Hauts-de-France Jérémie Gallois : MGBooks


Hauts de France, Jérémie Gallois

48 pages 

Éditeur : Maison Malo Quirvane (25/03/2019)

Opération Masse Critique avec Babelio


Comme à chaque fois ce qui séduit d’emblée c’est le format (petit) et la qualité du papier. C’est une nouvelle qui malgré « sa petite taille » tient sa place entre vos mains quand vous démarrez la lecture. C’est à mon comparse blogueur que je dois de connaître la maison d’édition Malo Quirvane et les belles rencontres et découvertes qui en ont découlé.


De quoi est-il question dans cette nouvelle de Jérémie Gallois ?


"Aujourd’hui j’arrive à Saint Omer par le train ; c’est un choix. J’aime les fenêtres, les paysages défilant saccadés par les poteaux caténaires, les horizons sous effets doppler où l’on aperçoit une biche, une dame vêtue de blanc ou de la brume."


J’avais eu l’occasion d’écouter la lecture de quelques lignes lors de la soirée passée en compagnie d’Edith de Cornulier et de ses auteurs, à la librairie Chandeigne, Paris 5ème.

Le style, la poésie et sonorité des phrases m’avaient interpellée. C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’avais découvert que Babelio avait retenu ma candidature pour l’opération Masse Critique dans laquelle la nouvelle était proposée..


La nouvelle est à la première personne. Il s’agit d’un homme, à bord d’un train qui se rend à Saint Omer. Au bout de quelques lignes on se rend compte qu’il pénètre dans l’univers carcéral. Mais qui est-il ? Nouveau pensionnaire ? Simple visiteur ? J’ai aimé le mystère qu’a su distiller Jérémie Gallois, prenant plaisir à nous perdre, à nous mener le long des faux semblants. Le personnage découvre un nouvel arrivant, comment il est accueilli, le « protocole », ses affaires qui lui sont prises, bien rangées, étiquetées, en attendant sa sortie.. En laissant ses affaires c’est aussi un peu de lui qu’il abandonne..


Lui, notre personnage va de « quartier » en quartier, de bloc en bloc. Découvrant les lieux où s’entassent les détenus condamnés à des peines légères pour déboucher, enfin sur les quartiers de haute sécurité, ceux où les matons eux-mêmes disent qu’il est dur « d’y tenir ».. Les blocs et quartiers sont déshumanisés, jusqu’à leur nom réduits à de simples lettres ou chiffres (bloc A).. Dans ses déambulations il est serré de près par un homme, d’allure militaire, musclé et imposant. Garde du corps ? Maton ? Guide ? Figure martiale, impassible, il mène la visite à une allure soutenue, ne laissant aucun répit au « visiteur ».  Il connaît tout, se dirige dans le dédale des couloirs sans aucune hésitation..(bloc C Nord, quartier des mineurs..)


Jérémie nous brosse l’image d’un monde carcéral fruit d’une société qui enferme ses condamnés et les organise par « catégories » de dangerosité. Mais ces « cas », ces détenus, réduits à l’état de numéro n’en sont pas moins des êtres humains. Dès lors, il y a selon moi matière à réfléchir. Sur la justice, sur la façon de « traiter » ceux qui enfreignent les règles et se rendent coupable de fautes passibles de jugement. Sur ce monde uniquement minéral, désincarné. Et surtout sur ce que deviennent ces hommes, une fois ingérés par cet espace. Comment y évoluent-ils ? Comment en ressortent-ils ?

J’ai beaucoup aimé la « chute » que je vous laisse découvrir. J’avais quelques idées en tête, mais pas forcément celle-là. Bravo à l’auteur pour cette lecture très intéressante et inspirante, qui invite à réfléchir.


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