PLUS JAMAIS FROID, l'histoire d'Irène Hajos, une survivante d'Auschwitz (Yvon)
PLUS JAMAIS FROID, l'histoire d'Irène Hajos, une survivante d'Auschwitz
Chantal GerbaudEditions Syros, 136 pages
Lectorat : de la classe de 3e au lycée et au delà..
Ceci n'est pas un roman jeunesse mais un témoignage à destination des jeunes.
Chantal Gerbaud nous explique dans une courte préface qu'il s'agit de la
réédition d'un livre de 2008. Principale de collège, accompagnant des élèves
lors d'un voyage scolaire à Auschwitz, elle fait la connaissance d'Irène Hajos,
ancienne déportée. Pour ne pas perdre ses souvenirs, un livre était
indispensable.
Née en 1922 en Hongrie dans une famille juive libérale, peu religieuse et
parfaitement intégrée, Irène et sa famille mènent la vie des bourgeois hongrois
des années 30-40. Ils ne mangent pas casher, ne se revendiquent pas juifs mais
hongrois et se sentent à l'abri, la Hongrie étant alliée de l'Allemagne na.zie.
Mais en mars 44 tout change. Obéissant aux injonctions gouvernementales,
n'imaginant pas une seconde ce qui les attend, ils pensent comme on leur a dit
partir quelques semaines en Allemagne travailler pour leur pays. Irène est
couturière, c'est ce qui va la sauver. Parce qu'après un voyage
cauchemardesque, lors de l'arrivée à Auschwitz, Irène est séparée des siens,
elle ne les reverra jamais.
Elle raconte la vie d'une jeune fille de 22 ans qui ne comprend pas tout de
suite ce qui se passe.. ni ce qui est advenu de sa famille. Rien d'atroce n'est
directement raconté mais nous savons tous ce qui va arriver. La faim, le froid,
les coups, l'incertitude permanente, la maladie, la mort.. Un récit simple
facile à lire et à comprendre pour de jeunes lecteurs. Irène a survécu, elle a
émigré vers la France se rêvant dans le monde de la Haute Couture. Mais la vie
lui offrira un mariage sans amour et la vie d'une simple couturière de
banlieue. Quatre enfants, un divorce plein de rancœur et puis, à la retraite,
plus de 40 ans après l'horreur.. un voyage à Auschwitz pour retrouver une
compagne de détention. Et la révélation, elle doit témoigner, se "soigner"
en évacuant des années de déni, accompagner les jeunes et leur expliquer. Dire l'indicible. Irène n'est pas une sainte,
elle le dit elle-même. Les ex-déportés ne le sont pas non plus. Mais ils
doivent dire ce que la société d'après-guerre ne voulait pas entendre et ce
qu'elle était incapable de dire à ce moment-là. C'est à 65 ans qu'Irène se
libère, se sent enfin pleinement citoyenne française, se débarrasse de sa
culpabilité (pourquoi vit-elle et pas les autres).. Libre. Libérée de sa
souffrance. Libre de faire honneur à son père, lui qui a été abattu lors des
terribles Marches de la Mort auxquelles elle a survécu.
Un témoignage plein de sagesse, sans colère, elle pardonne. Sans voyeurisme, la
survie au quotidien d'une jeune fille au long de 16 mois terribles. A lire et
faire lire à vos jeunes pour qu'ils sachent. On raconte tellement de mensonges
de nos jours.
Un cahier d'une 20aine de pages resitue faits historiques et lieux, il est
suivi de 8 pages de photos (soft) émouvantes. Un court volume éclairant, facile
à lire et qui peut changer bien des choses dans l'esprit d'un ado ou d'un jeune
adulte.
Le témoignage vidéo (intégral) d'Irène Hajos pour le Mémorial de la Shoah :
Irène Hajos nous a quittés en 2014 à 92 ans après 20 ans de témoignage auprès
des jeunes.
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