La dernière maison avant les bois, Catriona Ward (Marina)
La dernière maison avant les bois, Catriona Ward
Pocket8 février 2024
496 pages
Quand un roman vous retourne bien le cerveau !!! Je pense que c'est une bonne introduction pour mon ressenti post lecture LOL
Mon premier roman de Catriona Ward, et pas le dernier, c'est certain ! Une histoire où l'on perd un peu pied à certains moments -pour les besoins de l'histoire- mais sans que cela ne soit gênant, bien au contraire. Cela ajoute du mystère et du "piment" à la lecture.. On est loin d'une lecture passive.. Il vous faudra "mouiller le maillot" et vous creuser les méninges pour suive Catriona et ses personnages.. Une auteure chaleureuse et un peu mystérieuse que j'ai eu la chance de rencontrer grâce à l'équipe Sonatine. Un grand merci à ML pour cela, elle se reconnaitra. Ce roman était en lice pour le Prix Nouvelles Voix du Polar Pocket en 2024, un gage de qualité et d'originalité pour un polar bluffant. Je comprends le choix du jury pour la sélection :)
Suivez-moi, je vous en dis un peu plus.
Un homme solitaire, Ted Bannerman vit dans une maison isolée, aux Etats-Unis, à la lisière d'une forêt dense et inquiétante. Il mène une existence recluse avec sa chatte Olivia et sa fille Lauren qui lui rend visite de temps en temps. Sa maison se trouve dans l'impasse de Needless Street (la rue qui ne sert à rien).. le ton est donné, l'ambiance posée. Vous êtes prévenus !
Il y a environ onze ans, Lulu, une petite fille a disparu près du lac. Ted avait été soupçonné à l'époque mais relâché par manque de preuve. Les enquêteurs avaient-ils bâclé leurs investigations ? Ted avait-il su couvrir ses traces, masquer des preuves et passer à travers les mailles du filet ? Ted est très peu en contact avec le monde extérieur. Les autres habitants du coin, quant à eux, semblent vivre reclus dans leur maison. Pour cause de moqueries et par peur des autres justement, Ted a obstrué les fenêtres de son habitation, la rendant encore plus lugubre et flippante si cela était possible. On l'aperçoit certains jours semblant errer dans son jardin, vérifiant les mangeoires installées pour les oiseaux qui viennent y picorer des graines, mettant un peu de vie et de gaité en ces lieux bien lugubres. Les rires de sa fille résonnent de temps en temps à travers les murs de la maison, ou les miaulements d'Olivia, son fidèle compagnon à fourrure. Son seul contact avec l'extérieur hormis Lauren semble être son psy avec lequel il tente de démêler et trier tout ce qui encombre son cerveau. Mais peut-il vraiment espérer aller mieux ? Le personnage est vraiment inquiétant, taiseux.. tout cela est propice à bon nombre de suppositions.
Votre cerveau va peu à peu entrer en ébullition. En effet, on ne peut s'empêcher de se demander au fil des pages, qui est vraiment Ted. Un être maladroit, un peu paumé, "limité" et inoffensif ? Ou bien au contraire un dangereux psychopathe. Dee, la jeune femme qui vient d'emménager dans la maison d'en face est sûre et certaine qu'il cache quelque chose de terrible, et qu'il est responsable de différentes disparitions d'enfants qui ont eu lieu dans la région. Qui a raison ? Quelle est la vérité ? Qui est le monstre de cette histoire s'il en existe vraiment un ? Méfiez-vous, la vérité pourrait bien se trouver ailleurs que là où vous pensez.. Et cette forêt dense, pullulant d'animaux et de créatures qui semblent bien effrayants une fois la nuit tombée, est-elle aussi sordide que Dee semble le croire ?
J'ai vraiment été bluffée par le récit de Catriona qui m'a menée en bateau pendant la quasi totalité de ma lecture. La narration alterne entre Ted, sa fille, Dee, ou encore Olivia, ce qui, sachant qu'il s'agit d'un chat n'est vraiment pas banal. Au fil de l'histoire nous sommes partagés entre la volonté de prendre Ted un peu en pitié de par sa différence et de le penser coupable en voyant plusieurs points qui l'accablent s'accumuler.
Des chapitres courts rendent le récit haletant et palpitant.. La maison barricadée, la forêt proche et les différentes narrations ajoutent au trouble, au questionnement et à un sentiment d'oppression et d'urgence à parvenir à la toute fin du roman pour en connaitre le dénouement. Cette maison qui est justement un personnage à part entière.
Le roman est à la fois un polar et un thriller psychologique dont la lecture est diablement addictive. Le récit à la construction assez déstabilisante traite de sujets forts tels que la disparition d'enfant, de deuil, l'acception ou non de la différence de façon très sensible et empathique. L'histoire est une sorte de huis clos un peu perturbant dans lequel plane le doute en permanence, ce qui donne une atmosphère anxiogène à l'ensemble, pour le plus grand bonheur des lecteurs.
Je vous conseille de vous garder les 150 dernières pages à lire d'une traite pour en déguster tout le sel. L'auteure maitrise brillamment son sujet et souffle en permanence le chaud et le froid, tout en brouillant les pistes et réussit un coup de bluff final monumental.
A dévorer sans attendre...
De la même auteure sur le blog :
Commentaires
Enregistrer un commentaire