Le vieux qui déjeunait seul, Léa Wiazemsky : Marina

Le vieux qui déjeunait seul, Léa Wiazemsky
Éditeur ‏: ‎Pocket (2 mars 2017)
Poche ‏: ‎160 pages

En me rendant à la Librairie La Bicyclette bleue en novembre dernier, je ne m'attendais pas à ce que ce roman tombe dans mon escarcelle...et pourtant. Lors de la soirée de lancement du roman collector La Bicyclette bleue (les 3 premiers tomes de la saga qui en compte 10) chez Le livre de poche, j'y ai rencontré l'auteure Léa Wiazemsky. Après avoir échangé avec Léa c'est tout naturellement que j'ai eu envie de découvrir ses écrits et lui ai donc demandé conseil pour savoir par lequel de ses romans il serait judicieux de commencer. Je suis ravie de l'avoir fait... Mes amis, quel roman ! Un style si fluide, poétique et sensible... un ravissement :)

Parvenue au bout de ma lecture, la question qui me vient à l'esprit est "Comment un roman si court - 160 pages seulement- a-t-il pu susciter autant d'émotion en moi, m'émouvoir à ce point ?" Je vous dois quelques explications.. suivez-moi :

Clara est une jeune et jolie jeune fille, serveuse et très douée dans son travail. Tous les lundis, réglé comme un métronome, elle voit s'installer à la table numéro 10 -toujours la même- un vieil homme qui commande un boeuf carottes. Heure, table et commandes immuables, tout cela a bien sûr éveillé la curiosité de la jolie serveuse, mais il y a quelque chose en plus, d'indéfinissable, une sorte de lien, d'entente, de connivence que la jeune femme a ressenti dès le premier jour. Qui est donc ce vieil homme ? Pourquoi vient-il toujours seul ? Pourquoi se sent-elle si proche de lui ? Leurs deux solitudes se seraient-elles reconnues ? Car oui, malgré les apparences, Clara est seule, profondément, mais uniquement par choix. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement car elle se sent étouffée par le poids de son passé et de sa culpabilité. Lui aussi est seul, désespérément...  et il a su déceler la tristesse infinie dans le regard de Clara qu'elle ne parvient quasiment plus à dissimuler, le temps passant. Lui aussi est écrasé par le poids de son passé et par les ombres de tous ses amis disparus qui ne sont plus là pour partager un bon petit repas avec lui, le vieil homme.

Et il y a Bastien... ahhh, Bastien !

Il leur faudra un concours de circonstances et beaucoup de pudeur et délicatesse pour que l'un et l'autre se livrent et qu'ainsi, à deux, ils reconstituent le passé de l'autre. 

Ce roman est un petit bijou de délicatesse, sensibilité et poésie. Une si belle histoire qu'on ne veut surtout pas qu'elle nous échappe et passe à la trappe de l'oubli. Un roman qui fait tellement de bien, qu'une fois la dernière page lue, on aimerait pouvoir passer encore un peu de temps avec ses personnages... Eux qui pourraient très bien etre des voisins, des gens fréquentant le troquet du coin.

Un roman, enfin, qui redonne tellement foi en l'humain que l'on a qu'une envie, l'offrir le plus possible autour de nous pour qu'à leur tour, famille et amis découvrent ce si émouvant récit.