Le Grenier de Valérique : La trilogie des poulets grillés (2015-2019)


La trilogie des poulets grillés (2015-2019)


L’auteure : Née en 1972, Sophie HENAFF est une femme de son temps qui travaille à Cosmo, où elle tient une chronique humoristique, élève ses enfants et écrit des romans. Elle est pétillante, très accessible et ma rencontre avec elle récente au 9ème FESTIVAL SANS NOM de Mulhouse reste un des points forts de ce charmant week-end alsacien. Son style est contemporain, agréable et ne s’embarrasse pas de circonvolutions abstraites : ses personnages sont francs du collier et ne doivent pas de monnaie à la vie. Je vous emmène avec moi pour leur rendre une petite visite ?

 

POULETS GRILLES (2015)


Tout commence plutôt mal.

Anne Capestan, 37 ans, est commissaire. Il y a 6 mois, elle a tiré une balle de trop. Après une exclusion temporaire des rangs de la Police Judiciaire, elle se voit réintégrée avec une mission pour le moins étrange : diriger la seule brigade de Paris composée de tous les indésirables, patates chaudes, boulets, et autres porte-poisse dont les services conventionnels ne veulent pas. On nettoie la Police de ces « poulets » véritablement « grillés » par leurs supérieurs, on les rend invisibles et basta ! Pas de contrôle, pas besoin de faire ses preuves ou de rendre des comptes. On épure les stats de leur poids. Ces fonctionnaires doivent tellement disparaître, qu’on leur refile les plus insignifiants cold-case et on leur attribue un appartement anonyme dans le quartier des Innocents à Paris, même pas un bureau au sein du mythique « 36 ». Bref, Anne entre dans un placard de classe internationale. Mais elle n’a pas le choix. Elle voit arriver peu à peu les membres de son groupe :


Rosière, truculente inspectrice au langage fleuri mais surtout romancière à succès. Elle utilise son talent pour brocarder sa hiérarchie sans vergogne, et cela déplaît, évidemment. Torrez, inspecteur ayant la réputation de porter malheur à ses coéquipiers. Lebreton, ex-commandant de l'IGS ayant cuisiné Capestan lors de son arrestation, veuf et psychorigide, sa hiérarchie a estimé qu’il était inapte. Le bien-nommé Merlot, inspecteur alcoolique. Orsini, inspecteur bavard ayant la réputation d'alimenter la presse sans autorisation et enfin Évrard, inspectrice addict aux jeux d’argent. J’oubliai l’appartement qui est, il faut bien le dire, le 8ème personnage du roman : lieu de travail, certes, mais surtout chaleureux port d’attache, cocon aménagé de bric et de broc par les soins de ce groupe meurtri… sans lui, l’équipe n’existe pas. Sans l’équipe, il n’est qu’un lieu comme un autre.


L’intrigue policière pourrait être secondaire mais il n’en est rien. Au milieu des dossiers insipides, 2-3 cold case attirent l’attention de ces personnages fêlés, abîmés et atypiques qui restent, au fond d’eux, de vrais policiers : le besoin d’enquêter, de flairer, de réfléchir, de supposer, l’envie de débusquer un coupable… Les enquêteurs s’activent et, notamment du fait de leur discrétion et de leur quasi-totale impunité, ils soulèvent un lièvre que je ne dévoilerai pas, par peur de divulgâcher.

C’est un polar drôle, jouissif, frais, presque un feel-good. Sophie Hénaff nous a écrit là un roman qui sort de l’ordinaire. Elle apporte une sensibilité psychologique aux personnages tout en nous faisant réfléchir sur des thèmes tels que l’exclusion et les compétences, la totale pertinence de la hiérarchie sur les « opérationnels », l’autonomie, la rédemption, le pardon aussi… Perso, j’ai envie de me lover dans le salon de cet appartement et de les regarder évoluer. Pas vous ?



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