Vous n'aurez pas ma haine, Récit, Antoine Leiris : YvonS


Vous n'aurez pas ma haine, Récit, Antoine Leiris

Éditions Le livre de poche, 124 pages
3€90

Mes mots seront bien faibles et bien petits après un livre aussi fort et bouleversant.

Antoine Leiris a perdu sa femme Hélène lors de l'attentat au Bataclan le 13 novembre 2015. Il évoque ici les 12 jours qui ont suivi dans un bref récit autour du texte publié sur Facebook qui l'a rendu célèbre : Vous n'aurez pas ma haine. Deux pages bouleversantes qui disent presque tout. On est en effet bouleversé à chaque ligne de ce livre pudique. Rien de gore.  Rien de sensationnaliste. Sa simplicité fait sa force.

On est avec lui et Melvil, ce petit garçon de 17 mois qui se retrouve seul avec son papa. On voudrait les apaiser, les consoler. Ça n'est pas possible.  Comme les Mamans de la crèche,  nos "petits pots à nous" ne leur seraient d'aucun secours. Je ne peux pas raconter l'angoisse, le choc, la douleur. C'est inimaginable. Il faut lire, comprendre, ressentir.

Juste être là.  C'est tout...

Un document  indispensable ! 


La Vie, après (récit ), Antoine Leiris 
Éditions Pocket, 148 pages

Quatre ans après Vous n'aurez pas ma haine, Antoine Leiris reprend la plume. Dans ce texte qui va de juillet 2016 à janvier 2019, la Vie continue. Après. Il ne dit pas : après la mort d'Hélène.  Il dit : Après. Et cet après est un nouveau départ,  c'est aussi comment vivre avec, comment protéger Melvil, l'élever quand on est papa ET maman, en faire un enfant comme les autres autant que possible. 

Antoine Leiris s'échine,  parfois jusqu'à l'absurde, à être le meilleur papa du monde. Il apprend, il découvre.  Alors il y a la solidarité des mamans de la crèche,  le déménagement indispensable,  le "tri", le fameux tri auquel un jour on a tous été confrontés,  le tri des affaires d'Hélène.  Ce viol de l'intimité de celui qui n'est plus là. Et puis la Vie qui continue avec Melvil qui grandit, les rires qui reviennent,  la découverte de "l'art" de la lessive, les maladies infantiles,  le premier vrai vomi... mais aussi l'enterrement,  la visite seuls entre père et fils de LA tombe, mais aussi faire découvrir à l'enfant les lieux de la jeunesse paternelle. Ça renforce les liens,  l'un se sent père,  l'autre découvre que papa est un fils lui aussi.

C'est aussi sincère,  fluide et sensible. Antoine Leiris dit la difficulté de voir sa vie exposée au théâtre dans l'adaptation qui a été faite de son premier livre. Spectacle douloureux et apaisant,  qui met à distance l'homme et l'auteur.  On est évidemment moins bouleversé que dans le 1er récit.  Mais on s'attache à ce petit bonhomme qui a 7 ans aujourd'hui,  à ce père imparfait qui renaît à l'amour d'une autre femme...

Un livre indispensable lui aussi, à lire immédiatement après le premier. Puisse Antoine Leiris écrire enfin cette fiction qu'il tente de mettre au jour. Elle sera sans doute semi-autobiographique... et on l'attend déjà. 


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