L'écorché, Bernard Tirtiaux :Yvon

L'écorché,  Bernard Tirtiaux

Genèse Edition, 187 pages

J'ai rencontré Bernard Tirtiaux au récent Cocktail des Ecrivains du Fouquet's dont on vous a parlé. Nous venions y voir Dominique Van Cotthem (Les eaux assassines) et c'est elle qui nous l'a présenté. Le monsieur est étonnant et fort sympathique. Maître verrier (vitrailliste), chanteur, comédien, sculpteur et donc écrivain. Il nous livre ici un roman à suspense humaniste et écologiste. Je vous explique.

Nous sommes à Paris dans un futur proche (2026-2027 approximativement), Notre-Dame est rebâtie, Poutine a vu son pouvoir s'effondrer et le monde continue à aller mal. Philippe est un chirurgien spécialisé dans les reconstruction faciales et les greffes de visage. Il est contacté par son ex-femme Olga. Ils ne se sont ni vus ni parlé depuis 25 ans. Elle l'appelle au secours pour sauver le visage et la carrière de son fils Vlad. Mariée à un ancien activiste russe, elle milite au côté de Vlad pour sauver la planète. Or ce dernier a été victime d'un attentat à l'acide. Il est défiguré.

Philippe accepte de s'en occuper sans se rendre compte que la célébrité mondiale du jeune slagger (slameur) va les mettre lui et sa famille en grand danger. Lobbys et multinationales ont semble-t-il mis sa tête à prix.. Vlad n'a pas renoncé quoi qu'il lui en coûte. Ses "Inadmissibles" et ses clips multilingues en ligne secouent la jeunesse du monde et il espère bien que le mouvement initié provoquera le changement de société nécessaire.

Sur un thème analogue, Henri Loevenbruck vient de nous livrer "Pour ne rien regretter qui ne m'a pas convaincu", ici Bernard Tirtiaux mêle intimement la renaissance symbolique de Notre-Dame de Paris (qui est à l'origine de ce roman), la métamorphose de Vlad, la renaissance indispensable de notre modèle de société sous peine de destruction de la planète, l'influence des réseaux sociaux au travers de la musique et de la poésie. Le travail souterrain des gouvernements et des grandes entreprises qui privilégient le profit en asphyxiant notre monde n'est pas près de s'arrêter.. sauf si un grand mouvement populaire se déclenche.

Bernard Tirtiaux pose aussi d'autres questions : qu'est-ce qui fait un visage ? un simple masque de chair ou un regard, une personnalité ? Guérit-on vraiment de ses blessures d'enfance ou de ses traumas d'adulte (l'épouse de Philippe est une survivante du Bataclan) ?

Grâce à des personnages marquants comme la volcanique russe Olga libre et inattendue, ou Vlad l'artiste seul même entouré de femmes aimantes et même Philippe le bobo qui vit confortablement sur l'île de la Cité et qui se réalise en sculptant aussi la pierre, l'auteur nous emmène à la découverte d'un jeune homme.. écorché, dans la prise de conscience écologique de Philippe et dans celle des liens qui l'unissent toujours à son amour de jeunesse.

Bernard Tirtiaux est optimiste sur la marche future du monde alors il nous réserve des surprises, il croit dans le pouvoir de la jeunesse et de la musique mobilisatrice pour une révolution sociétale et citoyenne même si cela aura un coût inévitable.. et c'est pour cela que cette histoire se termine dans l'émotion.. 😉