Bleu calypso, Charles Aubert : MGBooks


Bleu Calypso, 336 pages
Ed. Pocket
Selection "Prix nouvelles voix du polar" 
Prix de l'Évéché (prix du Jury) 2020

Ce roman est mon deuxième coup de coeur pour 2020 ! Il fait partie de la sélection "Prix nouvelles voix du polar". Qualifié de "polar doux" : Charles Aubert, l'auteur, nous avait expliqué avec beaucoup d'humour lors de la soirée polar (voir le post : Apero Polar GangPocket Fev2020 au 11Lque le qualificatif de "doux" ne s'appliquait pas à la façon dont les victimes mouraient dans son roman !

C'est cet humour que j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver tout au long du roman. Ainsi que la poésie des lieux et la description de l'atmosphère.  La couleur est annoncée, d'emblée, avec un très joli haïku (poème japonais) à chaque début de chapitre.

Je ne résiste pas à l'envie de vous citer une tirade du roman :  "J’étais plutôt satisfait de moi, même si en fin de compte cela revenait à essayer d'écoper les cales du Titanic avec une louche à punch". 
En lisant le roman, ces tirades bien senties m'ont fait penser à des dialogues de Michel Audiard. Mais l'humour n'est pas forcé, rien n'est "trop", l'alchimie du décor, des personnages et des dialogues est parfaite et l'équilibre très réussi.

Notre héros Niels a quitté les turpitudes d'une vie citadine qui ne lui convenait plus pour s'isoler dans cette partie de la France, proche de Montpellier. Vivant simplement, dans une cabane en bois, fabriquant des leurres pour la pêche, il est son propre patron et son labeur lui permet de subvenir à ses besoins. Il ne lui en faut pas plus. C'est du moins ce dont il est intimement convaincu. Jusqu'à ce que cette existence très simple soit complètement chamboulée par la découverte de plusieurs cadavres dans l'étang près de chez lui et par l'arrivée de la fille de son voisin (Lizzie), journaliste, aussi imprévisible et énergique que le diable de Tasmanie ! 
Niels qui aime vivre loin des médias et qui socialise peu, ne peut longtemps faire abstraction du nombre croissant de victimes que l'on retrouve mortes dans ce fameux étang.

Commence alors une course poursuite haletante.

Niels va devenir malgré lui enquêteur en herbe et c'est tous les deux, avec Lizzie, qu'ils vont se mettre en tête d'élucider ces meurtres. 

Lizzie au comportement assez effronté, aussi instable qu'un volcan menaçant d'entrer en éruption a l’art de mettre notre héros Niels dans tous ses états. Niels se laisse embrigader et se retrouve pris entre la vie paisible et retirée qu'il a choisie, tous les meurtres qui se déroulent autour de chez lui et Lizzie qui ne lui laisse aucun répit et l'entraîne dans son sillage sans se poser la question de savoir si cela est perturbant pour lui ou non. A chaque pas qu'ils font vers la solution, se rapprochant inexorablement de l'assassin (selon leur déduction), l'étau semble se resserrer autour d'eux et leur existence chaque fois un peu plus menacée. Parviendront-ils à mettre la main sur le tueur avant de se retrouver eux-même victimes ? Les enquêteurs officiels seront-ils assez réactifs pour intervenir à temps ?
L'existence de Niels va-t-elle être chamboulée à jamais par ces meurtres et cette enquête menée tambour battant ?


La nature tient une place prépondérante dans ce roman, elle constitue pour moi un personnage à part entière.
En tant que citadins prenant les transports tous les jours pour aller au travail il est très aisé de se mettre dans la peau de Niels et de comprendre pourquoi à un moment donné il en a eu assez et a décidé de tout lâcher pour se retirer dans un environnement plus calme. C'est un pur délice de se laisser aller et de suivre les descriptions des lieux fréquentés par Niels. On se laisse prendre par la main et emmener dans le monde "d'initiés" des pêcheurs et de leurs pérégrinations.
En voyant ce que vit Niels on ne peut s’empêcher de penser à la propre vie de Charles et de ce qu’il nous a raconté de sa décision de partir d’une métropole pour se mettre plus en contact et en adéquation avec la nature. Je gage qu'il a mis beaucoup de lui dans son roman. L'authenticité qui s'en dégage ne trompe pas. 
L'auteur nous livre un très beau premier roman, très abouti. Emprunt de poésie, où les thèmes et valeur de la famille, de l'amitié, de la confiance sont très importants.
C'est un hymne à la nature. Et au rôle que l'homme peut et doit jouer pour maintenir le bon équilibre des forces qui s'y affrontent.


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Charles Aubert reçoit le 21 septembre le Prix de l'évêché (Prix spécial du Jury) 2020

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