Vert Samba, Charles Aubert : Marina
Broché : 316 pages
Après Bleu Calypso et Rouge Tango, c'est avec un immense plaisir que je retrouve le personnage de Niels. Pour ceux qui le connaissent grâce aux deux romans pré-cités, vous savez qu'il s'est installé là, non loin de Montpellier pour fuir les turpitudes de la vie urbaine, goûter au calme et aux joies d'une vie saine, entouré par la nature et la beauté qu'elle recèle.
Comme
dans les précédents romans, son rêve de tranquillité va vite s'avérer n'être
qu'une chimère. En effet, le cadavre d'un ostréiculteur est retrouvé près
de l'étang proche de sa cabane et à proximité d'un ESAT (Etablissement et service d'aide
par le travail) depuis peu implanté dans le
secteur. Puis un second. Coïncidence plus que mystérieuse : les deux victimes
ont le même tatouage sur le bras. Il n'en fallait pas plus à nos
deux détectives en herbe, Niels et sa petite amie Lizzie pour se lancer dans
l'enquête. En compagnie de leur ami le capitaine Malkovitch, qui
a bien du mal à contenir leur enthousiasme et de Vieux Bob, père
de Lizzie, le duo de choc va tenter de percer à jour le mystère de cette sombre
affaire.
Dès les premières pages, tout à la joie de retrouver notre héros, nous comprenons que ce roman est différent, un peu à part des précédents. Il y a en effet cette enquête qui doit être bouclée, certes, mais au-delà de cela nous sentons plus que jamais la fragilité de Niels, son effritement. L'auteur nous livre un roman intimiste, dans lequel son héros semble sur le fil du rasoir, prêt à basculer dans le néant à chaque instant. Nous sentons s'opérer un virage dans la vie de Niels et de ses amis. Une sorte de vie d'avant et celle d'après.
Dès lors l'enquête
se déroule, le mystère s'épaissit et nous sommes pris sous les tirs
croisés du rythme trépidant de l'intrigue mais également de la
crainte qui nous étreint à chaque page un peu plus, de voir notre héros, en
proie à une tourmente intérieure, perdre pied. Il en est de même pour son
cercle proche que l'on sent ballotté par les
flots et louvoyer entre de nombreux écueils qui rendent les liens tissés entre
eux tendus à l'extrême.
La météo
suffocante se fait complice mais aussi l'écho des émotions ressenties au fil de
la lecture. Le lecteur est tendu à l'extrême, tous les sens
exacerbés, pressentant des événements dramatiques, de lourds
secrets bientôt dévoilés, et se préparant à encaisser le choc.
Charles Aubert nous tient dans son filet, à sa merci, dès les premières lignes. Il ôte nos oeillères, nous permettant tout à coup de percevoir au-delà des couleurs simples, primaires. Il fait danser devant nos yeux un magnifique kaléidoscope de teintes, des camaïeux de bleu, rouge, jaune incandescent et vert. Sous sa plume, les lieux s'animent, et la magie qui opére s'imprime sur notre rétine, en nous laissant pantois et sous le charme. La poésie qui s'invite à chaque page, souligné par un haïku en début de chapitre nous fait miroiter les lieux et les descriptions comme autant de petits soleils. Soudain, une cérémonie du thé devient un enchantement.
Mais son habilité ne se borne pas qu'à la description de la nature, il sait en effet comme nul autre nous décrire la complexité de l'état émotionnel de ses personnages pour lesquels il a un attachement sans borne.
Le thème de la différence, du regard de l'autre et du vivre ensemble est très important dans Vert Samba. Les personnages de Tao et Nathalie sont bouleversants dans ce qu'ils portent de pureté et d'innocence. Gardiens de la magie des choses et de la beauté qu'offre mère nature, ils voient ce qui nous est devenu invisible. En compagnie de Paddy, le père de Niels, ils offrent une vision en contrepoids du conventionnel, du figé.
Au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête, l'auteur nous invite à réfléchir également sur la notion de résilience, de justice et l'importance ou non du pardon. Mais aussi sur le temps qui passe et de l'impact qu'il a sur nos proches, que ce soit notre famille, ou l'être aimé.
En un mot, ce roman est un vrai coup de coeur pour moi, vous l'aurez compris !
Un autre opus est prévu, dont l'auteur, beau joueur, nous révèle le titre dans le texte (comme pour les précédents LOL). Je vous laisse le découvrir tout en croisant les doigts pour que l'attente ne soit pas trop longue car je suis déjà impatiente :)
Charles Aubert passe à "l'interrogatoire" de BePolar
- Bleu Calypso, sélection Nouvelles Voix du Polar, Pocket, 2020, Prix de l'évêché (prix spécial du jury), YvonS, MGBooks
- Apéro Polar #Gang Pocket, février 2020
- Soirée de remise du prix Nouvel Voix du Polar Pocket 2020 (sept 2020)
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