GRAND COMME LE MONDE, Lou Vernet : Yvon
Editions M+,158 pages
Découverte ! Un style, une personnalité et une belle histoire..
J'ai rencontré Lou Vernet au Salon Auvers Noir il y a quelques jours. Elle était la voisine de table de Frank Leduc que nous venions voir en priorité et tout naturellement nous nous sommes intéressés à elle. Une forte personnalité et un univers à découvrir. Je me suis penché sur son livre parce que ce qu'elle nous en a dit m'a laissé deviner un texte fort et cela en un peu plus de 150 pages, donc de la densité si le pari était réussi. Et il l'est..
Pepo vit seul avec son père, Le Père, dans une caravane en lisière de la forêt dans un coin un peu abandonné. Pepo est souvent seul, il a 7 ans et un Père un peu marginal mais formidable. Je vous souhaite à tous un père pareil. Marginal mais cultivé et qui transmet à son fils savoirs, valeurs et principes de vie. Et puis, un matin, le Père meurt. Brusquement. Devant son fils. Que faire quand on a 7 ans, qu'on vit seul loin de tout et de tous ? Alors, Pepo laisse son papa dans la caravane et part sur la route vers la Ville, celle qui dévore les esprits et enferme les gens au ras du sol loin du soleil et de la liberté. Mais Pepo va rencontrer une fillette, et puis un Clan. Le Clan va le recueillir, l'adopter. Pepo grandira, découvrira les autres, le monde, les livres grâce à son Père et à Maître Jean, l'instituteur itinérant.
Une magnifique et dure histoire de deuil, de souffrances, d'amour et de résilience. Pourquoi le Père et pas de mère ? Je vous laisse le découvrir. Vous découvrirez aussi le style littéraire de Lou Vernet. Exigeant, poétique. Parfois heurté, parfois fluide. Jamais banal. On ne lit pas cette histoire en diagonale. On s'accroche au texte, on s'attache aux personnages. Au Père (et quelle formidable relation père-fils), à Pepo et à sa sensibilité, à Rigolo le chien de Pepo, à Elya et à celle qui au long de ces 3 saisons puis beaucoup plus va devenir non une mère, mais la Main, celle qui guide, rassure et protège. Même si Pepo est un solitaire. Parce que Pepo a un long voyage à faire. Douloureux parfois, mais si beau.
Et Lou Vernet va vous toucher. D'amour, de filiation assumée, de paternité aimante, de liberté voulue. de deuils, de douleurs. On s'attache à cet enfant merveilleux qui va devenir un Homme debout malgré le destin. Je pensais lire ces 150 pages en une après-midi, il m'a fallu prendre mon temps et savourer. Toute cette histoire, sans pathos (on n'est pas dans Sans famille), sans voyeurisme, avec pudeur, psychologie. Et style. Parce que les mots de Lou Vernet sont forts, et ce moment de littérature blanche (oui, je ne lis pas que des polars), ce texte court va vous rester en mémoire.
Une histoire et une plume à découvrir. On vous en reparlera..
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