LES EAUX ASSASSINES, Dominique Van Cotthem : Yvon

LES EAUX ASSASSINES, Dominique Van Cotthem

Editions Genèse, 235 pages


Leïla, Paloma et Réjane. Trois femmes qui vont voir leurs vies exploser..


Nous avons tous vu les inondations qui se multiplient avec le changement climatique. Dominique Van Cotthem a été frappée par une crue qui a ravagé sa maison lors des inondations meurtrières de 2021 en Belgique. Mais au-delà des dégâts matériels, le choc psychologique, la peur pour soi et pour les siens, il y a des conséquences auxquelles on ne pense pas. Et dans ce court roman, Dominique Van Cotthem brosse le terrifiant tableau d'une crue monstrueuse qui en quelques heures va ravager des villages, des maisons et trois vies. Je dis court roman parce que c'est l'impression qu'on en a, on le dévore. On ne voit pas passer le temps, on est accroché à la destinée de ces trois héroïnes comme elles le sont à leurs maisons. On ne peut pas le lâcher !


Leïla et son bébé Noah, seule chez elle. Son mariage ne va pas bien. Thomas la rabaisse, Thomas l'égoïste écrase Leïla la dévouée infirmière en EHPAD. Et Thomas n'est pas là quand la crue frappe et qu'elle doit se réfugier dans les étages.

Paloma et sa fille Nadège, l'ado écorchée vive mais artiste en devenir et créative en diable. Là, c'est Etienne le mari qui est absent. Etienne qui l'aime et qu'elle aime. Mais d'horribles soupçons rôdent entre eux deux. Un meurtre..

Et puis, il y a Réjane qui doit veiller (et gérer !) Augustine, sa mère très âgée et atteinte de démence sénile. Réjane dont les sœurs sont jalouses d'elle.


L'eau monte. Inexorable. Les maisons tiendront-elles ? et dans quel état seront-elles après ? Ces femmes tiendront-elles ? et que deviendront-elles ?


Trois portraits de femmes fragiles et fortes, vaincues et gagnantes, résignées et combatives, elles ne sont pas d'un seul bloc et c'est cette richesse psychologique qui fait de ces 3 histoires en une ce roman passionnant que j'ai lu en deux fois. Dominique Van Cotthem a bâti un récit terriblement réaliste, visuel. On voit la rivière dans le village, on entend le fracas des portes et des fenêtres qui explosent sous la pression, on sent le froid, l'humidité, l'obscurité. On se dit : et moi, comment aurais-je réagi ? La peur, l'angoisse. L'eau qui monte encore et encore. Les maisons voisines qui s'effondrent. Quand cela va-t-il s'arrêter ? Et après ? Que restera-t-il de leurs vies ?


Dominique Van Cotthem s'est relevée de la catastrophe. Elle en a tiré cette histoire, un roman sensible, poignant où l'on parle de femmes, mais aussi de relations filiales, d'amour maternel, d'adolescence.. et des hommes, de leurs défaillances, de leur absence, de leur amour. Un court roman, dis-je encore, mais dense, riche en émotion autant qu'en suspense. Parce que suspense il y a.


Et la nuit sera longue.. très longue.


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