Le dernier gardien d'Ellis Island, Gaëlle Josse : Marina

 

Le dernier gardien d'Ellis Island, Gaëlle Josse

Éditeur ‏: ‎J'ai Lu (6 janvier 2016)
Poche ‏: ‎192 pages

Le salon Lire en Poche de Gradignan qui s'est tenu en octobre 2024 avait pour thème Exils. Comme chaque année, un roman avait été sélectionné pour illustrer cette thématique, roman qui était offert à l'arrivée, à chaque visiteur. J'ai donc eu la chance de me le voir offrir et je l'ai quasiment lu d'une traite ! Un roman fort, poignant qui nous parle de ce haut lieu de l'immigration aux Etats-Unis, Ellis Island, lieu mythique qui a fait rêver tant de déracinés, de personnes qui avaient renoncé à leur terre, une partie de leur famille quelquefois pour tenter le rêve américain. Ces hommes et femmes désespérés, vivant très souvent dans des conditions terribles souhaitaient pour eux, pour leur famille un ailleurs, une vie meilleure. Ce qu'ils ignoraient c'est que les courriers qui leur parvenaient depuis cette terre promise, cet el Dorado aux rues prétendument pavées d'or ne faisaient pas état de la terrible traversée en bateau à laquelle il fallait d'abord survivre pour y arriver. Les lettres lues et relues tant de fois, envoyées par ceux qui étaient en Amérique, porteuses d'espoir, ne faisaient pas non plus mention du "tri" qui s'opérait quand enfin les expatriés foulaient le sol de ce lieu si convoité. Une obligation sanitaire pour les autorités qui ne pouvaient laisser entrer les malades sur leur territoire, mais pour certain, tout bonnement la fin du voyage. Ce livre m'a beaucoup émue, d'autant que j'ai eu la chance de visiter Ellis Island et d'y voir les centaines de photos qui s'y trouvent, visages à jamais gravés sur papier, semblant tantôt si las, tantôt si euphoriques à l'idée de l'aventure d'une nouvelle vie qui semblait alors à portée de main. J'ai également pu voir "de mes yeux" ce hall immense où s'effectuait le tri sanitaire des personnes qui arrivaient.


Mais je m'égare.. De quoi parle le roman ?


Nous sommes en novembre 1954, à New-York, dans seulement cinq petits jours, le centre d'Ellis Island fermera ses portes. Ce lieu de passage obligé pour tout immigré venant d'Europe souhaitant s'installer sur le sol américain, en service depuis 1892 va cesser son activité. John Mitchell qui a vécu sur l'île et y a travaillé comme directeur pendant de nombreuses années est le seul resté sur place. Il doit veiller au déménagement de toutes les archives et toutes les informations collectées au fil des années sur les personnes qui y sont passées. John Mitchell égrène ses souvenirs dans un journal intime et nous entraîne dans son sillage pour découvrir la vie qui y bouillonnait. John évoque son épouse bien aimée, infirmière, qui s'installera avec lui sur l'île. Mais également Nella, une immigrée sarde dont le souvenir le taraude encore bien des années après. Sans concession, le directeur revient sur des événements importants, certains tragiques, certains -même si peu nombreux- joyeux. 


Le récit est intimiste et très émouvant. L'homme se met à nu et ne cherche à cacher aucuns de ses actes ni décisions. Via son récit il dévoile toute son humanité, avouant ce qu'il considère comme des défaillances et manquements à sa fonction. 

C'est à la fois passionnant pour le pan d'histoire que cela nous révèle mais également profondément humain. Le sort de tant d'existences s'est décidé là-bas. 


On ne ressort pas indemne de ce récit !

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