De boue et de cendres, Amélie Antoine (Marina)
De boue et de cendres, Amélie AntoineÉditeur : MUSCADIER
21 août 2025
160 pages
Plus je lis les romans d'Amélie Antoine, plus je suis fan de sa plume. Après une incursion dans le roman adulte (Pourquoi tu pleures) et plusieurs titres en jeunesse, j'ai été happée par la couverture de celui-ci, De boue et de cendres, et par son résumé. Je remercie chaleureusement la Maison d'Edition Muscadier pour sa confiance et pour ce service presse dont la lecture m'a laissée la gorge nouée, sous le coup de l'émotion, KO debout.
Je vous explique.
Nous sommes en Colombie, en 1985. Le volcan Le Nevada Del Ruiz qui donnait depuis quelque temps des signes de "réveil" ou d'ébullition entre en éruption. La ville d'Armero construite sur un de ses versants est complètement engloutie par un torrent de boue. Les victimes se comptent par milliers. Malgré les signes avant coureurs, un maire dynamique et très mobilisé pour faire entendre sa voix et prévenir du danger imminent, nul ne l'a écouté et la terrible catastrophe n'a pu être évitée. Après le passage dévastateur de ses coulées de boue, le paysage est gris, froid, dévasté. Au milieu de ce chaos, parmi les décombres, une main émerge. Celle d'Omayra, une adolescente de 13 ans qui reprend connaissance après le drame et se retrouve prisonnière des décombres. Désorientée, sous le choc de ce qu'elle voit, elle laissera les sauveteurs sans voix devant son courage, sa détermination et sa résilience. Ce court texte d'une intensité incroyable nous raconte son histoire. Il nous évoque également la "bêtise" humaine .. celle de l'homme construisant au mépris de la nature, agissant en dépit du bon sens, sans prendre en considération la nature et ses impératifs. Il est aussi question des puissants, des politiques, qui ne s'embarrassent pas de "petites gens" parmi leurs administrés lorsque ceux-ci veulent les alerter sur certains dangers pour les populations. Les travers les plus vils des gouvernants qui par leur manque de réactivé sont responsables de pertes humaines considérables.
L'auteure met ici en parallèle le maire d'Armero qui tente l'impossible pour prévenir la catastrophe mais se trouve démuni, oublié de tous, non écouté par ceux qui pourraient débloquer des moyens financiers et logistiques. De même que les sauveteurs qui n'ont que leur empathie et bonne volonté mais ne peuvent rien face à des décombres pesant des tonnes qu'ils ne peuvent déplacer à mains nues. Manquant cruellement de moyen ils ne peuvent que constater l'ampleur de la catastrophe.
La plume d'Amélie Antoine est à la fois sensible, addictive et immersive. Dès les premières pages nous sommes avec Omayra, dans son quotidien de collégienne appliquée et motivée. Nous la suivons dans sa vie auprès de sa famille, de ses amis. En tendant l'oreille nous percevons son rire respirant l'innocence et insouciance. Tout cela sera balayé en quelques minutes. Les chapitres alternent les narrateurs et nous font vivre jour après jour, heure par heure les événements. Le lecteur est au plus près du récit. C'est à la fois haletant et extrêmement prenant de part la tension qui émane des pages.
Un texte qui vous prend aux tripes, et dont vous terminerez la lecture les larmes aux yeux. Omaya synonyme de force et de courage. Une jeune fille qui ne se départira jamais ni de son sourire et ni de son regard malicieux même en connaissant l'issue inéluctable qui se profile pour elle.
Bonus et originalité :
Le roman est émaillé de plusieurs pages grises qui nous donne le point de
vue d'un narrateur bien particulier. Au fil des lignes on cerne
son identité : je ne vous dirai rien, je vous laisse le plaisir de la
découverte. J'ai trouvé l'idée très originale et pertinente. Et la couverture est superbe et très percutante.
Dès la dernière page tournée, je suis allée sur internet pour voir des photos de la jeune fille, voir son visage et son regard si pénétrant qui a marqué à jamais les sauveteurs qui ont croisé sa route.
Un texte à lire pour les jeunes, et les moins jeunes. Pour ne pas jamais oublier Omayra Sanchez ni aucun des habitants de la ville d'Armero qui ont perdu la vie ce jour-là.
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