LA VILLA AIGUE-MARINE, Arnaud Nihoul : Yvon
LA VILLA AIGUE-MARINE, Arnaud Nihoul
Genèse Editions, 244 pages
J'ai rencontré Arnaud Nihoul en avril 2023 lors d'une soirée Polar belge à la librairie La Bicyclette Bleue (Paris, 20e). J'avais beaucoup aimé "Le témoin silencieux", son polar dans le milieu des marchands d'art newyorkais et des collectionneurs d'Edward Hopper. Ici, il s'agit de tout autre chose. Une saga familiale.
Alistair, journaliste écossais, et Lauryn une photographe américaine ne se connaissent pas mais ils sont tous deux convoqués par un notaire car par la volonté d'Alice Terneuve, ils sont co-héritiers d'une superbe villa Arts-Déco sur l'île de Chausey.
Chausey, c'est une petite île anglo-normande à 16km au large de Granville, au nord de la baie du Mont Saint-Michel. C'est aussi un archipel du même nom. Et la villa Aigue-Marine, les îliens la surnomment la villa du malheur. Terme un peu mélodramatique qui résume assez mal l'histoire de la famille Terneuve qui l'a habitée pendant plus d'un siècle. Alors pourquoi Alistair et Lauryn ? Quel est leur lien avec les Terneuve ? C'est en le découvrant par eux-mêmes qu'il deviendront définitivement les propriétaires de la maison.
Arnaud Nihoul alterne les chapitres consacrés à la cohabitation Alistair-Lauryn (qui débute assez mal, l'Américaine étant très distante) et ceux qui racontent, de Charles en 1905 à Alice la dernière occupante, la saga de cette famille de parfumeurs. De Paris à Boston, du camp de concentration de Dora à l'île de Barra dans les Hébrides, il y aura des drames, l'ascension sociale, deux guerres, des histoires d'amour et de trahison, des deuils terribles, l'Occupation et la Résistance.. et un mystérieux objet précieux caché quelque part dans la villa.
Lauryn enquête en interrogeant sa famille. Alistair, lui, rêve... Quelqu'un leur adresse régulièrement des photos et la nuit, dans son sommeil, la maison raconte à notre Ecossais la vie de ceux qu'il vient de voir sur le papier. Une petite pointe de fantastique ou une part de rêve, comme on voudra.
Une famille frappée dans sa chair mais résiliente et ces deux inconnus qui devront découvrir pourquoi Alice les a choisis et apprendre à vivre sous le même toit.
Alors, pour des raisons familiales, je connais très bien les lieux, Granville par cœur et Chausey j'y suis allé adolescent. Je voyais dans le texte d'Arnaud Nihoul les remparts sur le Roc au-dessus de la Manche, les plages, la navette pour la Grande Ile, cet archipel qui passe de 20 îlots à plus de 100 à marée basse. Si vous aimez les sagas familiales sans devoir vous embarquer dans un volume de 800 pages, cette histoire est faite pour vous. Condenser amours et trahisons, lâcheté et héroïsme, sacrifice en si peu de pages, bravo.. Venez faire connaissance avec Tracy, William, Adèle, Gabriel, Clara et Alice.. Venez écouter ce piano, le violon tragique et même la cornemuse d'Alistair. Venez entendre la voix de cette maison.
Après, allez à Granville, laissez votre voiture sur le port, prenez le ferry du matin pour Chausey pour y rencontrer notre Ecossais en kilt, marcher dans la lande odorante vers le château Renault avant de revenir le soir vers cette ville où je vous raconterai peut-être un jour comment mon arrière-grand-mère est tombée de la falaise..
Merci à Arnaud Nihoul et à Genèse Editions pour cette belle histoire et ce service de presse spontané.
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