LA REGLE DU CRIME, Colson Whitehead (Yvon)
LA REGLE DU CRIME, Colson Whitehead
Editions Albin Michel, 449 pages
Je vous ai parlé de HARLEM SHUFFLE, le précédent roman de Colson Whitehead, en janvier 2023. J'avais été fasciné par le style et les personnages. Voici le tome 2 de sa trilogie newyorkaise. On y retrouve Ray Carney notre vendeur de meubles préféré, accessoirement receleur, ou notre receleur chéri, accessoirement vendeur de meubles. 😉 Un voyou reste un voyou, dit-il. Mais depuis 4 ans, Ray s'est retiré du circuit et il aspire à une vie tranquille entre ses deux enfants, son épouse et son magasin qui tourne bien. Hélas, une simple histoire de places de concert va tout remettre en cause et le jeter à nouveau dans la jungle harlémite. En effet, son ado de fille le tanne pour aller au concert des Jackson Five. Leur jeune chanteur, nous sommes en 1971, un certain MIchael..., fascine les foules.
Comme toujours le style de Whitehead est très particulier. C'est foisonnant. Trois romans en un : 1971, 1973 et 1976. Dans l'un, Ray est le personnage principal entraîné dans une folle course à la mort par le flic le plus ripou de la ville ensauvagée qu'est le New-York de ces années-là. Meurtres quotidiens, vols, incendies criminels, extorsions, escroqueries, drogue, politiciens et flics corrompus. Big Apple est un enfer, surtout à Harlem.
Le second est plus axé sur un vigile-videur-garde du corps brut de décoffrage à la recherche d'une actrice disparue lors d'un tournage dans le magasin de Ray. Une série B genre blaxploitation. Dérives hollywoodiennes et problèmes psy, arrivée des premiers blockbusters.. Les dents de la mer et L'aventure du Poséidon, par exemple.
Le troisième voit Ray devenir une sorte de justicier en lutte contre les incendies-escroqueries favorisés par une législation absurde. Et cela va lui coûter très très cher !
Foisonnant, disais-je. Parce que lorsque Whitehead introduit un nouveau personnage (et ils sont nombreux) il nous raconte sa vie, son passé et ses liens avec ceux que l'on connaît. Et comme il est particulièrement bien renseigné sur la ville qui ne dort jamais, ça fourmille de réflexions humoristiques ou cruelles sur les politiciens, les flics et... la mode très excentrique. Pattes d'éph', boas pour homme et longs manteaux de cuir, chemises à grandes fleurs orangées ou tuniques afghanes sans oublier la coiffure afro disproportionnée. Entre Shaft et Serpico !
C'est l'avantage et le défaut de cet auteur. Dense et renseigné, détaillé limite un peu indigeste si l'on n'est pas un fan absolu du lieu et des seventies. J'ai dû faire des pauses. On ne lit pas ce bouquin en trois jours. Colson Whitehead n'est ni un débutant ni un amateur, c'est un VRAI auteur dans le VRAI sens du terme, il a un style et un univers. Une "patte". On s'est attaché à Ray. Alors malgré la terrible punition de la fin de ce volume, on a envie de savoir ce qui va se passer dans ce tome 3 en cours d'écriture et qui pourrait bien nous mener aux années 80 !
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