LES TERRES ANIMALES, Laurent Petitmangin : Yvon

LES TERRES ANIMALES, Laurent Petitmangin

Editions La Manufacture de Livres, 223 pages
Broché, 18€90

C'est toujours un plaisir de retrouver Laurent Petitmangin et son style reconnaissable immédiatement. Epuré, sans fioritures, élégant. Et ses personnages humains, terriblement humains, douloureusement humains. Parce qu'il est question ici de douleurs. Celle d'un couple, celle d'une vallée, celle d'un monde. Mais il est aussi question d'amour. dans un couple, entre amis et pour un monde.

Il y a eu un accident. Fukushima fois 10, disent-ils. Une vallée effroyablement contaminée, à haute dose. Alors, population évacuée, en attendant. En attendant quoi ? Un improbable retour. Dans un millier d'années.... Sauf qu'ils sont quelques uns, irréductibles, à avoir refusé. A s'accrocher à leur terre, celle sous laquelle repose Vic, la fille de Fred et Sarah. Et puis, il y a Marc le charpentier et sa compagne Lorna l'aristo en rupture de ban, et les Ouzbeks (oui, vous avez bien lu), et quelques vieux, et un docteur très très âgé. Ils sont là, ils savent qu'ils vont le payer de leur vie, plus tard, pas si tard mais ils ne s'en occupent pas. Parce qu'autour d'eux la vie foisonne. La nature s'en fout de Fukushima, de la radioactivité. La terre est animale, elle regorge de bêtes et de végétation depuis que les hommes sont partis. Et les humains qui restent sont parqués, surveillés, empêchés de fuir maintenant. S'il y a un départ un jour, ce sera à leurs conditions, ceux de l'extérieur, et sans retour. Alors Fred et Sarah racontent leur vie avec Alessandro et les autres. Et puis, au milieu de leurs certitudes (?) arrive l'inattendu. Une naissance. L'équilibre est rompu. 

Laurent Petitmangin explore alternativement l'esprit de Fred et de Sarah qui racontent tour à tour, qui se racontent, qui racontent les autres, leur étrange relation à 4... et Sarah qui "pète un plomb"... et la mort jamais loin... et Vic... et Adèle...

Parabole sur notre monde, un avenir possible. Fable sur la vie qui triomphe toujours, sur la Terre qui nous ignore et qui vit mieux sans nous. Et l'amour, celui qui fait tolérer l'intolérable, celui qui tue et celui qui sauve. Il y a beaucoup plus de choses qu'on ne croit à la première lecture de ce texte qui va désarçonner certains. J'ai relu des passages et vu des choses que je n'avais pas comprises la première fois dans ce roman épuré aux chapitres courts. On n'est ni dans de la science-fiction ni même dans une uchronie, mais dans un futur possible dès demain. Gérer les stocks, survivre, en sachant qu'on va le payer. Partir ? Rester ? Et la vie, animale dans le sens premier du terme, brute, viscérale. Anima, l'âme en latin. Celle de la Nature et de la Terre qui nous survivra... qu'on la protège où non, qu'on la veille ou qu'elle nous chasse...

Laurent Petitmangin pose aussi la question de l'amour maternel mais aussi celui d'un père, de la douleur de la perte d'un enfant. Condamner un nouveau-né ou lui offrir le monde ? Mourir avec lui ou le sauver en se sauvant soi-même ? Le choix sera douloureux..
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Merci à La Manufacture de livres pour ce service de presse très attendu !

L'auteur nous parle de son roman (cliquez)

A retrouver sur le blog

- Ce qu'il faut de nuit, YvonS et MGBooks
Le livre sur la place, Nancy, septembre 2020
Auteur à la page #15, Laurent Petitmangin
- Ainsi Berlin

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