L'invention d'un père, Arnaud Friedmann : Yvon

L'invention d'un père, Arnaud Friedmann

Editions La Manufacture de Livres, 223 pages

Broché

Parution : 4 avril 2024

© La Manufacture de livres


J'ai découvert Arnaud Friedmann avec La femme d'après, j'ai tout de suite été fasciné par son univers er son style littéraire, son écriture de la psychologie de ses personnages, une certaine poésie et cet emploi de l'incertain dans son récit. Alors je ne voulais pas rater celui-ci, et je ne suis pas déçu..


Un très bref prologue d'une demi-page, beau et glaçant. Un homme jeune, la trentaine, il est mourant. Quelques mois auparavant, en couple, il attendait un enfant et puis quelques jours avant la naissance il a fui. Paniqué. Abandonnant sa compagne à ce moment crucial. Depuis un SMS de quelques mots : Béatrice, la date et l'heure de naissance. Il est père et va mourir. Dans quelques mois. Six au maximum. Alors il revient, plus tard, très tard. Pour le temps qu'il lui reste à vivre il veut devenir père, être père. Et il enlève sa fille de 7 mois. Et s'installe, se cache en forêt dans une cabane, celle de son enfance. Et là le duo improbable le père agonisant, l'enfant pleine d'énergie vitale vont vivre ensemble quelques jours. Cette énergie vitale que lui économise pour vivre et profiter de sa paternité jusqu'à la fin. Seuls en forêt avec la nature, les oiseaux, le soleil, un cheval étique.. et les hallucinations, les cauchemars, la peur, la douleur, l'amour.. la sérénité ? Peut-être.


Arnaud Friedmann a choisi de très courts chapitres de quelques lignes à 3 ou 4 pages maximum. Comme des flashs. Des moments de leur vie, de la vie finissant, de la vie commençant. Du passé, de l'enfance de son héros, de sa vie avant la fuite et l'enlèvement. Et puis la lettre, celle qu'il écrit sur un coin de table sur quelques feuillets arrachés pour sa fille, quand elle sera grande. Lettre arrachée à la mort, à ses souffrances, à sa mémoire qui lui joue des tours. C'est beau et tragique. La plume d'Arnaud Friedmann est poétique ou cruelle, pleine d'amour et d'angoisses, de sérénité aussi. 


Folie d'un homme qui meurt, regrets d'un homme qui ne verra pas grandir cette enfant qu'il a d'abord fuie. On est dans sa tête, dans ce corps qui se défait déjà, qui faiblit d'heure en heure. Un roman bref que je me suis obligé à lire en deux fois, j'aurais pu le lire d'une traite mais je voulais profiter de la plume de son auteur et rester avec ce personnage de père si attachant.


Et comme dans La femme d'après, on reste imprégné longtemps du texte d'Arnaud Friedmann.. 


A retrouver sur le blog :


- La femme d'après

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