L'homme qui aimait trop les livres, Allison Hoover Bartlett : YvonS

L'homme qui aimait trop les livres,  Allison Hoover Bartlett
Éditions Pocket , 249 pages

Pour changer un peu des romans auxquels je vous ai habitués, voici donc un récit. L' enquête journalistique d' Allison Hoover Bartlett sur un bien singulier personnage : John Gilkey... Personnage, le mot-clé. Ici, on rencontre des personnes,  puisqu'on est dans la réalité et que tout est vrai. Et pourtant ce sont de sacrés personnages ! John Gilkey est d'un point de vue légal un voleur et un escroc,  d'un point de vue littéraire un bibliophile et d'un point de vue médical  (?) un bibliomane. Il se procure des livres  (lui dit ne pas les voler, il les achète gratuitement en quelque sorte ) continuellement,  sans cesse, sans arrêt, follement,  avec une soif inextinguible, une passion froide et inassouvie... il a BESOIN ! Ça l'amuse et ça ne le gêne pas de ruiner potentiellement un libraire spécialisé qui pour lui est forcément malhonnête. Il veut SA collection de livres rares. Par tous les moyens. La prison?  Il en fait rarement et pas longtemps. Le vol de livres est peu sanctionné,  quand il est sanctionné. Nous sommes dans une histoire américaine,  très américaine. 

L'auteure rencontre Gilkey, le suit,  fascinée,  horrifiée, se demandant si peu à peu elle ne devient pas sa complice. Elle nous raconte ses rencontres,  elle digresse aussi. Les éditions rares, les libraires volés,  les livres disparus, les ouvrages légendaires, les prix effarants atteints par certains volumes...

        Ce monde m'était étranger. Celui des collectionneurs de livres rares,  celui des libraires passionnés  (à la fin de cette chronique, une anecdote racontée par Ben l'un des libraires de chez Shakespeare and Co ), celui du réseau qui s'organise pour retrouver livres et voleurs. On y rencontre notre voleur, mais aussi son adversaire Ken Sanders le libraire irascible devenu "biblioflic".

        J'ai eu un peu de mal avec le style très journalistique du texte,  on n'est pas dans la prose littéraire habituelle, c'est factuel,  parfois un peu froid mais précis et efficace.  On finit pourtant par se laisser prendre à suivre cet homme extraordinaire et pourtant banal.

       L'histoire n'est pas finie. Gilkey n'a que 52 ans... Est-il à ce jour en prison ou sévit -il encore? Et avec Internet, nos libraires français ne sont pas à l'abri... Son butin est estimé à au moins 200 000$ et comme il revend rarement (ou alors pour se déplacer et continuer ses "emplettes") .... il entasse, il amasse,  il thésaurise... mais surtout, avant tout et par-dessus tout, il recherche l'estime et l'admiration devant la perfection de sa collection. 

         Et pourtant,  il s'est piégé tout seul ! A qui pourrait-il montrer cette collection inachevée et fantasmée puisqu'elle est composée uniquement de livres volés ? 😊

John Gilkey l'homme qui aimait trop les livres

Ken Sanders le libraire colérique devenu biblioflic

Ben le libraire

Ben et les deux voleuses 

(Merci à Ben de chez Shakespeare and Co pour cette anecdote 😉)

Les voleurs ne sont pas toujours aussi futés que dans les films...

Il y a quelques temps, notre ami Ben se tient dans la partie de la librairie consacrée aux livres rares. Il est abordé par deux dames d'un certain âge,  américaines, dont l'une est très très bavarde et l'autre du genre flâneuse. La bavarde le monopolise à la caisse, l'autre visite, regarde, prend et repose des livres. Et puis, elles partent sans rien acheter. Notre libraire fait son petit tour habituel pour ranger.Parce que... le client range TOUJOURS mal les livres. Il se rend alors compte qu'il manque deux éditions rares. Il se précipite vers l'autre partie de la boutique et interroge son collègue.  A-t-il vu les deux Américaines? Oui, mais elles viennent de partir !  

Ben sort... intuition? Juste à côté de la librairie,  il y a un café.  Auraient-elles été assez stupides pour s'y arrêter ?  Il jette un oeil.... Bingo ! Elles sont là...

Avec son plus beau sourire (j'imagine ), il les aborde. Pourraient-elles l'aider? Il a un problème. Il ne retrouve pas un livre qu'elles ont dû déplacer et ranger au mauvais endroit.  Seraient-elles assez aimables pour lui montrer? Les deux dames acceptent et arrivées dans la boutique, pendant que la bavarde recommence sa logorrhée, miracle... l'autre "retrouve" le livre "tombé par terre ".... 😂😂😂

Je vous la fais courte. Menace d'appeler la police, on ouvre les sacs, on récupère le 2e livre dans le sac de la flâneuse et.... dehors,  Mesdames , et  ne remettez JAMAIS les pieds ici ! Sinon...😉

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