L'Empathie, Antoine Renand : MGBooks
Éditions Pocket, 489 pages
Roman haletant, addictif, doté un serial killer machiavélique
Alors, il y a "la Poire", Marion, Louisa et enfin le lézard (Alpha). Ces noms ne vous disent rien.. pas encore…. Patience !
De quoi parle le roman ?
D’un homme, au départ surnommé le lézard par la police (qui trouve toujours un surnom quand il n’y a pas d’identité avérée). Il aime entrer par effraction chez les gens, de préférence des couples, en escaladant les façades et en profitant de fenêtres laissées ouvertes par les futures victimes. Il aime observer ses « proies » à leur insu, prendre son temps pour ensuite s'adonner à des atrocités issues de son esprit torturé et dérangé. Paris est en émoi face à ce tueur atypique qui frappe une fois, puis deux.. et dont la violence monte crescendo à chaque nouvelle attaque. La « brigade des viols » qui a mis en lumière le modus operandi, peine à trouver un fil reliant les affaires. Démarre alors une course contre la montre haletante entre le tueur et la Brigade qui souhaite le coincer au plus vite.
Antoine trouve très vite le ton juste pour nous entraîner dans son sillage. Dès lors, il est impossible de lâcher le roman. Le lecteur se retrouve baignant dans une atmosphère anxiogène (mais on aime ça.. on est d’accord LOL), avec la brigade sur les traces du sérial killer-violeur. Le lecteur retient son souffle à chaque piste et prend peu à peu conscience du degré de violence et de cruauté des actes d’Alpha en redoutant la prochaine attaque.
Dans cette « Brigade des viols », nous faisons connaissance avec Anthony Rauch, alias La Poire dont vous comprendrez rapidement l’origine du surnom. Il est doué dans ce qu’il fait, peut être même le meilleur ?! Policier aguerri au flair hors norme, c’est surtout un sacré bosseur, connaissant les affaires de ces dernières années sur le bout des doigts. Ses coéquipiers et sa hiérarchie reconnaissent son savoir-faire et le respectent. Très proche de sa collaboratrice Marion. Les deux sont amis ? Amis, vraiment ? La situation est un peu trouble.. Car Marion aimerait très certainement que ce soit plus que cela entre eux deux. Bien que très proches c'est pourtant Marion qui s’est le plus livrée à Anthony sur son passé. Anthony quant à lui garde son secret bien enfoui au plus profond de lui, incapable de s'en libérer, même auprès de Marion, engoncé dans un carcan épais de culpabilité.
Ce roman est à part ! Car nous progressons dans la lecture en découvrant tour à tour les protagonistes. Sa construction originale nous dévoile leur passé par bribes et les lourds secrets qu’ils ont chaque jour plus de peine à porter. Tout ce que l’auteur nous dévoile est très bien imaginé, orchestré. Tout s’imbrique parfaitement, nous laissant parfois pantelant en découvrant certains éléments de leur vie.
L’Empathie n’est pas « seulement » un polar car rien n’est classique dans ce roman ! La psychologie des personnages est fouillée, les personnages tombent un à un le masque et nous laissent découvrir leur failles, faiblesses, et leur vulnérabilité. Nous sommes tour à tour dans leur tête, suivant leur vécu, ou à leur côté. L’auteur nous décrit leur parcours en nous laissant seul juge de leurs actes.
Le titre du roman prend alors tout son sens.. Empathie ! Mais pour qui, pour quelle situation ? Pour les membres de la Brigade une fois leurs secrets révélés ? Pour le tueur ? Est-ce possible en toute conscience des actes barbares qu’il perpètre ?
Au moment où nous sommes en pleine interrogation, le roman bascule, nous laissant estomaqué. Un éclairage nouveau est apporté sur le passé de la Poire et on se dit que le tueur est loin d’être le seul au passé sombre et trouble. Le monde d’Anthony s’écroule. Rien ne sera plus comme avant. Va-t-il se relever pour se battre ? Va-t-il jeter l’éponge en courant le risque de laisser le tueur dans la nature ?
Alpha qui prend de plus en plus d’assurance, dévoile une cruauté abyssale. En véritable sociopathe il poursuit son petit jeu du chat et de la souris avec la police.
Par le biais de Louisa, personnage incroyable campant la mère de La Poire, l’auteur nous dresse un certain portrait de la justice. Avocate hors pair Louisa se fait l’épée de la justice. Elle assène ses vérités et ce en quoi elle croit. Mais encore une fois, comme pour les autres personnages, il y a la « théorie » et la pratique.. les « règles et lois » et la vraie vie. Car comment rester fidèle à ses principes et préceptes en voyant l’incarnation du mal en pleine action ! L’auteur ne prend pas partie. Il nous relate les faits et nous laisse seul juge de ce qui se passe.
Notre esprit est bombardé de questions : une victime d’un pareil tueur, peut-elle éprouver de l’empathie pour son bourreau ? Quelqu’un qui aurait subi un quelconque trauma dans son enfance deviendra t il forcement lui même à son tour un bourreau ? Une rédemption est-elle envisageable pour celui qui le voudrait après de tels actes ? Les victimes, en proie à un sentiment terrible de culpabilité, deviennent-elles forcément bourreau à leur tour plus tard ?
belle chronique !
RépondreSupprimerSi je devais rajouter un polar sur ma wishlist c'est celui ci
Après Olivier Norek et Cédric Sire ce sera au tour d'Antoine Renand