Le témoin silencieux, Arnaud Nihoul : Marina
Broché : 256 pages
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman.. Tout d'abord car c'était pour moi l'occasion de découvrir un auteur belge programmé pour notre soirée "Polar belge" du 7 avril à la librairie La bicyclette bleue (Paris 20e) mais aussi pour tout ce que j'y ai appris. Un polar qui se déroule dans le monde de l'art et dont on ressort en se disant "whaou.. je ne savais pas tout ça" ! Un polar immersif se déroulant à New York et dont l'auteur (qui est architecte.. ça aide peut être un peu ? LOL) a su rendre la vie foisonnante qui s'y déroule de jour comme de nuit.. Une ville qui se fait personnage à part entière.. On déambule au gré des pages en y suivant Kelly, notre héroïne. On ressent totalement la vie qui pulse dans cette ville qui, dit-on, ne dort jamais ! Un roman très réussi d'un auteur à suivre, incontestablement, car il a savamment dosé tous les ingrédients qui font le succès d'une histoire.
Nous sommes à New-York donc, ville où une célèbre galeriste Elena Tramonte a disparu dans de bien étranges circonstances. De plus, le peintre qu'elle avait pris sous son aile et dont elle s'apprêtait à présenter les oeuvres a été, lui, retrouvé assassiné dans son atelier. Deux faits tragiques se déroulant le même jour. Sont-ils liés ? Tandis que le temps passe et qu'Elena demeure introuvable, 3 mois plus tard, le compagnon de celle-ci, Lawrence Mason, un homme d'affaires multi millionnaire et grand collectionneur d'art meurt d'une crise cardiaque dans son appartement situé sur la 5e avenue. Kerry McKinney, photographe talentueuse et fille d'Elena se retrouve couchée sur le testament de Lawrence Mason et hérite également de 3 magnifiques portraits de sa mère que celui-ci avait fait réaliser, bien décidé à les offrir à sa bien-aimée pour son anniversaire. Il n'en aura malheureusement pas eu le temps.
Lorsque Julian Taylor, un talentueux et séduisant expert en art (il s'occupe d'évaluer et de trouver les nouveaux lieux qui abriteront l'héritage laissé par Lawrence) accorde à Kerry le droit de voir les portraits de sa mère qui lui sont destinés, celle-ci ne peut s'empêcher de remarquer le lien singulier qui semble les lier à 3 peintures d'Edward Hopper retrouvées à Cape Cod cinquante ans après la mort du peintre.
Kerry est terriblement affectée par la disparition de sa mère. Elle ne lâche rien et veut absolument comprendre si un lien existe réellement entre les 3 oeuvres de Hopper et sa mère. Kerry et Julian décident alors de mettre en commun leurs connaissances afin de tenter de démêler les fils de toute cette histoire.. Mais plus ils pensent approcher de la vérité, plus elle leur échappe. Jusqu'au moment où ils se rendent compte qu'ils "dérangent" et que quelqu'un les a dans sa ligne de mire. De qui peut-il bien s'agir ? Qui serait prêt à les voir disparaître ? Et pour quelle raison ? Afin de protéger quel sombre secret ?
Vous l'aurez compris.. le roman d'Arnaud se lit fébrilement.. Le lecteur est tantôt le livre dans une main et sa tablette (ou téléphone) dans l'autre afin de pouvoir admirer les magnifiques tableaux du maître qui y sont décrits... tantôt lâche son support numérique pour mieux tourner frénétiquement les pages afin de savoir comment s'en sortent nos deux détectives en herbe.
Le suspense est rondement mené, le roman passionnant car il nous mène au coeur des galeries, des expositions et du monde de l'art. Nous tremblons pour nos héros auxquels nous nous sommes attachés d'emblée, quand ils se retrouvent menacés. Je gage que vous terminerez votre lecture soufflé par le dénouement que nous a concocté l'auteur mais également avec des connaissances accrues sur E.Hopper et bien d'autres choses encore.. avec, de plus, c'est quasi certain, une furieuse envie de vous rendre à New-York pour marcher dans les pas de Kerry et Julian.
A toutes les qualités de ce brillant roman citées plus haut s'ajoute le mérite de montrer les "coulisses" de l'art, dans le cas présent, plus particulièrement de la peinture. L'auteur lève le voile sur l'envers du décor, sur la difficulté de créer, de se faire connaître, sur ce long et tortueux (torturé ?) chemin qu'est le processus créatif et souligne le paradoxe de véritables "génies" qui auront gagné leur notoriété une fois disparus de ce monde, malheureusement.
Un grand merci à Danielle, de Genèse Edition pour ce service de presse très dépaysant, enrichissant et passionnant.
Nighthaws, Edward Hopper, 1942
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