LA LEGENDE DE MOLLY JOHNSON, Leah Purcell : Yvon
LA LEGENDE DE MOLLY JOHNSON, Leah Purcell
Synchronique Editions; 340 pages
Collection Ciels Australs
Un roman australien et une tragédie.. Un premier roman, et sûrement pas le dernier !
Je connaissais des polars dont le héros était un enquêteur aborigène mais je n'avais jamais lu de "western".. Alors, avant que les donneurs de leçons du web ne me tombent dessus, j'emploie les mots aborigène, les noirs et les blancs (sans majuscules) parce que c'est la volonté de Leah Purcell. Elle est la mieux placée pour décider de cela. Parce qu'en effet, et malgré son apparence, elle est d'origine aborigène.
Alors, de quoi est-il question ? D'une femme. Molly Johnson... Molly est mère avant tout, et prête à tout pour défendre, aimer et élever ses enfants, sa maison et sa liberté. Joe Johnson, son mari, est un "drover" (gardien de moutons) parti depuis 3 mois faire les estives avec ses compagnons et leurs bêtes. On attend son retour. Entre temps, il faut vivre, nourrir et protéger les 4 enfants, dont Danny l'aîné (12 ans) sera bientôt un homme. La société australienne en 1893 est rude. Entre les arrogants colons britanniques et les aborigènes, les affrontements sont nombreux. Le racisme s'étale de toute sa force. Métis, quarterons, octavons sont méprisés parce que noirs.. même quand cela ne se voit pas.
Arrive à Everton un couple très "british". Nate, bel homme ex-militaire, et son épouse follement amoureuse Louisa, féministe elle veut se battre contre les violences faites aux femmes en fondant un journal. Nate est courageux, consciencieux, mais un peu débordé par l'ampleur de la tâche qu'il n'imaginait pas si dure. Les blancs sont-ils si civilisés que ça ? Et les noirs ?
Et puis, un jour, arrive chez Molly un aborigène en fuite accusé de 8 meurtres. Yadaka est bel homme, il a l'air d'un homme bien et Molly craque peu à peu pour lui..
J'ai dit western parce qu'il y a des "cowboys" et des troupeaux, une sorte de shérif, des saloons, des bagarres.. mais il y a aussi le splendide paysage australien, la faune dangereuse, l'hiver et la montagne (on n'est pas dans le plat bush brûlant habituel) et le talent de Leah Purcell pour nouer peu à peu la tragédie. Parce que ça va sûrement mal finir..
Molly la femme, Molly la mère, courageuse, prête à tout pour sa cabane et ses enfants. Et la pléiade de personnages tout autour. Et Leah Purcell qui nous les raconte à la manière aborigène en racontant la vie de ceux qui ont précédé. Raconter pour transmettre. Raconter pour comprendre. Avertir. Une culture orale mais forte et vivante. Pour le moment.
Racisme, meurtres, vi.ols, brutes épaisses et anglais "civilisés", aborigènes et tribus, et toujours une petite pointe de "rêve", ce rêve si important dans leur culture. Un roman plus complexe qu'il n'en a l'air, à la fin bouleversante de force, magnifique de lyrisme et de pudeur.. et pleine d'espoir.
J'ai été attiré par cette belle œuvre d'art aborigène en couverture, retenu pat la force du texte. J'ai eu la gorge serrée.. Bref, merci à Gilles Paris et à son Agence pour ce service de presse qui ouvre ma curiosité vers les auteurs australiens !
A paraître en février prochain dans la même collection :
- La petite fille blanche, de Tony Birch
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