, battue, violée collectivement par 11 "résistants" elle en sortira définitivement brisée physiquement et psychologiquement. Elle ne retrouvera jamais ni la célébrité (alors que d'autres comme Arletty s'en sont remises) ni la santé. Alcool, jeu, drogue, physiquement marquée Mireille Balin vivotera (totalement ruinée) encore une vingtaine d'années des aumônes de l'association La Roue Tourne. Morte dans l'anonymat en 1968 à 59 ans, elle échappa de peu à la fosse commune, celle qui brilla dans le Tout Paris des années 30 et dansa au bras des stars hollywoodiennes. Parce qu'elle fut appelée à Hollywood la rousse Mireille, Hollywood qu'elle rejeta pour vivre avec Tino Rossi. 

Tragique destinée de celle qui joua les femmes fatales et les garces alors qu'elle était le contraire, une femme qui allait d'un amour à l'autre sans drame aucun. Tragique destin de celle qui fut blanchie du crime de collaboration par la justice officielle, reconnaissant une simple histoire d'amour avec un diplomate exempt de tout combat, de toute attitude criminelle. Blanchie par les juges mais condamnée par la presse et l'opinion publique, celle qui fut trop belle et trop épargnée alors que d'autres mouraient. Volée par l'état qui ne lui rendit jamais ses biens confisqués bien qu'innocentée.

Mireille Balin est presque complètement oubliée aujourd'hui, sauf par les cinéphiles qui se souviennent de la séductrice fatale de Pépé le Moko... 

On pourra regretter un travail de relecture un peu négligent (qui m'étonne de la part d'un éditeur qui nous a habitués à beaucoup mieux)... une grosse erreur historique (le Royaume Uni déclarant la guerre à la France le 4 août 1914?), un étonnant mois de septembre 1944 dernier printemps de guerre, et 2 fautes d'accords.

Une biographie émouvante qui a le mérite de rendre justice à la femme et de remettre dans la lumière cette étoile sombre qui préféra la salle commune à une chambre privée pour sa dernière nuit en ce monde, le 8 novembre 1968 à l'hôpital Beaujon de Clichy.



 

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