Auteure à la page #17, octobre 2021, Sophie Loubière

©Photo exclusive pour MGBooks33

Un immense merci, Sophie, de nous avoir accordé du temps, afin de répondre à nos questions. YvonS a eu un gros coup de coeur pour ton roman Cinq cartes brûlées. De mon côté j'ai beaucoup aimé notre rencontre lors de l'Apéro polar en juillet avec le Gang Pocket. Ces deux éléments combinés, 
cela nous semblait donc tout naturel de te proposer d'être notre auteure à la page du mois de novembre. 

Peux-tu te présenter à ceux de nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?

Romancière et journaliste, je me suis longtemps partagée entre le micro et la plume. Mes émissions et chroniques à France Inter, France Culture et France Info, mêlant littérature, musique et cinéma, ont par bonheur marqué la mémoire des auditeurs lesquels ne manquent pas de me rappeler cette époque de ma vie lors de rencontres dans des salons littéraires. Auteur de douze romans, de recueils de nouvelles et de fictions radiophoniques, j’aborde dans mon oeuvre ces questions qui nous affectent profondément, les relations familiales, l'amour et la trahison, le prix terrible que le passé exige sur le présent et l'avenir. Tant que je serai en capacité d’écrire, je n’aurai de cesse d’explorer les abîmes de l’âme humaine. Voilà 10 ans, j’ai eu la chance de connaître un succès international avec L’Enfant aux cailloux (traduit dans une vingtaine de pays et plusieurs fois primé). Recevoir le prix Landerneau Polar en 2020 pour Cinq cartes brûlées en plein confinement m’a permis de tenir bon, de ne pas lâcher l’écriture. De cendres et de larmes, paru en juin, est à la fois le plus sombre et le plus porteur d’espoir de tous mes romans.

 

Quel genre de lectrice es-tu ?


J’ai toujours été une grande dévoreuse d’histoires. Lorsque j’étais enfant, ma mère le soir nous lisait à mon frère et moi des textes merveilleux signés Jack London, Hemingway, Colette, Hervé Bazin, Balzac, Hugo, Marcel Aymé... Je collectionnais les livres de la bibliothèque rose et verte (littérature classique destinée à la jeunesse), me passionnais pour les aventures du Club des Cinq et d’Arsène Lupin. Mes professeurs de français m’ont fait découvrir des merveilles d’ouvrages de littérature classique, mon père m’a initié à la SF et au roman noir, et je me suis naturellement tournée vers la poésie, le surréalisme. En 2000, lorsque France Inter me propose d’imaginer une émission littéraire et musicale « légère » et « estivale », je plonge aussitôt dans ma bibliothèque dont j’exhume des trésors signés Maupassant, Céline, Pennac ou Giono dont je lis des extraits à l’antenne en direct. Découvrant l’existence de mon émission « Dernier parking avant la plage », les attachées de presse ne tarderont pas à m’inonder de livres en service de presse. Je lis alors entre 6 et 8 romans par semaines, tous genres confondus. Aujourd’hui, je ne lis plus que pour mon plaisir ou dans le but de me documenter pour un prochain roman. Ma PAL s’est donc réduite, même si, au fil des salons et festivals, s’accumulent sur ma table de nuit les ouvrages d’amis auteurs et autrices.


Quel est ton 1er souvenir de lecture ?


Celui d’une couverture : celle d’un livre neuf et joliment illustré que ma mère m’avait envoyé dans un colis lorsque j’étais en classe de neige, l’année de mon CM1. Après la pluie le beau temps de la Comtesse de Ségur, une romancière dont la plume experte a su décrire bien des perversités…

 

Quel est ton dernier coup de cœur littéraire ? 


Un livre de Simenon méconnu qu’un libraire m’a conseillé de lire : Le petit homme d’ d'Arkhangelsk . Un pur chef-d’œuvre d’une rigueur et d’une mécanique implacable sur les ravages du soupçon.

 

Quel est ton premier lecteur ? 


J’ai constitué un groupe de lectrices bêta. Des amies qui ont à mon égard cette générosité de dire, avec franchise, ce qu’elles pensent et ressentent sans jamais me décourager, me bloquer dans le processus de l’écriture.

 

As-tu un rituel d'écriture ou un lieu préféré pour cela ?

 

J’aime assez écrire dans le train, avec mes écouteurs, baignée par une des play-lists créées sur Spotify essentiellement constituées de musiques de films. (en ce moment, j’écoute celle de mon prochain roman "Bloody Coffee". Sinon, j’écris chez moi, dans mon bureau dont il est impératif qu’il soit rangé si je veux avoir les idées claires. Un TOC, chez moi. Tout doit être aligné, en ordre, sinon, cela perturbe ma concentration. L’idéal reste d’aller m’enfermer dans une chambre d’hôtel pour n’être distraite par rien ni personne et me mettre au service de l’écriture, sans me soucier des tâches du quotidien ou de l’heure qu’il est.

 

Quel est le plus beau compliment qu'on t'a fait sur un de tes livres ? 


Ce n’est pas un compliment, c’est un témoignage. Celui d’un père. Ce papa a traversé la semaine la plus difficile de son existence en s’immergeant dans la lecture de Black Coffee, se concentrant sur la quête de mes personnages comme on enfonce la tête dans le sable. Durant 4 jours, assis dans une chambre d’hôpital, il veillait son épouse souffrante, laquelle venait de donner naissance à leur fils gravement prématuré. Les deux êtres qui lui étaient le plus chers étaient entre la vie et la mort. Lorsqu’il a refermé la dernière page du roman, apprenant que la mère et le bébé étaient tirés d’affaire, il a éclaté en sanglots, ayant le sentiment d’avoir traversé autant d’épreuves et triomphé d’elles avec Desmond et Lola, les héros de ma trilogie US.

 

Quelle est la chose la plus bizarre qu'on t'a dite ou demandée à une séance de dédicace ? (la plus bizarre ou la plus drôle LOL)


On me demande assez souvent (des hommes, en général) si je suis l’auteur des livres qui sont devant moi, si c’est moi qui ait « écrit tout ça ». Je réponds alors « non, c’est ma sœur ». 

 

De cendres et de larmes est ton dernier roman veux tu nous en parler ?


Roman noir, De cendres et de larmes (titre inspiré d’une épitaphe) s’ouvre avec l’incendie de Notre-Dame en avril 2019 et a pour décor le cimetière de Bercy à Paris : en y créant un huis clos en clair-obscur, je questionne le deuil mais aussi la culpabilité́ de survivant. Christian, mon personnage de gardien borderline, Madeline, sa femme caporale cheffe sapeur-pompier presque invincible, leurs enfants confrontés chacun à leur façon à ce «jardin des morts», à ses occupants et ses fantômes, cette famille qui peu à peu se fracture entre les murs d’une maison au passé mystérieux… J’ai imaginé et écrit cette histoire qui s’achève le 31 octobre 2019 avec beaucoup d’émotion. L’écriture a commencé et s’est achevée en plein confinement. Cette peur de la contamination et de la perte de ceux que l’on aime m’a habitée durant tout le processus de rédaction. Il est de mes romans l’un des plus touchants et des plus proches, je pense. Vous trouverez les visages de cette famille, le décor du cimetière et la musique du roman sur un blog – comme pour mes trois précédents romans, j’aime proposer au lecteur de découvrir les coulisses de mon métier, « ma cuisine » : comment les histoires, les décors et les personnages viennent à moi, jusqu’à la partition qui accompagne l’écriture, chapitre après chapitre. 

 

Quelque chose à ajouter sur tes projets en cours ? Un scoop…. ? ou tout ce que tu auras envie de nous confier (et dont on aurait pas parlé plus haut).


Je travaille actuellement au dernier volet de ma trilogie US, Bloody Coffee ainsi que sur un projet plus personnel qui sera un témoignage sur mon parcours de petite fille dyslexique devenue romancière. Si ce témoignage peut venir en aide à des enfants et des parents confrontés à cette problématique, j’en serai très heureuse.


A lire sur le blog :


- Cinq cartes brûlées, YvonS

- Sophie Loubière, Prix Landerneau Polar 2020


😎 les portraits précédents : 

Commentaires

  1. j'ai lu des Cendres et des Larmes et j'ai beaucoup aimé (voir mon retour sur babelio pseudo : mariechrist67)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Soirée VIP chez Slatkine & Compagnie : Charles Aubert et Benedict Wells, Paris, le 24 mai 2022

Auteur à la page #13, avril 2021, Olivier NOREK

Auteur à la page #1, avril 2020, Frank LEDUC