SOUFRE, Nicolas Druart : Yvon

Editions Harper Collins, 394 pages

Prix du 12E Festival sans Nom 2024

Prix Cépages noirs 2025

Prologue : Trois jeunes lycéens. Deux filles, un garçon jouent à se faire peur dans un square parisien. Invoquer l'Homme-Allumettes sur un smartphone et voir ce qui va se passer.. mourir ou pas ?

Nicolas Druart nous plonge dès le début dans le monde des défis absurdes des réseaux sociaux, du voyeurisme ambiant, du frisson morbide et de l'abêtissement d'une génération. Le tout mâtiné d'une dose de fantastique comme il sait si bien le faire. J'ai retrouvé ici avec plaisir Antoine Aubert, le flic qui a résolu le mystère de "Cinabre" et de son hôtel maléfique où planait l'ombre du Maître Stephen King. Ombre qui plane ici aussi sur le monde des forains et des fêtes foraines où l'on joue à se faire peur et où derrière les baraques à frites l'horreur peut se tapir.

Aurore, la trentaine, est une youtubeuse à succès spécialisée dans les récits d'horreur, les faits divers non résolus et les légendes urbaines. Inséparable de son doberman Pugsley, la jeune femme a pour seul ami Omar, son voisin un sexagénaire gardien de nuit. Elle va être amenée à s'intéresser à ce challenge morbide, à cette légende urbaine de l'Homme-Allumettes. Très pro, elle enquête sur les origines du fantomatique assas.sin qui vient de mass.acrer deux lycéennes dans un téléphérique à 50 m du sol. Personne ne l'a vu entrer, ni sortir. La vidéo en ligne est devenue virale et Antoine Aubert et son équipe de flics toulousains vont devoir faire face à la youtubeuse indisciplinée, à l'opinion publique à la fois terrifiée et fascinée et aux réseaux qui s'emballent.

Parallèlement à tout cela, il y a Kelly, 11 ans, plus jeune cartomancienne de France. Kelly qui dit communiquer avec les morts et à qui l'Homme-Allumettes confierait ses projets. "Kelly la sorcière" rejetée par les ados de la fête foraine, enfants des forains, dont son père est le Roi. Père maltraitant, mère effacée, frères.. bizarres, Kelly a-t-elle vraiment des pouvoirs ? Elle a peur mais se délecte aussi des meur.tres et de cet embrasement que le "fantôme" lui promet;

Quelques scènes de meurt.res sanglants, un assassin terrifiant ET populaire sur les réseaux, le monde forain et sa mauvaise réputation, Nicolas Druart s'en donne à cœur joie. La tension monte progressivement avant de s'emballer brutalement. Course contre la montre et tueur fou. Aurore sera-t-elle la victime de son envie de redevenir la youtubeuse à la mode ? Kelly sera-t-elle la victime de l'Homme-Allumettes, des ados ou d'elle-même ? Nicolas Druart joue avec nos nerfs et nos présupposés très habilement ce qui nous réserve quelques belles surprises et exclamations de dépit ! Il rend angoissants un labyrinthe de miroirs, un train fantôme et ce lieu qui est censé être festif ! L'odeur de la barbe à papa mélangée à celle du sang, des flammes et un "mobile" réellement effrayant, un coupable lui aussi réellement monstrueux.. mais, ce qui est encore plus effrayant, c'est l'usage qui est fait des téléphones portables pour ce frisson de la célébrité au risque de sa vie. Qui tue ? comment ? et pourquoi ?

Nicolas Druart rend hommage aux thèmes classiques de l'horreur tout en nous faisant réfléchir sur l'usage que nos jeunes font des réseaux. A quoi certains sont-ils prêts par bêtise pour quelques centaines de likes ou quelques milliers de commentaires en ligne ? Nous connaissons tous la réponse..

Merci aux éditions Harper Collins et à l'auteur pour ce service de presse.. frissonnant !