Ce qu'il faut de nuit, Laurent Petitmangin : MGBooks


CE QU'IL FAUT DE NUIT, Laurent Petitmangin

Éditions La Manufacture de Livres, 188p
Broché,  16,90€
Grand Prix Révélation du Premier roman de la SGDL (Société des Gens de Lettres)
Prix Femina des Lycéens 2020
Prix Libr'à Nous 2021 catégorie littérature francophone
Prix des Bonnes Feuilles 2020-2021(Librairie Maison de la Presse des Herbiers)
Prix des lecteurs de Chennevières sur Marne, 2021 
Prix des lecteurs des bibliothèques de la ville de Paris, 2021
 

Dès les premières phrases vous serez pris par le récit. Le ton est juste, les phrases courtes et épurées donnent le rythme au roman. Un homme seul, veuf, cheminot, dans le Nord Est de la France élève ses deux fils Gillou le cadet et Fus, l'aîné. Sa femme les a quittés prématurément, vaincue par un cancer. Le père de famille fait comme il peut. Il est taiseux mais l'amour qu'il porte à ses enfants est palpable. La vie n'est pas facile, son travail dangereux lui impose de toujours rester sur le qui vive pour éviter un accident qui priverait ses enfants de leur seul parent restant. 


L'auteur nous décrit leur vie sans fioritures, sans grand luxe, mais un foyer, à trois à présent, avec l'amour que l'on montre comme on peut, mais qui est là, bien réel. On entre dans leur routine qui pourrait paraître désuète mais qui est en fait le ciment qui soude leur famille. Les matchs de foot auxquels père et fils assistent, les repas pris ensemble, l'organisation des taches ménagères..  Et d'un seul coup le lecteur, à travers le regard du père voit s'amorcer la dérive du fils ainé Fus séduit par les préceptes du Front National (ainsi nommé à l'époque où se situe le récit), Fus se laisse entraîner. S'ensuit une lente dérive, pernicieuse. D'autant plus sournoise que jamais les rares personnes se présentant à leur domicile n'auraient pu laisser envisager ce genre de convictions. Comme quoi, les idées politiques ne s'affichent pas sur les visages ! Les fréquentations d'abord timides, et les absences du domicile de plus en plus longues et régulières pèsent sur la mécanique de la vie à trois que le père avait tenté d'instaurer pour eux. Prenant conscience du bord que Fus semble vouloir rejoindre le père a honte et se sent perdu. Il se retrouve désarmé face à ce qui se passe. Cela aurait-il été différent si sa femme avait encore été présente ? On ne le saura jamais. Lui, fait du mieux qu'il peut. Mais cette honte le "bouffe", la relation père-fils se délite et Gillou assiste à tout cela sans pouvoir rien y faire. Ayant mis son frère sur un piédestal depuis leur plus tendre enfance, il ne lui en veut pour rien, seule la tristesse de voir la relation entre son père et son frère se détériorer domine. 


Mais Gillou est brillant et il a un avenir prometteur. Et si le père et Fus ne semblent plus pouvoir communiquer entre eux, leur amour est bien là. Et faisant fi de leurs différends, ils feront tout pour l'aider à prendre son envol. A croire aussi que la poisse, ou le malheur sont intrinsèquement liés aux lieux et que pour s'en sortir Gillou doive partir loin, s'émancipant de tout le malheur qui les a déjà frappés. Tandis qu'au fil des pages nous assistons impuissants à la dérive de Fus, nous demandant jusqu'où cela ira, un drame survient. Un événement dit de "non retour". Dès lors, comment le père peut-il faire face à cela ? Il semble anesthésié, résigné, impuissant face à ce qui arrive. Comment aurait-on agit à sa place ? Il est ici question de choix, celui de chacun, face à un événement dramatique. Le thème de la communication, de la résilience sont aussi très présents.


Laurent Petitmangin nous livre un récit choc. Une fois le roman terminé, son histoire continuera de tourner un moment dans votre tête. Vous vous interrogerez sur les choix faits, sur ce que vous auriez décidé vous, ou alors sur ce qui aurait pu se passer si le père avait agi autrement, si la communication avait pu s'instaurer entre lui et Fus.

Les dernières pages du romans sont déchirantes. J'ai refermé le roman avec une boule au fond de la gorge. Le sentiment de se dire qu'une vie est bien peu de chose, que chaque acte a ses conséquences et que parfois il en faut très peu pour qu'une existence bascule.


Merci à mon comparse blogueur qui m'a tant parlé de ce roman et m'a si vivement conseillé de le lire. Déjà primé à 10 reprises, je gage que ce n'est pas terminé et que ce récit continuera à faire son petit bonhomme de chemin jusqu'aux récompenses les plus prestigieuses. Bravo à l'auteur que j'avais eu la chance de croiser au salon Le Livre sur la Place à Nancy en septembre 2020, pour ce premier roman brillant (à ce moment là il n'avait reçu "que" 2 prix).


A lire aussi sur le blog :


- Chronique d'YvonS

- Le livre sur la Place, Nancy, septembre 2020


Info presse :

Nancy, le meilleur premier roman de la rentrée, Prix Stanislas du 1er roman, 2020
Actua litté, 20 août 2020

Palmarès des libraires pour la rentrée littéraire 2020, 10ème place (article du 22/09/2020)

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