DUST, Sonja Delzongle : YvonS

 


DUST, Sonja Delzongle

Éditions Folio Policier, 558 pages
Grand Prix Anguille sous roche 2015

Mazette, voilà un bouquin qui ne laisse pas indifférent ! Je ne connaissais Sonja Delzongle que de nom, et puis Marina et moi avons eu la chance de la rencontrer à la libraire La Griffe Noire où nous avions rendez-vous avec Wendall Utroi. Elle a eu la gentillesse de nous dédicacer son roman et je viens de le terminer il y a quelques heures. Point besoin cette fois d'une nuit de réflexion pour laisser décanter mes impressions. Je veux vous dire tout de suite mon plaisir, le choc et l'épouvante...

Tout commence à Nairobi (Kenya) par un prologue où un adolescent découvre au sol une grande croix faite de sang humain, mais de cadavre point. Puis, retour en arrière,  quelques jours auparavant, on fait connaissance avec "une drôle de dame" (je cite). Hanah Baxter est en effet un personnage peu banal : profileuse, bouddhiste, végétarienne, lesbienne, cocaïnomane, elle pratique la radiesthésie  (avec un pendule) sur les scènes de crimes. Ça fait beaucoup, non ? Eh bien, on s'y laisse prendre. Parce que la dame est intéressante, forte et fragile, elle "ressent" les tueurs autant qu'elle les devine. Elle vibre, elle se fie aux ondes. Et là vous me dites : ça fait beaucoup,  non? 😉 oui... mais non. Parce que très vite on l'aime cette femme avec ses contradictions, ses addictions, son intelligence intuitive et déductive. Mais pas seulement.. 

Hanah est donc invitée au Kenya par Ti Collins, un flic avec qui elle a déjà travaillé. Il a besoin d'elle. Du sang, beaucoup de sang donc beaucoup de victimes mais aucun suspect, aucun corps. Où sont-ils? Bien plus proches qu'on ne pense, parce que ce tueur a une technique extra-"ordinaire". Pourquoi tue-t-il? Les victimes sont des noirs des deux sexes et la composante sexuelle ne semble pas être la motivation. L'équipe de Collins est hétérogène mais efficace. Alors même si un certain Mendoza  est détestable  (et le mot est faible 😊), même si on découvre assez vite la technique et le mobile, la classique chasse au serial killer n'est qu'un élément de cette histoire bien plus complexe qu'on ne l'imagine au départ. 

Sonja Delzongle nous dépeint une Afrique qui l'a marquée. La poussière omniprésente,  la chaleur, les odeurs, le sexe et la mort, les trafics. Et puis les rituels,  la sorcellerie, les croyances et leurs terrifiantes conséquences sur la vie des albinos. Les albinos,  justement. Censés détenir des pouvoirs magiques, ils sont chassés comme du gibier,  tués ou mutilés parfois en public. Réalité et non délire d'auteure. 

La fin est haletante, sanglante, terrifiante. Les motifs monstrueux. On est révulsé... 

Le tueur au corps de poussière. Quel beau nom, mais quelle horreur! Nul n'est à l'abri, Hanah la première. Sonja Delzongle nous peint une Afrique entre misère et exubérance, excitante et épuisante, d'une beauté incroyable. La sérénité de l'épilogue est nécessaire après tant d'atrocités. On sent la part autobiographique dans ce premier roman, ce qui lui donne une réalité évidente. On imagine le choc à l'origine de tout cela. Et la force que cela donne à cette histoire. 

On a immédiatement envie de retrouver Hanah dans une autre enquête,  parce que cette drôle de dame est un sacré personnage 

Retrouvez-la dans 3 autres livres...

Quand la neige danse
Récidive
L'homme de la plaine du Nord 


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