Blanches, Claire Vesin : Marina

Blanches, Claire Vesin

Éditeur ‏: ‎La Manufacture de livres (1 février 2024)
Broché ‏: ‎304 pages
PREMIER ROMAN


En consultant la liste des prochaines parutions chez La Manufacture de livres, je suis tombée sur cette couverture qui m'a intriguée, interpellée. A l'heure post covid, en sachant tout ce que le corps médical et le personnel soignant ont enduré, tout ce que nous leur devons, il m'a semblé important de m'intéresser de plus près à ce premier roman de Claire Vesin. Une auteure qui connait son sujet, faisant elle-même partie du corps médical, en tant que cardiologue. Même si ce roman n'est pas un roman sur l'hôpital, c'est bien plus que cela..


Venez je vous en dévoile davantage.


Nous sommes à Villedeuil, aux portes de Paris et pourtant.. cela semble si loin. Ses tours, ses habitants et son hôpital. Jean-Claude y a passé la quasi totalité de sa carrière au sein du service de chirurgie. En proie à la mélancolie, solitaire depuis que sa femme et son fils se sont éloignés, il parvient néanmoins à tenir le cap malgré tous les fantômes qui le hantent et sa part d'ombre qui le taraude.


Laetitia elle, est née à Villedeuil. Empathique à l'extrême, connaissant ses voisins, leur condition, c'est tout naturellement qu'elle s'est tournée vers la carrière d'infirmière. Mais elle est malheureusement bien trop sensible, trop tendre pour la difficulté de certaines situations et la rugosité de bon nombre de patients qu'elle reçoit à l'accueil de l'hôpital. 


Aimée quant à elle n'a jamais eu à lutter dans la vie. Issue d'une famille aisée, ayant pourtant l'embarras du choix, au vue de ses notes et son classement, c'est à Villedeuil qu'elle choisit de faire son stage d'internat ? Quel est donc le lien qui la relie à ces lieux ? Idéaliste, elle aussi lentement consommée par un lourd et douloureux passé, parviendra-t-elle à ne pas se faire happer par cet hôpital ? Et il y a enfin Fabrice qui travaille au sein du Samu. Confronté chaque jour à la détresse humaine, il peine à mener de front sa vie familiale. Sur le point de devenir père, on le sent hésitant, peu sur de lui, prêt à basculer.


Claire Vesin a mis en situation une galerie de personnages qui, malgré les difficultés, parviennent à garder le cap. Ils vivent ensemble au quotidien, exerçant leur métier du mieux qu'ils le peuvent. Au fil du roman leurs destins s'entremêlent, et nous découvrent leur sensibilité, leur fragilité au sein d'un système qui semble capable de les broyer et les laisser exsangues à la moindre occasion. Pourtant, à eux tous, unis,  ils sont plus forts. Ils partagent les joies, les échecs, la detresse de certaines situations parfois.


Mais une nuit, leur équilibre qui semblait déjà bien fragile et précaire se fissure. Leur monde bascule et plus rien ne sera jamais comme avant. 


Jean-Claude peut-il réellement à continuer à exercer dans ses conditions ? Laetitia 

est-elle vraiment faite pour ce poste ? Ne risque-t-elle pas de se perdre corps et âme dans ce quelle pensait être au départ une vocation ? Et Aimée, pourchassant un fantôme ne s'est-elle pas fourvoyée dans son choix pour son internat, voire pour son choix de carrière tout simplement ?


Connue pour ses billets sur Instagram, je découvre la plume délicate et fine de Claire Vesin qui nous dresse le portrait d'un hôpital public qui se délite. La faute au manque de moyen, de personnel, aux patients trop nombreux... Sans se porter en juge, Claire nous montre ce qu'est le quotidien de ses héros.. ou plutôt ces héros du quotidien. Car oui, malgré les difficultés, le manque cruel de financement, des bâtiments quelques fois décrépis, ils sont là, fidèles au poste, dans le seul et unique but de remplir leur serment de pouvoir soigner dignement quiconque en a besoin.


Un premier roman extrêmement réussi, très poignant et qui dégage une pointe de nostalgie qui nous saisit pour ne plus nous lâcher. Adepte des romans qui fusent à cent à l'heure à multiples rebondissements, passez votre chemin. Le débat n'est pas là... il est ailleurs, et c'est bien :)






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