Auteur à la page #7, Bruno Bouzounie


© Photo exclusive pour MGBooks


Merci cher Bruno d'avoir accepté de jouer le jeu et d'avoir pris le temps de répondre à nos questions. J'espère que cela permettra à nos lecteurs d'en découvrir un peu plus sur toi.


Pour débuter peux-tu te présenter à nos lecteurs, s'il te plaît ?


Très banal, enseignant ASH (Adaptation Scolaire Handicapés), soixantaine, Aquitain depuis toujours. AU BOUT DE LA NUIT, sorti en mai 2019, a reçu le Prix Femme Actuelle.

FURIES est dans les bacs depuis le 10 septembre 2020.


Quel genre de lecteur es-tu ?


Épisodique et impulsif. En d’autres termes, je ne dévore pas les livres à l’instar de beaucoup de lecteurs qui m’impressionnent par leur consommation. Quand un bouquin m’a marqué par son intrigue ou le questionnement auquel il m’invite, il résonne en moi longtemps, je n’ai pas envie de le quitter. 


Quel est le livre sur ta table de nuit en ce moment ?


Ainsi passe la gloire du monde, Robert Goolrick. Une méditation sur le passé, le sens de nos actes, un chant d’amours perdues.


Quel est ton premier souvenir de lecture ?


Un vieux conte dont j’ai oublié jusqu’au titre. J’étais en section enfantine et ma mère a découvert que je savais lire. J’avais appris en regardant les CP, un peu comme Pagnol, du fond de la classe.

Puis, sans pouvoir les sérier chronologiquement, Robinson Crusoë, Moby Dick ou 20 000 lieues sous les mers.


Avec quel auteur présent ou passé aimerais-tu boire un verre ? Jules Verne ?



Je ne suis pas sûr d’être friand de la chose. Que dire ou demander sans tomber dans la banalité, sans que l’entretien ne vire au cauchemar de l’ordinaire ? Par contre, comme il aurait été savoureux d’être l’ami d’un de ces géants pour écouter leurs confidences certains soirs après le repas.

Mais s’il faut une réponse, sans doute un homme comme Mark Twain. Comme tous les gosses, j’ai eu peur avec Tom, j’ai rigolé en me prélassant avec Huck allongé dans les roseaux du Mississippi, j’ai aimé Becky. J’aimerais qu’il me parle de son temps, d’une ère où tous les possibles s’offraient aux hommes, une époque où regarder devant faisait battre des rêves dans les cœurs et non la peur dans les yeux comme aujourd’hui. Je crois que nous pourrions être d’accord sur bien des points comme la religion.


Lecture dans ton salon ou sur la plage face à la mer, bercé par le bruit des vagues ?


De préférence dans un endroit familier, intimiste. Le moins de distraction possible. J’aime que l’horizon s’efface devant le monde que je découvre.


Le plus beau compliment qu'on t'ait fait sur tes livres ?


« Je suis tombé amoureux de Morgane... »

D’une manière générale, tous les propos relatifs aux personnages, les trouvant attachants, humains même dans leur inhumanité. Les personnages sont l’évocation de ma sensibilité, aucun n’est tout à fait fictif, ils sont tous un peu moi. Et quand on a oublié les histoires, ce qui reste, ce sont eux.


Le truc le plus farfelu qu'on t'ait demandé en dédicace ?


« C’est vous qui l’avez écrit ? » 


Quel a été le déclencheur de l'écriture de "Au bout de la nuit" ?


J’ai souvent dit un épisode adolescent. Cela reste vrai mais il y a eu aussi un moment de ma vie où j’avais besoin de me réinventer, me prouver quelque chose. 

Et puis, tout au fond, bien caché mais pas assez pour ne pas être vu, le sentiment que ces histoires partagées laissaient des traces de moi. On n’aborde pas la soixantaine sans arrière-pensée. La fin du jour n’est pas encore là mais les heures les plus chaudes sont déjà passées. Un livre, aussi modeste soit-il, c’est un passeport pour l’au-delà. À l’heure où je serai parti, il se trouvera peut-être une personne pour tirer un de mes romans d’une étagère poussiéreuse. Alors, je vivrai toujours.


Était-ce ton premier essai de roman ou en as-tu écrit d'autres non parus ?


Au bout de la nuit était mon premier essai. Deux ou trois histoires sommeillent dans mes « tiroirs ». Des récits où les personnages attendent ma visite pour conclure leurs péripéties. Des histoires bien différentes parfois comme celle d’une jeune fille dont je suis sous le charme depuis plus de vingt-ans.


Tu es très réactif sur les réseaux sociaux. C'est important pour toi ? 


Je suis toujours surpris (mais heureux) de constater des marques d’intérêt pour ce que j’écris alors que je suis un auteur insignifiant (ceux qui me connaissent savent que je ne pêche pas par excès d’humilité). Réagir à leurs témoignages, c’est bien la moindre chose.


Quel est ton tout premier lecteur ? As-tu un groupe défini de "beta lecteurs" ?


Celle qui partage mes jours a joué ce rôle pour le premier et elle en garde un mauvais souvenir. Je la comprends. Comment être impartiale, tout devient affectif, bref, un calvaire. Je ne lui imposerai plus cette épreuve. Donc, pas de beta-lecteur. 


As-tu un rituel d'écriture ?


Le calme, la solitude et sans doute à la nuit tombée. La réalité s’efface et l’imaginaire peut s’extraire de l’infini. Et si la musique s’invite, alors, c’est parfait.


Ton écriture est soignée, quel est le mot de la langue française que tu préfères ?


Il y en aurait beaucoup. Lucidité, qui fait si souvent défaut dans l’épreuve. Folie, tellement  condamnée mais indispensable pour donner de l’éclat à nos vies. Amour. Vit-on seulement pour autre chose ? J’aime aussi la délicatesse de florilège, comme une palette infinie de sentiments, de senteurs ou de couleurs.


Tu es professeur des écoles ET papa de 4 enfants. Quand trouves-tu le temps d'écrire vu la densité de tes histoires ?


En fait, j’ai pris beaucoup de distance avec l’enseignement pour diverses raisons. Ce qui explique que le temps ne me manque pas. Je dois d’ailleurs dire que l’abondance de ce facteur n’est pas un gage de productivité ou de qualité.


Une réaction de ton IDEN ? (NDB: Inspecteur Départemental de l'Éducation Nationale, c'est l'inspecteur local qui "note" les professeurs des écoles)


Aucune, pour autant que je sache.


A voir la complexité de la construction de tes romans, tu l'établis donc avant de commencer à écrire. Mais ensuite, tu écris chaque histoire séparément ou tu écris en respectant l'ordre de lecture final ? Et t'accordes-tu une certaine liberté ou restes-tu fidèle à ce que tu as établi ? 


Lorsque plusieurs intrigues se chevauchent, ce qui est le cas dans mes deux romans, l’écriture ne se fait jamais au détriment du fil de lecture. Je quitte les personnages évoluant dans un autre espace-temps et retrouve ceux que j’ai laissé la veille. Bien sûr, je sais ce qui va se passer dans l’autre histoire mais je ne veux pas créer de déséquilibre entre les intrigues. Parfois, je me fais violence mais je sens qu’il vaut mieux agir de la sorte plutôt que de voir des personnages prendre le dessus et d’autres pâlir dans le livre.

Pas de psycho-rigidité bien sûr. On peut virer quelques degrés à bâbord ou à tribord pour éviter un grain mais il faut penser à revenir au cap ensuite.


Ton premier roman se déroule à Bordeaux. Dans le second, Furies, il est question des Landes. Est-ce important pour toi que tes romans se déroulent "chez toi", dans ta région ?


Non, vraiment pas. Mais je trouve plus facile de mettre en scène des lieux que je connais pour restituer l’atmosphère d’une ville provinciale, l’ambiance d’un café, un grand lac sous l’aurore. 

Ça me rappelle la réflexion d’un auteur dans un petit salon qui s’offusquait d’être toujours classé au rang des auteurs régionaux et qui arguait du fait que Bernard Minier avait écrit plusieurs fois avec les Midi-Pyrénées pour théâtre sans bien sûr être taxé du même qualificatif. Amusant, non ?


Une envie de voir un des tes romans porté à l'écran en film (ou série) ? As-tu un film culte ?


L’envie ? Sans aucun doute mais je me demande ce que je ferais si l’adaptation malmenait mon histoire. Comme il n’y a aucune raison pour que cela se fasse, je dors tranquille.

Beaucoup de films vus et revus. La mort aux trousses, Inception pour le thriller. Blade Runner, Interstellar pour des questions existentielles et personnelles. Et même Nuits Blanches à Seattle pour l’histoire d’amour impossible (la mienne).


Un scoop pour nos lecteurs ? 


L’ex-flic Damien Sarde (AU BOUT DE LA NUIT) et le commandant Antoine Meyer (FURIES) devront œuvrer de concert pour mettre un terme à leurs tourments.


Parmi toutes les questions posées as-tu utilisé ton joker pour l'une d'entre elles ? LOL


Presque toutes, je crois...


Souhaites-tu ajouter quelque chose pour nos lecteurs ?


Lisez encore et toujours, toutes les histoires. Les mots sont des guérisseurs de maux.





A lire sur le blog :


- Au bout de la nuit, le premier Opus de Bruno Bouzounie de MGBooks et YvonS

- Furies de YvonS

😎 les portraits précédents : 





Commentaires

  1. Beaucoup de poésie dans les réponses. C'est beau et agréable de découvrir l'univers de M. Bouzounie

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  2. j'ai beaucoup aimé au bout de la nuit e adoré aussi Furies et ces réponses
    de l'auteur me plaisent aussi beaucoup, sans le groupe de lecture je serais peut
    être passé à côté de cet auteur et ça aurait été vraiment dommage .

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