Le Grenier de Valérique : Les détectives du Yorkshire (2017-en cours), Julia Chapman

Les détectives du Yorkshire (2017-en cours) Couvertures dessinées par Emily SUTTON

L’auteure : Julia Chapman, est britannique. Elle a parcouru le vaste monde en tant que professeure d’anglais. Pendant quelques années, elle et son époux ont tenu une maison d’hôtes dans les Pyrénées. De 2011 à 2015, s’inspirant de son environnement ariégeois, elle publie The Fogas Chronicles (qui, attention SCOOP ! vont bientôt éditées en français). De retour chez elle, usant de la même technique, elle s’attelle à la série des Détectives du Yokshire dès 2017. Le tome 7 paraîtra en France à l’automne 2021. Sportive, elle aime la course à pied dans les collines sauvages, près de chez elle. J’ai eu le bonheur de la rencontrer au SMEP 2019 (Salon Saint Maur en Poche): je garde un excellent souvenir de notre amusante et bancale conversation franco-britannique.

Samson O’Brien et Delilah Metcalf se connaissent depuis toujours. Lui, fils unique, a perdu sa mère jeune et son père, alcoolique, a coulé sa ferme et fait fuir son fils dès qu’il a été adulte. Les quinze années suivantes, Samson les passe loin de ses collines natales. Il devient policier, joue sans doute trop avec le feu et revient se planquer sur la terre de ses ancêtres. Pour subsister, il monte une agence de détectives. Seulement, aux yeux des habitants de Bruncliffe, il est le renégat, le traître, celui qui a déserté, qui a abandonné son père et sa terre. Il n’est pas le bienvenu. Et pourtant…

Elle, est issue d’une famille de paysans. Seule fille d’une nombreuse fratrie, elle joue des poings et sait se défendre comme ses frères. Conceptrice de sites internet, elle est aussi créatrice d’une agence de rencontres matrimoniales. Disons-le clairement : tout cela ne fonctionne pas très bien en ces terres rustres et elle tire le diable par la queue. Elle est en permanence suitée par Caliméro, un Braque de Weimar carrément hypersensible. Sa vraie fêlure, c’est le décès de son frère Ryan en Afghanistan il y a 2 ans. Ryan… dont Samson était le meilleur ami, le témoin de mariage et le parrain de son fils. Samson qui n’est même pas venu aux obsèques de son ami. Et Delilah lui en veut à mort.

Les deux protagonistes sont profondément ancrés à leur territoire. Ils le connaissent par cœur : les collines, les champs, les villages, les pubs, les manoirs, les paysans, les jeunes, les vieux, les notables, les plus humbles, les célibataires endurcis, les femmes de ménage, les chiens, les moutons, le thé noir d’Ida, les tartes de Lucy… Ils l’aiment, leur Yorkshire !

Le hasard fera que leurs 2 agences vont se retrouver dans les mêmes locaux et qu’il y aura, disons, une certaine confusion des genres… La cohabitation est compliquée mais elle va leur permettre d’allier leurs compétences pour enquêter sur les morts qui jalonnent le quotidien de Bruncliffe ces derniers temps.

Au fil des romans, les Détectives ont rendez-vous, dans l’ordre, avec le crime, le mal, le poison, le danger, le mystère et la ruse. On découvre une région brute et authentique au nord de l’Angleterre, des gens, des familles mais aussi le salvateur passage du temps, le droit à l’oubli, la rédemption. Les personnages qui foisonnent autour de Delilah et Samson sont riches, intéressants, courageux ou pleutres mais toujours contributifs à l’histoire qui progresse tranquillement. Le fil rouge, outre l’attirance mutuelle des deux protagonistes, reste l’obscur passé policier de Samson : quelque chose de grave le hante et ne va pas tarder à le rejoindre. Il a peur. Il ne veut pas impliquer Delilah dont il commence tout juste à s’avouer qu’il est amoureux.

Il y a de la densité dans ces romans-là. De l’humour aussi. Seul petit bémol, selon moi, la traduction qui manque de régularité. Suite en automne prochain. Je n’ai évidemment pas la moindre idée de ce que va nous trouver Julia Chapman pour la suite mais, perso, je trouve le suspense insoutenable. Et puis, j’irais bien faire un petit tour en Angleterre. J’ai déjà les Costwolds à explorer, pourquoi ne pas faire un détour par le Yorkshire ? Ça a l’air sympa. Vous venez avec moi ?