Bien-Aimée, Aurélie Tramier : Marina

Bien-Aimée, Aurélie Tramier

Éditeur ‏: ‎Hachette Fictions (31 janvier 2024)
Broché ‏: ‎432 pages

Une rencontre chez Babelio en 2022 autour de son roman La flamme et le papillon m'avait permis de rencontrer Aurélie Tramier. Coup de coeur pour son style, ainsi que pour l'auteure. Souriante, chaleureuse, un échange très intéressant autour de son univers. Une plume sensible, fluide et pudique, toute en émotion.. il ne m'en fallait pas plus pour décider de la suivre dans ses prochaines parutions.. Vous imaginez donc mon impatience à l'annonce de l'arrivée de Bien-Aimée, un roman cher à son coeur.

 

Je ressors de ma lecture toute chamboulée, bouleversée par cette histoire incroyable, cette formidable épopée. Suivez-moi, je vous en dis plus.

 

Le roman se déroule sur deux temporalités. La première en 1940 au Camp des Milles à Aix en Provence où se trouve Hans Weber, un hautboïste allemand qui fuit le na.zisme. Comme beaucoup d'artistes et d'intellectuels opposés aux idées du régime en place, il a été interné dans ce camp, ancienne tuilerie et attend que les autorités allemandes statuent sur leur sort. La seconde se passe en 2022. Nous faisons la connaissance d'Esther, une jeune femme qui reçoit de son père une montre ancienne gravée du nom de Hans W, ayant appartenu à sa grand-mère (à elle), atteinte d'Alzheimer. 

 

2022. Le couple d'Esther va mal, elle voit son ado de fils en pâtir et elle peine à concilier son travail qui est très prenant et sa vie personnelle qui semble partir à vaut l'eau. Aussi, quand, lors d'une sortie scolaire au camp des Milles, elle tombe sur une photographie d'une inconnue portant exactement la même montre, décide-t-elle de se lancer à corps perdu dans la quête de la vérité. Un fil inattendu et incroyable semble en effet la lier au passé. Esther jette toute son énergie dans cette enquête pour tenter de percer ce mystère et comprendre qui est cette inconnue dont le regard est si troublant. Son fils quoiqu'hésitant au départ se joint bientôt à elle dans sa course vers la résolution de cette énigme. Ce qui au départ semblait n'être qu'un dérivatif à sa vie qui se délite et une tentative pour se rapprocher de son fils devient très rapidement obsessionnel. Esther sait viscéralement qu'elle doit mener à bout son investigation pour lever le voile sur les secrets du passé.

 

Aurélie change de genre avec Bien-Aimée, en nous plongeant dans un roman historique. Extrêmement bien documenté, le récit nous fait vivre le quotidien harassant des hommes qui travaillaient dans le camp. Tâches répétitives et assommantes, mais pour eux, tout valait mieux que le terrible ennui et l'incertitude dans lesquels ils s'engluaient en attendant que le gouvernement en place ne décide de leur sort. Dès les premières lignes nous sommes immergés dans l'histoire.. que ce soit au côté de Hans tentant de survivre dans le camp tout en se battant avec ses démons et sa part d'ombre, mais également d'Esther, elle aussi en proie avec de nombreuses difficultés, voulant plus que tout renouer des liens avec son fils. Les époques sont différentes mais la rage de vivre, de s'en sortir, et de garder le cap est bel et bien identique.

 

Les chapitres sont courts, les histoires s'entremêlent et le rythme ne faiblit jamais. La lecture se fait de façon fluide. L'auteure aborde avec une plume très sensible et pudique des thèmes poignants comme l'amour.. avec un grand A. Que ce soit l'amour maternel, ou l'amour charnel ainsi que la fraternité, l'humanité. Nos personnages sont forts, courageux et extrêmement résilients. Aurélie lève le voile sur une facette méconnue de l'Histoire franco-allemande pendant la 2nde Guerre Mondiale, celle d'Allemands détenus dans ce camp des Milles dont je savais si peu avant de démarrer ma lecture.

 

J'ai été très émue par ce récit très dense et poignant. Aurélie a en effet brillamment su imbriquer les deux temporalités et en rendre la lecture addictive, avec plusieurs rebondissement ingénieux. Le poids des secrets de famille, la quête d'identité et la volonté de se reconstruire font souffler un vent épique sur l'incroyable destinée de nos personnages. Une véritable valse de sentiments dans laquelle nos danseurs semblent s'effleurer, se croiser et tenter de s'atteindre. Une histoire servie par le Maestro Hans, musicien magicien, qui donne vie aux mélodies qu'il joue pour habiller d'un peu de joie et d'allégresse le sinistre environnement qui l'entoure. Le pouvoir de la musique contre la barbarie ? Contre la fatalité ? Cela sera-t-il suffisant pour le sauver du triste sort qui semble l'attendre ? Et comment nos héros vont-ils surmonter les choix douloureux et déchirants qu'ils vont être amenés à faire ? Et que dire de la bravoure de tous ceux qui jusqu'au bout auront lutté et résisté ?

 

Les personnages de Hans, Elisa, Greta, Esther resteront longtemps gravés dans vos esprits.. bien après que le mot fin se soit dressé devant vos yeux.

 

Un roman traitant de la guerre certes, mais toutefois lumineux, dont l'amour, l'humanité, la fraternité et l'espoir exsudent à chaque page. A dévorer d'urgence tant l'histoire est belle et le style magnifique. 

 

Bonus : la couverture est superbe et que dire de la playlist ?



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