Auteur à la page #5, août 2020, Christophe Vasse
Pour ceux qui ne connaissent encore rien de toi (est-ce possible ?), peux-tu s’il te plaît te présenter ?
J’ai 46 ans, je suis né à Toulouse, et c’est en région toulousaine que je vis et travaille encore aujourd’hui. J’ai l’habitude de dire que j’ai deux métiers, le premier pour subsister : ingénieur, le second pour exister : écrivain – exister dans le sens où c’est dans ce métier que je prends vraiment le plus de plaisir. J’écris depuis maintenant un peu plus de quinze ans ; j’ai commencé par des nouvelles, puis me suis attaqué aux romans. J’écris actuellement mon sixième, mais seulement deux ont été édités à ce jour.
Parmi tes auteurs « référence » tu cites volontiers Stephen King, Tolkien, John Irving, Westlake, Lovecraft, Grangé, Chattam et George R.R. Martin auteur de la saga du Trône de fer. Quel est l’univers dont tu te sens le plus proche ?
Je ne suis pas plus proche de l’un de ces univers que d’un autre, l’essentiel étant pour moi de voyager. J’évite de lire des histoires qui me plongent dans la réalité de tous les jours, j’ai besoin de voir autre chose, de partir loin, de respirer de grandes bouffées d’air frais ou de suffoquer dans une maison remplie d’esprits ou dans le cerveau torturé d’un psychopathe. J’ai besoin d’être surpris, bluffé, mais pas l’envie qu’on me raconte une histoire que je pourrais vivre au coin de la rue. Et c’est exactement le même genre d’histoires que j’ai envie d’écrire.
Quel genre de lecteur es-tu ? Matinal, nocturne ou après-midi-canapé....
Mon animal totem est une marmotte, je ne suis donc pas très matinal... J’ai du mal à rester en place donc l’après-midi canapé, je ne sais pas trop ce que c’est. Par conséquent, je suis plutôt un lecteur noctambule. Une dizaine de pages par jour seulement quand je suis en phase d’écriture, mais jusqu’à un à deux bouquins par semaine quand je suis entre deux manuscrits.
Avec quel auteur (vivant ou non) prendrais-tu un verre et pourquoi ?
J’ai tellement de noms en tête… Je choisis Umberto Eco, juste pour qu’il me raconte la genèse de son roman « Le nom de la rose ». Un verre ne suffira certainement pas, et c’est tant mieux parce que je pense que c’était un bon vivant et que nous n’aurions tous deux pas été très frais en nous levant de table…
Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit ?
Une fois de plus, c’est « Le nom de la rose » qui me vient en tête, à mon sens le meilleur polar de l’histoire de la littérature, qui n’a pas d’égal et qui n’en aura peut-être jamais.
Quel est ton 1er souvenir de lecture ?
« Germinal », de Zola. J’ai commencé à lire ce roman le lendemain du bac de Français. Ce jour-là, je me suis dit : « Maintenant, plus personne ne me dira ce que je dois lire, c’est moi qui choisirai mes livres », et j’ai choisi ce roman. Étrange, me direz-vous, de choisir justement un livre qui aurait très bien pu figurer au programme du bac de Français… Ne me demandez pas pourquoi j’ai jeté mon dévolu sur celui-ci, tout ce que je sais c’est que c’est grâce à lui que j’ai appris à aimer la lecture. Depuis « Germinal », je n’ai jamais plus cessé de lire - merci monsieur Zola.
Ado bouquineur ou Ado cinéphile ?
Les deux mon capitaine ! Ado fan de Stephen King et d’Agatha Christie, et accro de séries télé et de cinéma : Superminds, Supercopter, Les contes de la crypte, et des virées régulières avec mon frangin au vidéoclub près de chez moi pour louer les dernières sorties ciné. Rien qu’en évoquant le souvenir de ce vidéoclub, j’ai une petite larme à l’œil…
Tu as obtenu le prix du polar Femme Actuelle 2017. Que change l’obtention d’un prix dans la vie d’un auteur ?
C’est grâce à ce prix que j’ai été édité, il m’a donc fait passer du statut d’écrivain en herbe à celui d’écrivain édité à compte d’éditeur, et être édité avec un prix à la clef, c’est un sacré coup de pouce pour se lancer. Bien sûr, cela ne constitue en aucun cas la garantie d’une « carrière » d’écrivain, mais signer un contrat d’édition, c’est un premier pas de géant. Au-delà de ça, c’est grâce à ce prix que j’ai retrouvé l’envie d’écrire, car j’avoue que les lettres de refus reçues pour mes trois premiers manuscrits avaient un peu eu raison de ma persévérance… C’est ma compagne qui m’a remis en selle (c’est elle qui a présenté mon troisième manuscrit aux éditions Nouveaux Auteurs et au prix femme Actuelle), et après l’obtention de ce prix, je n’ai jamais cessé d’écrire.
Quel est le livre sur ta table de nuit en ce moment ?
Il y en a deux : « Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire », de L.C. Tyler, policier humoristique découvert par hasard à la médiathèque de ma commune, et « Jacques Généreux explique l’économie à tout le monde », un petit manuel très utile pour être capable de faire le tri entre toutes les âneries qu’on nous raconte à longueur de temps dans les médias…
Quel type de roman n’arrives-tu pas à lire ?
J’ai répondu un peu à cette question avec votre seconde question : des romans qui racontent des histoires de « tous les jours », ancrées avec force dans notre société contemporaine, et dont je pourrais moi-même être le héros. Je n’ai pas besoin de ça, je lis pour m’évader, pour oublier pour un temps le monde dans lequel on vit. L’histoire d’un chômeur qui galère pour retrouver un boulot ou d’un papa qui se pose chaque jour la question de savoir s’il a fait le bon choix en s’éloignant de ses enfants, je connais, merci. À moins que ces histoires me fassent éclater de rire, je passe mon chemin. Voyager au côté de Gandalf en Terre du Milieu par exemple, ça, c’est autre chose…
Tu malmènes pas mal les chats (et les chiens ?) dans tes romans. Un vieux compte à régler ? Dis-nous en plus LOL
Aïe… Si je réponds à cette question, je fais me faire des ennemies parmi mes lectrices félinophiles, et elles sont nombreuses… Disons simplement que les chats possèdent certaines « qualités » que j’adore tourner en dérision, ils sont donc malheureusement pour eux l’une de mes cibles préférées…
Quel livre relis-tu régulièrement ?
En général, je n’aime pas relire un livre, parce qu’il y en a tant à lire que je préfère découvrir en permanence. « Le seigneur des anneaux » est l’un des rares que j’ai lus plusieurs fois. Même « Le nom de la rose », je ne l’ai lu qu’une seule fois, et pourtant ce n’est pas l’envie qui manque de le relire – je l’ai racheté exprès pour cette occasion. Malheureusement, j’en trouve toujours un autre qui lui passe devant dans ma PAL.
Quel livre n'as-tu jamais pu finir ? Ou quel genre de livre te fait fuir ?
« Le rhinocéros du pape », de Lawrence Norfolk. Je ne sais plus très bien pourquoi, mais je me rappelle de descriptions interminables et assez tarabiscotées. Quant au genre de livres qui me fait fuir, et bien j’ai déjà un peu répondu à cette question dans ce qui précède (vous essayez de me piéger en vérifiant que mes réponses sont cohérentes, c’est ça ?...), mais pour vous faire plaisir, je vais ajouter un autre genre avec lequel j’ai du mal : la poésie. Il y a de merveilleux poèmes et des auteurs comme Rimbaud, Apollinaire, ont un don extraordinaire pour mettre les mots les plus justes sur les sentiments et les émotions, mais j’ai l’impression de ne pas être « câblé » pour lire ce genre de littérature.
As-tu un rituel d’écriture ?
Oui, je sacrifie toujours un chat avant d’écrire un nouveau chapitre, ce qui explique pourquoi les derniers chapitres sont toujours les plus longs à écrire – il faut que je laisse à la population féline de mon quartier le temps de se reconstituer. Plus sérieusement : non, pas vraiment. J’écoute parfois un peu de musique ou je lis quelques pages d’un roman avant de me mettre au travail, comme une façon d’amorcer la pompe, mais rien de plus.
Tu es plutôt documentation sur le Web et en bibliothèque ou préfères-tu aller sur place pour t'imprégner d'un lieu ?
J’ai commencé en bibliothèque, en effet, mais aujourd’hui, j’avoue que je fais l’essentiel de mes recherches sur Internet. Pour le repérage des lieux, je privilégie le repérage « physique » chaque fois que cela est possible, mais se déplacer aux quatre coins de la France et au-delà, ce n’est pas évident. Dans ce cas, encore une fois, c’est Internet et des outils comme Street View par exemple qui viennent à la rescousse. Ce n’est bien sûr pas l’idéal car les sons, les parfums, sont des choses essentielles à l’atmosphère, auxquelles vous n’avez accès que si vous vous rendez sur place. Par exemple, pour La porte de Bosch, je suis allé en repérage dans une abbaye car une ambiance particulière est souvent attachée à ce genre de lieux, que je tiens à retranscrire dans mes écrits et qui est inaccessible autrement que par un repérage sur place.
Le plus beau compliment qu'on t'ait fait sur tes romans/toi en tant qu'écrivain ?
Hum… Question difficile… J’ai par exemple eu l’occasion de discuter avec une lectrice qui m’a dit que la psychologie des personnages de « Celle qui ne pleurait jamais » était particulièrement réussie. Cela m’a fait vraiment plaisir parce que cette lectrice était… psychologue. Pas mal de lectrices m’ont aussi dit qu’elles avaient versé une larme à la fin de ce roman, ce qui me touche beaucoup parce j’ai moi-même mis énormément de cœur à écrire la scène à laquelle ces lectrices font référence.
La question qu'on ne t'a jamais posée et que tu aimerais qu'on te pose ?
« La question qu’on ne t’a jamais posée et que tu aimerais qu’on te pose ? » (savante insertion d’une mise en abyme).
La question qu'on te pose systématiquement et qui t'horripile ?
Il n’y a pas vraiment de questions qui m’horripilent, plutôt qui m’amusent beaucoup, par exemple : « C’est vous qui avez écrit ce roman ? » ou « Savez-vous où je pourrai trouver des carnets à lignes avec des petits chats dessus ? » (ça, c’est quand on me prend pour un employé de la librairie où je suis en dédicace).
Le truc le plus fou ou bizarre que l’on t’a demandé ou dit lors d’une dédicace ?
J’ai un jour fait une dédicace pour un certain… Christophe Vasse. Véridique !
Quand on regarde le « palmarès » de la maison d’Edition des Nouveaux Auteurs c’est impressionnant. On te souhaite le même succès que des auteurs tels que Claire Favan, Jacques Saussey....
Je pense que les éditions Nouveaux Auteurs sont en train de prendre une autre dimension, et je suis heureux d’être embarqué dans l’aventure. Et si je connais le même succès qu’Agnès Ledig, Claire Favan ou Jacques Saussey, ce sera forcément grâce à vous toutes et à vous tous, et je profite de cette petite tribune pour vous en remercier.
Peux-tu nous parler de ton (tes) projet(s) en cours ?
J’ai deux projets en cours, un polar et une histoire d’un tout autre genre qui demande beaucoup de patience et de persévérance, mais un sacré défi qui me tient vraiment à cœur. J’espère que les deux projets se concrétiseront un jour.
As-tu un scoop pour nos lecteurs ?
Si je vous disais : celle qui revenait bientôt ?...
A lire sur le blog :
2020
Quelle belle interview...😊
RépondreSupprimerMerci pour ce sympathique moment. Christophe a beaucoup d'humour.
Je fais partie des lectrices qui aiment la psychologie de ses personnages, particulièrement celui de Gabrielle.
Alors longue vie à notre auteur chouchou
Bravo à vous pour ce bel interview et à Christophe pour ses réponses pleines d'humour et de sincérité.
RépondreSupprimerHello ! Excellente interview, qui apporte encore plus d'eau au Moulin de l'Envie de lire Christophe. La référence à la marmotte en tant qu'animal totem est très drôle. J'ai hâte de lire le prochain ouvrage de notre CV préféré.
RépondreSupprimerMerci, les bloggueurs !