Dans la neige ardente, Olivier Gallien : Marina
Poche : 216 pages
Il est des romans dont on ne sait pas pourquoi on les laisse de côté pour un temps. Une impression.. peut-être pas le bon moment, pas "l'humeur du moment". La première fois que j'ai pris le roman en main, les premières lignes m'ont fait percevoir un récit noir, très noir, que je n'étais pas prête à appréhender. Deuxième essai pour moi, cette fois-ci le bon. Certainement également motivée par le fait de rencontrer d'ici deux jours Olivier Gallien, l'auteur en salon, et l'envie de pouvoir échanger avec lui sur son texte, son univers.
Un texte court donc, 216 pages, mais extrêmement dense, prenant, oppressant et noir.. si noir. Une lecture quasi en apnée. Un récit qui m'a tout de suite happée pour ne plus me lâcher.
C'est sombre, angoissant, je vous le disais, accrochez-vous ! Et pourtant, au milieu de toute cette désolation se dégage l'espoir, la volonté de s'en sortir et l'amour, celui des siens.. qui, peut être en ont réchappé.
Le récit démarre sans indication de lieu ni d'époque. Une volonté assumée de démontrer qu'effectivement cela pourrait être n'importe ou, à n'importe quelle époque. Ce n'est pas très encourageant, me direz-vous, oui mais le propos n'est pas là.
Le lecteur comprend très rapidement qu'une guerre s'est déclarée, un conflit quelconque, dont seule la folie humaine peut être responsable. Une guerre donc ? Pas si sûr, en tout cas une abomination, une attaque nucléaire ? Peut-être ... Très vite nous comprenons que cela se passe dans une ville qui semble scindée en deux, en proie à des miliciens ou soldats veillant à maintenir l'ordre établi, sans que l'on sache toutefois de quel ordre il s'agit. Des habitants terrorisés vivant soit d'un côté de la ville soit de l'autre. Ceux vivant d'un certain côté semblant mieux lotis que les autres. En effet, notre notre héros principal Hugo est resté dans son appartement. Certains survivants, eux, de l'autre côté, se terrent dans les tunnels du métro tentant tant bien que mal de survivre. Quel est donc le danger qui guettent les survivants situés "de l'autre côté" de la barrière ? Ceux que l'on nomme les insurgés. D'ailleurs contre qui ? Contre quoi ? Et pourquoi cette barrière ? Quelle est la raison ayant poussé à défigurer ainsi la ville avec cette horrible boursouflure de barricades ? Pourquoi une telle démarcation ? Pour empêcher qui de traverser ? Les insurgés ? Les soldats ? La population ne s'inscrivant dans aucune de ses factions ?
Une cendre épaisse recouvre le sol, partout. Certaines de ses particules, qui, de surcroit, semblent toxiques, restent assez régulièrement en suspension dans l'air. Alors, quelle certitude pourrait avoir notre héros, Hugo, de s'en sortir s'il se décide à quitter son abri, à savoir l'appartement dans lequel il vit avec son père ? Aucune.. Hugo ne sait pas ce qui l'attend mais il est bien décidé à vérifier si certains de ses amis, partis l'insurrection en bandoulière, ont pu survivre aux longues semaines de privation et d'enfermement dans les tunnels nauséabonds et infestés de rats du métro. Sans le savoir Hugo et Pauline ont tous les deux entrepris un périple pour tenter de retrouver certains de leurs proches qui auraient pu survivre. Qui est Pauline ? Je vous laisse le découvrir.
Les chemins d'Hugo et Pauline finiront-ils par se croiser ? Quelles sont les chances de nos deux personnages de s'en sortir face à cette cendre toxique présente partout ainsi que les soldats snippers embusqués dans chaque recoin de la ville ?
Je vous l'ai dit au début, c'est noir, très noir. Alors ne vous attendez pas à un happy end (mais j'en ai déjà trop dit). Je vous laisse le plaisir de lire ce premier roman d'Olivier Gallien que j'ai beaucoup beaucoup aimé. Je ne suis pas étonnée que son texte ait obtenu le Prix de la Bête Noire des libraires puis se soit qualifié pour le Prix Nouvelles Voix du Polar Pocket.
Un texte puissant, incisif. Une noirceur assumée pour un roman post apocalyptique qu'il est impossible de lâcher. Je vous le recommande vivement ! Et j'ai à présent hâte d'échanger avec l'auteur.
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