Luna, Serena Giuliano : Marina

Luna, Serena Giuliano 

  • Editeur : Robert Laffont (18 mars 2021)
  • Broché : 224 pages, 17€50


Voici un roman plein de soleil, pétillant, qui donne le sourire et dont la lecture fait un bien fou. 

De quoi ça parle ?


Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ? 

Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant... 

Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Et si ce retour aux sources sonnait finalement l'heure de l'apaisement ?


A Naples, Luna séjourne dans sa maison d'enfance. Oui mais voilà, son enfance semble avoir été scindée en deux. La période heureuse, "l'avant" où ses parents s'aimaient durant laquelle bien que n'ayant peu d'argent ils vécurent heureux.  Et il y a l'après.. . L'auteure, au fil des pages, par le biais de flashback judicieux, nous livrera quelques bribes de l'enfance de Luna, pour ensuite, enfin, lever le voile sur ce qui s'est passé.


Au fil des pages nous voyons que Luna change. Elle qui pestait contre Naples et ses habitants, ses inconvénients, ses excès et ne cessait de prier pour un prompt rétablissement de son père afin de pouvoir repartir au plus vite. Elle redécouvre « sa » ville, le berceau de ses racines :  les couleurs, les odeurs, les sons… 


Serena Giuliano nous a concocté une galerie de personnages magnifiques, tous plus attachants les uns que les autres qui vont eu aussi contribuer à aider Luna à prendre conscience du vide abyssal que le départ de Naples a laissé dans son coeur. 


Luna fait la connaissance de Filomène, la voisine de son père. Une charmante vieille dame, qui a mené une vie riche et palpitante. Une belle complicité naît au fil des moments passés ensemble entre les deux femmes. Elles apprennent à se connaître et à s'apprécier. Filomène nous bouleverse lorsque nous découvrons à quel point la solitude pèse à cette humaniste, si altruiste, qui au fil des années n'a eu pour seules visites que celles du père de Luna. A ne pas confondre avec Filomène (l'autre), qui n'est autre que la chatte des lieux : vénérée par son maître, traitée en princesse. D'entrée de jeu elle ne cache pas son animosité envers Luna et va lui faire les pires vacheries.

Luna retrouve également sur place sa cousine Gina qui est un personnage haut en couleur. Elle est "sans filtre" et nous régale de son franc parler et de sa gouaille savoureuse.


Très importantes, aussi, il y a les amies milanaises de Luna qui sont Francesca, Fatima et Alessandra. C'est la famille qu'elle s'est choisie. Sur le groupe de conversation qu'elles ont créé, elles échangent les petits riens de la vie quotidienne, se soutiennent en cas de coup dur, se congratulent lors des succès. Cela a eu une résonance particulière pour moi tout au long de ma lecture car je pensais à mon propre groupe (messenger) avec lequel j'échange au quotidien, constitué d'amis que j'adore et que je n'imagine pas ne plus faire partie de ma vie.

Malgré le mur gigantesque qui se dresse entre elle et son père, Luna lui rend visite chaque jour et tente de l'aider à se remettre. C'est à l'hôpital qu'elle fait la connaissance du couple formé par Anna et Pascuà, son mari, lui aussi hospitalisé. Anna incarne la napolitaine dans son franc parler, ses superstitions, et ses dictons venant ponctuer chacun de ses propos. 


La ville de Naples est un personnage à part entière du roman. On visualise sans aucun effort les balades dans la "vraie" Naples, lorsque Luna retourne dans son quartier d'enfance ou quand elle le fait découvrir à ses amies. La mer est omniprésente et nous enchante; de même que le Vésuve, majestueux, faisant partie intégrante de la vue depuis l'appartement du père de Luna ou de Filomena. Naples se dévoile tout au long du roman par les odeurs (le café, les pâtisseries), les couleurs et les sons.. 


Mais le roman de Serena est bien plus profond qu'il n'y paraît. Sous les attraits du feel good, il nous parle également du temps qui passe et de nos parents ou ceux que l'on aime que l'on voit vieillir et perdre en autonomie. De l'amitié, véritable arme pour venir à bout des problèmes, même quand ils paraissent insurmontables. Il y est aussi question de la charge mentale trop forte pour certaines, qui sous couvert de traditions culturelles ou idées préconçues pèse beaucoup trop sur les épaules des femmes, dont le mari est démissionnaire et dont le futur, à très court terme est un burn out. L'auteure évoque également avec beaucoup de délicatesse, le regard de l'autre et l'importance, ou non, qu'on lui donne, de l'intégration, de l'altruisme de la solitude de certains de nos seniors.


Foncez sur ce roman plein de peps et qui est également très touchant. Mais attention tout de même car l'auteure décline toute responsabilité quant aux kilos que vous pourriez prendre à la lecture seule de ses pages où abondent pizze fritte, sfogliatelle, glaces, pizzas, Pasta alle vongole, parmigiana etc.. vous voilà prévenus !


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- Ciao bella, Marina








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