Les jours heureux ne s'oublient pas, Gavin's Clemente Ruiz : Marina

Les jours heureux ne s'oublient pas, Gavin's Clemente Ruiz

Éditeur ‏: ‎Albin Michel (5 avril 2023)
Broché ‏: ‎208 pages - ©photos MGBooks33

J'ai découvert la plume tendre et sensible de Gavin's avec son tout premier roman "Comment papa est devenu danseuse étoile" et j'ai été tout de suite conquise. Imaginez donc ma joie lorsque j'ai appris de la bouche même de l'auteur, qu'un tout nouveau roman allait voir le jour.. J'ai pris le temps de me lancer dans la lecture de sa nouvelle histoire, sachant très bien à quel point cela allait me plaire et combien il me serait difficile de le terminer. Ce fut exactement ce qui se produisit !


Les jours heureux ne s'oublient pas est un petit bijou, un bonbon acidulé au doux parfum de l'enfance et du temps qui passe que l'on prend le temps de savourer, de déguster.

Venez, je vous raconte tout ça.


Gontran a 39 ans et vit à Paris. Photographe doué, il est épanoui et dans sa vie professionnelle et dans son couple avec Claire. Gontran et Claire sont les parents de Léo, leur ado de 15 ans. Un jour, en plein bouclage au travail il reçoit un appel un peu paniqué de Victoire, la nouvelle compagne de son père. Elle lui annonce que son géniteur va mal et qu'il doit venir sur le champ. Gontran, galvanisé par l'urgence qu'il a ressentie dans la voix de celle-ci décide de se rendre sans attendre sur place, à Valence en Espagne. Il ne le sait pas encore mais sa vie en sera chamboulée à jamais. 


Là-bas il découvre un homme seul, veuf, écrasé par les souvenirs encore à vif partagés avec la femme de sa vie, la mère de Gontran, qui les a quittés quelques années plus tôt après un cancer foudroyant. Lui, le fils, pensait que son père avait refait sa vie et, pris dans le tourbillon de sa vie citadine ne s'inquiétait pas outre mesure pour cet homme bourru, parlant haut et fort, dont il avait toujours un peu craint les débordements depuis sa plus tendre enfance. En Espagne, dans la nouvelle maison dans laquelle son père s'est installé, après avoir découvert qu'il n'était nullement question de vie ou de mort (ouf LOL), Gontran va remonter le fil du temps et voir pour la première fois Manuel (son père) tel qu'il est. Et il va également en apprendre davantage sur sa mère, et sur ses parents, leur vie à deux, puis avec lui, enfant. Avec le voile des souvenirs qui se déchire, son regard d'adulte et sa meilleure compréhension de certains éléments, Gontran et son père parviendront-ils à enfin se comprendre ? Eux qui ont toujours plus ou moins vécu l'un à coté de l'autre, sauront-ils s'apprivoiser, se rapprocher ? L'épouse, la mère, était le ciment, le trait d'union entre eux. Une fois disparue elle a emporté la cohésion, les laissant tels deux pantins désarticulés, incapables de se mouvoir et d'interagir. Cette femme qui tenait une place essentielle dans leur vie a laissé un vide abyssal. Dès lors, difficile de s'en remettre pour l'époux et de se construire, pour le fils.


Gavin's a ce je ne sais quoi de magique, de doux, de tendre dans ses mots et sa façon de les faire onduler dans ses phrases. Il évoque avec beaucoup de pudeur cette relation entre un père et son fils devenu un homme, un mari et un père à son tour. Gauche, Manuel, le père, s'est toujours senti démuni et bien empêtré pour exprimer ses sentiments. Il pense qu'il est trop tard à présent.. et si ce n'était pas le cas ? Et si tout restait encore possible ? La compréhension de l'autre, le pardon aussi, pour les mauvais choix, les faux pas, les discours blessants, quelquefois. A présent qu'il est grand-père, avec Léo, la nouvelle génération, il y aurait tant à partager et à découvrir. La transmission, les relations filiales sont très bien décrites, tout cela sans aucun pathos ni aucune mièvrerie, bien au contraire. Le fils se rend compte que son père n'a en fait jamais fait le deuil de son épouse. Les rôles alors s'inversent et c'est Gontran, le fils, qui va prendre soin de son père. Il va tenter de l'aider à avancer, à passer le cap pour enfin pouvoir avancer et ne plus se réfugier dans cette maison dont il a fait un véritable mausolée. 


On est tout de suite dans l'histoire, et on aime les personnages du roman dès qu'ils apparaissent, sans concession. On les accepte tels qu'ils sont dans leur force et leur faiblesse. Ils sont touchants d'humanité et beaux dans leur façon de tenter de se comprendre et de se rapprocher. Ils s'aiment, incontestablement, même s'ils sont maladroits pour le dire, n'ayant jamais vraiment eu de "mode d'emploi" sous la main.

L'émotion est là, prégnante, au fil des pages et ne vous lâche plus, jusqu'à la fin. De même que la nostalgie, celle de l'enfance, de l'insouciance et des moments passés en famille. Les gorges sont nouées et les yeux humides. 

 

Un grand merci à Gavin's pour ce magnifique roman, bourré d'humour, véritable hymne à la vie, ce moment intimiste dont la lecture fait un bien fou. Un roman lumineux, et plein d'espoir à lire, à offrir, à faire découvrir à un maximum de personnes autour de vous.



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