OURS, Laurent Cappe : Yvon
OURS, Laurent Cappe
Editions Vendeurs de Mots, 305 pages
C'est un beau roman, c'est une belle histoire, disait la chanson. Et c'est vrai.
Ours, 83 ans, reçoit ce soir-là la visite inattendue d'un tout jeune homme tombé en panne. Bougonnant d'être dérangé dans sa solitude, il lui ouvre et tombe nez à nez avec... lui-même, jeune. La ressemblance est hallucinante. Bientôt, en une soirée, un lien étrange se fait entre le jeune homme et l'octogénaire. Ours, c'est Virgile, caractère et physique ont donné ce surnom. Veuf depuis 6 ans, le vieillard renaît auprès d'Adam et il va lui raconter sa vie, son amour immense pour Birdie, un amour fou, total, fusionnel qui l'a brisé à la mort de celle-ci, sa muse, son alter ego. Alter ego, pas tout à fait. Elle est/était solaire, inspirante, patiente, intuitive et artiste célèbre. Il est/était plus sombre, indécis, écrivain laborieux. Ces deux-là se sont trouvés dans leurs jeunes années et plus quittés. Jusqu'à ce que la mort les sépare.
Et autour de ce couple il y a/avait André et Suzanne, les vieux voisins (on est à la campagne dans le pays de la Côte d'Opale) bientôt remplacés par Max et Hélène, un jeune couple et leurs deux filles. Commence alors, ami lecteur, un étrange voyage entre passé et présent au fil du récit d'Ours. Récit interrompu souvent par les "absences" de plus en plus fréquentes du vieil homme, ses errances pas seulement mémorielles. Ours se raconte, raconte à Adam le jeune inconnu sa vie, Birdie, l'immense talent naturel de cette femme incroyable, ses livres à lui et son petit talent, la beauté de leur relation. Rien de mièvre, vous verrez, dans cet amour. Un amour par delà la vie.
C'est beau, poignant mais lumineux. Plein de la douleur des mondes qui s'en vont, nos amours, nos amis qu'on perd, qui s'éloignent et qui meurent l'âge venant. Ceux qui les remplacent avant qu'on s'en aille à notre tour. On suit Ours et Birdie mais aussi Max et Hélène, et Laura, et Manon. Une belle histoire de transmission, de talents, de savoir-faire, d'amour filial aussi. On a parfois des familles inattendues. Un roman où les oiseaux ont leur part. Comme ce couple de tourterelles qui ne veut pas quitter le toit d'une certaine grange. Ces oiseaux qui vous mettent les larmes aux yeux à la fin de l'histoire, les oiseaux qui s'envolent des falaises et disparaissent dans la lumière.
Vous comprendrez à la fin où Laurent Cappe voulait vous emmener, vous finirez à la fois heureux et la gorge serrée.
Merci à Laurent Cappe de m'avoir offert cette occasion de découvrir son talent et une histoire que je ne suis pas près d'oublier.
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