Mamma Roma, Luca Di Fulvio : YvonS

Mamma Roma, Luca Di Fulvio

Éditions Slatkine et Cie, 685 pages 

Broché,  23€


Mazette, quel roman ! Rome magnifique et répugnante, Rome populaire et aristocratique,  Rome soumise et révoltée, Rome terrible et terriblement romantique...


1870. Un orphelinat, Pietro a16 ans, il est un orphelin misérable parmi des centaines d'autres et ce jour-là sa vie bascule. Il est remarqué et adopté par une comtesse venue chercher le fils qu'elle ne peut avoir. Elle est belle,  très belle, hautaine, dure mais intuitive. Elle aussi est sur le point de voir sa vie transformée. 

1870, au même moment, Marta 15 ans découvre qu'elle est une enfant volée et que sa "famille" circassienne lui cache la vérité depuis toujours. 

Ces 3 là vont se rencontrer, se heurter, s'aimer, se haïr, se battre contre le destin, la misère, la violence de cette ville frémissante de colère qui ne supporte plus l'occupation étrangère et la présence écrasante du Pape.


Luca Di Fulvio a bâti là un roman historique à la hauteur de Dumas, avec le souffle épique de Rostand. Des personnages forts et complexes, des scènes hallucinantes (le cheval emballé au cirque, l'assaut de la muraille de Rome par l'armée italienne, mais il y en a bien d'autres), deux "méchants" extrêmement réussis, des ordures plus complexes qu'il n'y paraît... On rit, on tremble pour les héros, on pleure la mort de certains qu'on haïssait quelques pages plus tôt. Il existe des Héros qui n'en ont pas l'air et des crapules en habit de satin. 


Luca Di Fulvio chante sa ville, ses ordures, ses rats, sa crasse, ses pauvres qui s'entretuent. Luca Di Fulvio chante aussi une ville incroyable, son histoire, son petit peuple, sa langue. Bravo à la traductrice Elsa Damien qui a su trouver un équivalent français au romanesco parlé par le peuple !


Il y a des meurtres, des suicides, des combats héroïques, des amours contrariées, des amitiés étonnantes. C'est aussi un hommage revendiqué à Victor Hugo et à ses Misérables, un bel hommage au cirque (il y a du Fellini dans certaines scènes).

Certes l'auteur s'accorde une licence historique mais elle est tellement justifiée et le reste est tellement bien documenté  (j'ai vérifié sur le Web) et tellement visuel.

Les 200 dernières pages, oui 200, sont haletantes, habilement construites et vous mènent à une fin en apothéose...

J'imagine combien ce livre doit parler aux Italiens... j'ai appris plein de choses sur cette page de l'histoire de l'Italie. La réunification de Rome au reste du Royaume. On a là un mélange de Paris brûle-t-il ? et des Misérables au travers de ces 3 écorchés vifs formidables. J'ai encore dans la tête cette comtesse que rien ne brise, ce Pietro qui risque sa vie par passion, Marta qui découvre la Vie et l'Amour et puis ces circassiens émouvants,  héroïques et pittoresques dont le chapiteau vert blanc rouge est un symbole à lui seul...


Merci à Slatkine et Cie pour ce "pavé" qui se lit tout seul. Luca Di Fulvio a un talent fou, je suis condamné à le suivre.... douce condamnation 😉



A lire sur le blog :

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Soirée VIP chez Slatkine & Compagnie : Charles Aubert et Benedict Wells, Paris, le 24 mai 2022

Auteur à la page #13, avril 2021, Olivier NOREK

Auteur à la page #1, avril 2020, Frank LEDUC