Rue du Rendez-vous, Solène Bakowski : Marina
Rue du Rendez-vous, Solène Bakowski
Éditeur : Plon (20 mai 2021)
Broché : 384 pages ; 18 euros
Alice Beausoleil travaille dans une boulangerie. Elle est très efficace et surtout très souriante. Tous les clients sont sensibles à sa bonne humeur et son enthousiasme. Mais son sourire dissumule une fêlure, un vide abyssal..une douleur sourde qui ne la quitte plus depuis plus de deux ans.
Marcel Dambre est un vieux monsieur de 87 ans qui cache sa solitude au fond de son atelier de bottier, rue du rendez-vous. Avec pour toute compagnie son vieux caniche Lucien, Marcel vivote, dernier survivant dans une rue visée par la démolition au profit d'une urbanisation dévorante... Le maire, la municipalité ont de grands projets pour toute la rue, mais Marcel s'accroche... les promoteurs juchés sur leurs buldozzers trépignent..
Alice et Marcel n'auraient jamais dû se rencontrer.. et pourtant..pourtant... Un orage et une pluie diluviens, un GPS défectueux et surtout une énorme grève des transports vont porter les pas d'Alice dans la rue du rendez-vous. Contre toute attente, Marcel, accroché à sa solitude, va lui ouvrir sa porte.
Attendant que l'orage passe, ils vont se parler, se dévoiler. Au fur et à mesure que la timidité se fendille, Marcel et Alice vont se montrer plus téméraires dans leurs confessions et nous allons ainsi découvrir leur très belle histoire à tous les deux. Des tranches de vie, auxquelles se mêle, en ce qui concerne Marcel, tout un pan de l'Histoire (avec un grand H)
Marcel va évoquer sa vie, son enfance, élevé par sa mère Nini à qui il vouait un amour sans borne. Alice retient son souffle, par peur que Marcel n'arrête son récit. Elle l'écoute, plonge dans cette vie intense et trépidante de Marcel enfant, puis adolescent.. Elle découvre ses regrets, sa peine. Il confesse ses erreurs, ses faiblesses, son imperfection. Le récit débute en 1929 et nous sommes, tout comme Alice, suspendus aux lèvres de Marcel et à ses mots.
Les pages se tournent avec fébrilité... Le récit est à la fois passionnant, émouvant, tantôt triste, tantôt joyeux. Solène fait revivre le Paris de l'époque, celui de l 'entre deux guerres, de l'occupation allemande. Nous sommes dans les pas de Marcel lorsqu'il arpente la capitale..
L'auteure nous livre le récit d'une plume à la fois légère et grave... dotée de beaucoup de poésie et d'énormement de tendresse pour ses personnages.
Marcel continue de raconter tout en se demandant si Alice va elle aussi se confier. Le pourra-t-elle ? Y parviendra-t-elle ? Se pourrait-il que ces deux solitudes se sauvent l'une l'autre ? Quel sombre secret cache-t-elle ? Pourquoi ses yeux sont-ils si tristes ?
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir par vous-même ces deux magnifiques êtres, écorchés par la vie que sont Marcel et Alice.
Je gage que comme moi vous serez touchée par la grâce de ce récit, de ces existences un brin cabossées qui, lorsque leurs trajectoires se croisent vont pouvoir se réparer (du moins nous l'espérons, en tournant fébrilement les pages).
Foncez chez votre libraire vous procurer ce petit bijou, en attendant de vous jeter sur le petit dernier de Solène "Il faut beaucoup aimer les gens" qui est lui aussi très très prometteur.
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