L'affaire Clara Miller, Olivier Bal : YvonS



L'affaire Clara Miller, Olivier Bal
Éditions XO, 492 pages

L'affaire Clara Miller. Ça aurait pu s'appeler L'affaire Mike Stilth, ou L'affaire Paul Green, ou encore L'affaire Harlow... non, Joan (comme Crawford) pas Jean 😉.... Olivier Bal parsème son récit de clins d'oeil, évidemment. 
Parce que, vous l'avez deviné, c'est ce qu'on appelle un roman choral. Je préfère dire : roman à plusieurs voix. Pour moi, c'est plus parlant.Choral, ça implique une sorte d'unisson. Or ici, chaque narrateur donne sa version, sa vision de cette histoire. Chaque chapitre est raconté par un protagoniste différent. On est à la fois en 1995 et en 2006. Mais, ce qui aurait pu être assez brouillon et confus : différentes époques, différents intervenants, différents lieux, est finalement très structuré. On va à la rencontre des personnages tels qu'ils ont été ou tels qu'ils seront, à la rencontre aussi des tragiques événements qui vont influer sur leur futur. Tout cela pour une sorte d'apothéose où les révélations apporteront la lumière. 

Mike Stilth est une star mondiale du rock et du cinéma. Olivier Bal joue avec les mythes américains et ceux du show-bizz. Alcool, drogue, sexe et rock n'roll. Mégalomanie,  névroses obsessionnelles, isolement, déconnexion de la réalité... Stilth n'est pas un personnage sympathique même s'il est victime de son passé, de sa célébrité,  de son entourage, il a aussi sa terrible part d'ombre. Et quand le rocker se réfugie dans sa propriété de Lost Lakes, on pense à Michael Jackson et à Neverland,  à tous ces monstres sacrés isolés et parfois brisés par le show-bizness. Olivier Bal évoque aussi tous ces fils et filles de. Comment grandir et devenir un adulte équilibré quand on grandit dans l'ombre d'un monstre ?
Dans cette propriété donc, il se passe des choses effrayantes. Drogue et sexe n'en sont qu'une partie. Sachez seulement qu'on trouve de temps en temps un cadavre de jeune fille flottant dans le lac voisin. Suicide ? Accident ? Autre chose ? Et puis il y a les inévitables paparazzis vautours qui hantent la forêt autour de Lost Lakes... et Paul Green qui veut savoir ce qui est arrivé à Clara, son amour de jeunesse, retrouvée elle aussi dans le lac. Paul, le journaliste mal dans sa peau, qui cherche sa vérité et son destin.
La vérité se révèle peu à peu, et nous mène à un final à la fois tragique et résilient, à une sorte de mise en abîme. On pense à un Sunset Boulevard mêlé de Barbe-Bleue, on pense à Harvey W ou à Phil Spector. Et comme c'est très visuel (les descriptions du New Hampshire) et qu'on voit très bien les lieux, on imagine aussitôt Alice Cooper ou un mélange de Bowie et de Michael Jackson à côté d'une Glenn Close implacable. 

On pourrait penser "cliché que tout cela" mais non... Olivier Bal en joue, de ces clichés.  Il agence tout cela dans un récit qui ne vous lâche pas, qui vous étonne jusqu'au bout alors qu'on se pense en terrain connu. Jolie maîtrise. Bravo 😊



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