Celle qui pleurait sous l'eau, Niko Tackian : MGBOOKS
Celle qui pleurait sous l'eau,
Ed. Calmann-Lévy, 250 pages
2 janvier 2020
Les enquêtes du commandant Tomar Khan (3)
Le commandant Tomar Khan reprend du service après les romans "Toxique" et "Fantazmë".
Mais cette fois-ci c’est Rhonda, sa collaboratrice qui va mener l’enquête aidée de ses collègues Dino et Francky. En effet, Tomar est au plus mal avec son passé qui semble sur le point de le rattraper : une enquête interne qui pourrait lui coûter sa carrière. Tomar nage en eau trouble et va tenter de se sortir de là grâce à son mentor et à toutes les connaissances de ce dernier. L’auteur nous montre à travers les agissements de Tomar et de son mentor que la frontière est parfois bien mince entre le bien et le mal. Le policier reste sur le bon côté de la route mais se retrouve confronté à beaucoup de tentations. Et la zone de non-droits où pullulent les caïds sans scrupules de plus en plus déterminés pour grappiller les marchés de la drogue et des divers trafics s’élargit chaque jour.
L'affaire arrivée sur le bureau des policiers qui semblait au demeurant assez simple se révèle beaucoup plus complexe. La jeune femme retrouvée morte, noyée dans une piscine semble s'être suicidée. Mais un des maitres nageurs présent explique à Rhonda qu'il avait conseillé à la jeune femme de pleurer sous l'eau (expression utilisée en compétition : "Quand un nageur vient s'entraîner et qu'il traverse des épreuves dans sa vie privée, on lui dit qu'il n'a qu'à pleurer sous l'eau, là où personne ne pourra le voir"). Rhonda comprend alors très rapidement que la jeune femme était la proie d'un prédateur, quelqu'un qui avait décelé sa fragilité, en jouait et lui menait une vie infernale.
Niko traite ici d'un sujet très délicat et difficile qui concerne les violences faites aux femmes, pas seulement physiques, mais aussi celles qui sont beaucoup plus insidieuses : les violences psychologiques. Il en a fait un roman fort, un très bel hommage à ces femmes, victimes d'abus, de manipulations, dès lors que certains hommes "prédateurs" décèlent leur fragilité et faiblesse et vont en jouer. Niko montre les limites et les failles de notre système judiciaire mais sans jamais se poser en moralisateur. Il nous montre à travers les pages du roman à quel point la France n'est malheureusement pas "équipée" ou devrais-je dire "armée" pour faire face à ce genre de crimes. Des hommes et femmes de loi se battent chaque jour pour pouvoir, comme il se doit, en condamner les auteurs. Car ces véritables crimes commis contre ces femmes, sont malheureusement très difficiles à démontrer et à quantifier.
Ara, la mère de Tomar qui a 83 ans incarne avec justesse et droiture la femme combattante, qui a enduré les violences conjugales d'un mari violent dans le passé. Elle a surmonté tout cela et en est ressortie encore plus forte. Sa force lui permet de ne pas baisser les yeux face à une situation similaire à la sienne : elle fera tout pour venir en aide à la jeune femme dont elle a découvert la détresse.
Nous sommes bel et bien dans un polar, où la psychologie des personnages est creusée, analysée. Les membres de l’équipe de Tomar ont tous leurs failles, ce qui les rend profondément humains. Tomar est dans cet opus plus fragile que jamais, et peine à chasser les fantômes de son passé pour concilier son travail et s'épanouir dans sa vie personnelle.
L'adage préconise de "se méfier de l'eau qui dort"... Dormez tranquille car Tomar et son équipe veillent sur nous autres citoyens et nous protègent :)
- La nuit n'est jamais complète, Scrineo (3 mars 2016) 272 pages
- Phobia, recueil de nouvelles au profit de ELA, Editions J'ai Lu (14 mars 2018)
- Celle qui pleurait sous l'eau, Calmann-Lévy (2 janvier 2020), 250 pages
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