DE CENDRES ET DE LARMES, Sophie Loubière : YvonS


DE CENDRES ET DE LARMES, Sophie Loubière

Éditions Pocket, 379 pages

Parution : 9 juin 2022


Aimeriez-vous vivre dans un cimetière ? Intéressante question, non ? Sophie Loubière explore l'idée...


D'abord, un prologue : une famille dysfonctionnelle, des violences familiales, un adolescent qui se tire une balle dans la tête...

Suit l'histoire en 5 étapes d'une autre famille, attachante celle-là. Madeline est cheffe pompier, Christian vient d'accepter un emploi avec logement de fonction : conservateur d'un cimetière parisien. Avec eux, Anna et Eliot leur enfants, Michael le fils de Madeline. 


Leur histoire commence par le récit saisissant de l'incendie de Notre-Dame, j'en ai encore une fois eu l'estomac retourné, c'est dire si Sophie Loubière sait raconter. Et puis, déménagement et installation au cimetière de Bercy. Une légère angoisse latente, un peu d'humour... au début. La maison est lugubre, humide, froide, moisie mais le voisinage est calme (!) et vivre dans un espace vert dans Paris, c'est du luxe. Et puis Anna adore... alors on se dit que pourquoi pas !


Et puis, petit à petit, une intrusion nocturne, des bruits bizarres, des crises de colère, l'obsession de Michael pour son travail artistique de peintre,  tout cela va lentement,  très lentement, déraper. Vivre dans un cimetière, ça impose des contraintes de discrétion, de respect et d'accueil.  Alors d'où vient ce malaise ? Christian glisse vers des oeuvres obsessionnelles sinistres, Madeline ne supporte plus la violence de sa profession, Anna voit des choses, Michael en filme mais Eliot est amoureux d'Olia. Je vous laisse la surprise de découvrir qui elle est...


Gardez-vous aussi le temps de lire les 60 dernières pages d'une traite. Ce serait dommage de gâcher ça. Je vous promets quelques belles frayeurs, et pourtant on n'est pas dans un roman d'horreur ! Vous allez vous demander jusqu'au bout comment cela va finir... un massacre familial ? Un suicide spectaculaire ? Une attaque sanglante d'une férocité animale, une scène de salle de bain digne d'un Kubrick ajouteront encore à l'atmosphère sinistre. J'ai adoré, pourtant c'était risqué.  La dérive d'une famille qui glisse vers la folie à cause d' un lieu, de possibles intrus et la démence d'un père on a déjà vu ça. Mais Sophie Loubière a su créer une famille qu'on adopte tout de suite avec une mère protectrice mais absente, un père qui vire au bizarre au milieu de ragots malsains sur les précédents occupants du lieu et rester dans une zone grise, ou noire, incertaine.


Alors on oscille entre le fantastique et le roman noir où toutes les explications sont plausibles. Ça met mal à l'aise... ça va en déranger certains, en décevoir d'autres, partisans du thriller pur et dur. Moi j'ai aimé cet entre-deux... et je me souviendrai longtemps de cette famile, de cette maison, de ce cimetière. D'ailleurs je flirte avec l'idée d'y faire un tour.  Pour voir. 😉


Et je continue à me poser la question. Aimerais-je y vivre ? 


Et vous ?



A lire également sur le blog :

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Soirée VIP chez Slatkine & Compagnie : Charles Aubert et Benedict Wells, Paris, le 24 mai 2022

Auteur à la page #13, avril 2021, Olivier NOREK

Auteur à la page #1, avril 2020, Frank LEDUC