Le Pouilleux massacreur, Ian Manook : Yvon
Le Pouilleux massacreur, Ian ManookEditions La Manufacture de Livres, 316 pages
Mon premier Manook et sûrement pas le dernier. . Je m'attendais à un polar et ce n'est pas vraiment ça. Alors, bien sûr, il y a des meurtres et des casses (entre autres joyeusetés), une bande de loubards, quelques fachos ou cocos qui s'affrontent, des flics.. mais il s'agit bien plus du portrait et du destin d'un jeune homme un peu perdu dans la France de 1962 que d'un polar classique.
Mathieu Simonian, Sorb pour ses copains, est un jeune homme étudiant le droit, fils d'un couple de "prolos" arméniens. Ses parents se saignent aux quatre veines pour lui, mais lui il n'étudie plus vraiment. Il "zone" avec ses copains de la bande. Laurent, Bibic, Santo, Annie, Figos et les autres. Ils squattent un bar, "chourent" des voitures pour aller s'amuser à Paris, quitter leur quartier de la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry. Trafiquent un peu. Rien de très grave..
Et tout commence par un meurtre. Une femme retrouvée battue à mort, visiblement par un colosse. Alors, on sait très vite qui. Les flics aussi. Mais le suspect a les mains "massacrées" donc ce ne peut pas être lui, disent aux flics les copains unanimes. Et puis on suit Sorb, sa relation simple et compliquée avec Kathie, la fille du "coiffeur des bourges". Sorb qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Il a des principes, fluctuants, mais il en a.
Ian Manook nous parle du Paris des années 60, des chanteurs, du bidonville de Nanterre, des "événements" d'Algérie, de la tristement célèbre manif de Charonne... Roman d'apprentissage, roman noir surtout. On sent qu'on ne va pas vers le beau malgré les espoirs de chacun. Devenir journaliste, mercenaire, criminel ? Epouser sa Kathie petite bourgeoise révoltée et reprendre la fac ? Sorb va trouver une épaule compatissante et de l'écoute auprès de la vieille Rolande. Je vous laisse découvrir ce personnage touchant. Mais le destin est en marche, et Sorb et ses copains ont-ils un avenir ? Sorb en a-t-il un ? A-t-il même le choix ?
J'ai été séduit tout de suite par le style Manook. Le Paris des années 60, j'ai connu. Tout me parle. Et puis, les petits loulous, les flics débonnaires ou sadiques, les parents qui ont encore de l'autorité, la fracture (déjà) entre ceux des "cités" qui se construisent et les bourgeois parisiens, le racisme, Salut les copains à la radio, le flipper dans le rade du coin.. Un peu de Léo Malet, un soupçon de Dard, mais beaucoup beaucoup de Manook et c'est bien ! C'est ce qui fait tout le sel.
A ne pas rater. Un bon candidat à un ou des prix littéraires.
NB: A noter, et je lui poserai la question, la manière très originale de Ian Manook de titrer les chapitres.
Merci à La Manufacture de Livres pour ce service de presse très en avant-première et que j'ai dévoré.
Merci pour ce conseil. Un auteur que j'apprécie beaucoup. Jetez-vous sur sa série en Mongolie, avec Yeruldelgger !
RépondreSupprimerC'est prévu
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