HARLEM SHUFFLE, Colson Whitehead : Yvon

HARLEM SHUFFLE, Colson Whitehead

Editions Albin Michel, 418 pages

Broché, 22€90

Parution : 4 janvier 2023


Colson Whitehead n'est pas n'importe qui... Lauréat du Prix Pulitzer en 2017 et 2020, voici donc son Harlem Shuffle...


Je ne connaissais de cet auteur que son nom et à le lire je ne suis pas déçu. Il nous dépeint ici dans une fresque qui s'étend de 1959 à 1964, et à l'aube des années 70, le "Souffle de Harlem"...


Ray Carney n'était pas un voyou, tout juste un filou... je cite. Ray Carney, jeune homme black de Harlem, est vendeur de meubles dans sa propre boutique, fils d'un truand de la mafia, père de famille attentionné amoureux de sa femme, il veut le meilleur pour les siens. Méprisé par ses beaux-parents, parce que trop noir de peau et seulement "marchand de tapis" (sic), il est aussi... receleur. Ca n'est pas son activité principale, il fait cela pour améliorer l'ordinaire de sa petite famille et rendre service à Freddie. Ah Freddie ! Autre personnage attachant. Cousin et frère de coeur de Ray. Freddie trafique, Freddie cambriole, Freddie "récupère" des télés et des radios, Freddie entraîne Ray dans des coups toujours foireux. Jusqu'au jour où il propose de dévaliser l'Hôtel Theresa, le "Waldorf de Harlem" où logent gros truands et célébrités blacks des années 50-60...


En trois parties, 1959, 1961, 1964, Colson Whitehead parcourt le monde grouillant de Harlem. Truands, macs, dealers, prostituées, flics blancs racistes et corrompus, bourgeoisie noire avide de reconnaissance et... corrompue... C'est le petit monde des "enveloppes"... Racisme de la police et meurtres impunis (ça n'a pas beaucoup changé), émeutes, Ray fait de son mieux pour survivre et agrandir sa boutique, façade respectable, déménager d'appartements minables vers des bâtiments de plus en plus chics tout au long de ces années. Mais Ray se fait aussi humilier et escroquer par un banquier (noir) et sa vengeance... se mangera froide mais efficace. Quitte à y laisser un peu de son âme.


Emeutes raciales de 1964, destruction progressive du Harlem mythique et avènement du futur World Trade Center, Colson Whitehead avec une certaine ironie et une belle nostalgie finale dépeint un New-York loin de la 5e Avenue et de Central Park mais qui foisonne de vie. C'est truculent et sanglant (sans excès), plein de petits et gros trafics, de règlements de compte et de menaces planantes. On ne s'ennuie jamais. Il renouvelle ici le roman noir (dans le sens d'histoires de gangsters) en flirtant avec la littérature blanche (dans le sens littérature ambitieuse). Un beau roman "romanesque" comme je les aime, avec des personnages attachants. Oui, on peut s'attacher à un petit filou...


Mais à trop s'approcher des gros bonnets, blacks ou blancs, cela peut être très très dangereux et coûter très cher... Les plus dangereux n'étant pas ceux qu'on pense.


Les dernières pages sont empreintes d'une belle émotion et d'un amour certain pour cette ville et ce quartier qui n'est plus ce qu'il fut, grignoté par les bobos et les promoteurs immobiliers. Un monde disparu, une époque mythique, un roman à découvrir absolument. 


Merci aux Editions Albin Michel pour ce service de presse qui ne peut laisser indifférent.


Et quand je vois que @La griffe noire est d'accord avec moi... c'est le bonheur !




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